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Culture - Photomed

Le goût de Beyrouth, le mielleux du sexe...

À la galerie Station, deux travaux photographiques et quatre de vidéo habitent l'espace jusqu'au 10 février.

En entrant à la galerie Station, on ne peut s'empêcher d'avoir une pensée pour Leila Alaoui, victime des attentats de Ouagadougou, cette belle âme qui a toujours œuvré pour les marginalisés et ceux qui n'ont ou ne font plus rien, pour porter haut leur parole. On ne peut s'empêcher de griffonner un petit quelque chose sur le livre des hommages, alors que le portrait de la jeune fille, garni de fleurs et de bougies, veille sur cet espace qu'elle a cofondé et pour lequel elle s'est bien battue. On ne peut s'empêcher aussi de saluer les organisateurs qui continuent de rendre toutes formes d'hommages aux arts et à cette mer, essentiellement nôtre : ils n'ont pas reporté ou annulé les manifestations de Photomed, malgré la tragédie, arrivée juste avant le coup d'envoi de ce rendez-vous annuel, pour lequel Leila Alaoui a travaillé avec acharnement.

Plonger dans l'irréel/réel
Guillaume de Sardes, écrivain, photographe, vidéaste et actuellement directeur artistique de Photomed, parle du geste photographique comme un plongeon. Plongeons donc dans ces deux accrochages photographiques à la galerie Station ainsi que dans quatre travaux de vidéastes qui, à leur manière, ont un goût de Méditerranée.
Pour Randa Mirza, qui se considère plus « comme une artiste visuelle qu'une photographe, l'important c'est l'image qui est produite à la fin. Un photographe, par le choix de l'objectif ou du filtre, change également la réalité au moment d'appuyer sur le déclencheur. » C'est dans ce jeu de réalité et de virtuel que Randa Mirza explique son travail, Beirut Utopia. Afin de fustiger cette ville de rêves reproduite sur les affiches de promoteurs qui essayent de vendre le quotidien des Beyrouthins.
Rien ne prédestinait Karim Sakr à se lancer dans la photo et à obtenir le prix Photomed Beyrouth 2015. Ingénieur de profession, il est devenu photographe de rue, captant ainsi les impressions, les saveurs et les couleurs d'une ville étrange et singulière. De prime abord, d'aucuns diront que c'est du déjà-vu, mais les angles choisis, ainsi que le côté narratif et ludique rendent la photo de Sakr particulière.


(Lire aussi : Ode aux morts, aux saints, aux footballeurs... et aux paradis fiscaux miséreux)

 

N'est pas Pasolini qui veut...
Le travail d'Ange Luccia, vidéaste français né en Corse, s'inscrit dans le cadre d'une série consacrée aux Éléments. La mer en 1991 et Fumées en 1995 sont suivies en 2000 par Orage, où l'on voit dans un ciel sombre des éclairs lumineux qui strient l'espace.
Même formalisme pour la vidéaste italienne Beatrice Pediconi, qui va plus loin en représentant cette valse de fluides et de particules qui inondent un espace indéterminé jusqu'à la totale abstraction et l'hypnose.
Dans un registre totalement différent, Louidgi Beltrame, qui a fait des études à l'École supérieure d'art et de design, articule son travail de vidéo autour de l'architecture qui devient narration : fiction et documentaire s'entrelacent dans cette découverte parallèle de deux villes nouvelles, réalisées respectivement par Oscar Niemeyer (BrasÍlia/Brésil) et Le Corbusier (Chandigarh/Inde). Les modes d'organisation humaine sont présentées dans comme un road-trip poétique.
Poésie qu'on ne retrouve pas, malgré tous nos efforts, dans cette vidéo réalisée par la cinéaste Danièle Arbid, installée à Paris. Smell of sex (2008) raconte les différentes pérégrinations sexuelles de Libanais et de Libanaises. En format super8, ce qui confère bien sûr à l'image une certaine poésie, les confessions de jeunes gens et de jeunes filles s'étalent. Pour finir dans un magma mielleux : « Le sexe c'est bon, mais il vaut mieux le faire avec quelqu'un qu'on aime. » Il y a un peu de supercheries et d'entourloupes dans ce mélange d'images éthérées avec des dialogues creux et abscons ? N'est pas Jean Genêt et Pier Pasolini qui veut.

 

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