Beyrouth affirme sa solidarité avec l’Arabie tout en réitérant sa politique de distanciation

Les pays de la Ligue arabe ont exprimé dimanche leur « solidarité totale » avec l'Arabie saoudite face aux « actes hostiles et provocations de l'Iran », au moment où une crise diplomatique oppose les deux puissances régionales. L'organisation panarabe a notamment condamné « les déclarations iraniennes hostiles » qui ont suivi l'exécution début janvier en Arabie saoudite d'un dignitaire religieux chiite, Nimr el-Nimr, dans un communiqué des chefs de la diplomatie des pays de la Ligue arabe réunis au Caire, adopté à l'unanimité à l'exception du Liban. Dans son allocution à la réunion, le chef de la diplomatie libanaise Gebran Bassil a affirmé que le Liban « prend ses distances avec cette crise afin de préserver sa stabilité nationale ». Il a par ailleurs indiqué que Beyrouth « n'appuie pas la déclaration finale de la réunion car elle lie le Hezbollah au terrorisme », soulignant avoir demandé « le retrait de cette mention du texte final ».
Concernant les agressions dont ont été l'objet les représentations diplomatique et consulaire saoudiennes en Iran, Gebran Bassil a lu le texte officiel du Liban qui affirme la solidarité avec l'Arabie saoudite, tout en précisant que « dans le même temps, le Liban n'interfère dans les affaires intérieures d'aucun pays ». M. Bassil a dans ce sens souligné l'attachement du gouvernement libanais aux chartes et accords internationaux, notamment les Conventions de Vienne relatives aux relations diplomatiques et consulaires. Il a affirmé que « le Liban condamne les attaques contre l'ambassade et le consulat saoudiens, mais ne s'ingère pas dans les affaires internes des pays, conformément au pacte de la Ligue des pays arabes et au principe de la souveraineté des États ». Il a rappelé à cette occasion que le Liban ne souhaite pas que d'autres pays interfèrent dans ses affaires, estimant que « c'est aux pays concernés de prendre des positions et d'agir selon leurs considérations propres ».
M. Bassil a également mis l'accent sur « la priorité que constituent la lutte contre le terrorisme et la réduction des tensions – notamment la tension sunnito-chiite ». Il a vu dans ces efforts « la préservation de l'intérêt national, arabe, musulman et chrétien face aux dangers que représentent Israël et le groupe État islamique ». Il a enfin rappelé la politique gouvernementale du pays « consistant à dynamiser le dialogue et résoudre les conflits par les moyens diplomatiques plutôt que par la violence et les incitations confessionnelles, et ce afin d'éviter les dissensions et d'épargner à la région de tels clivages ».

La position isolée de Bassil