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À La Une - diplomatie

Crise Iran-Arabie saoudite : Washington en porte-à-faux

Quelle peut être la marge de manœuvre de l'Amérique pour apaiser les tensions entre les deux géants régionaux ? "Le niveau d'influence des États-Unis est limité", s'alarme un expert.

Des partisans du dignitaire chiite Moqtada al-Sadr brûlent les drapeaux des États-Unis, du Royaume Uni et d'Israël lors d'une manifestation contre l'exécution du cheikh Nimr al-Nimr, à Bagdad, le 4 janvier 2016. Reuters/Thaier Al-Sudani

Les États-Unis se retrouvent en porte-à-faux dans la crise entre l'Iran et l'Arabie saoudite, conséquence de la politique américaine risquée de rapprochement avec Téhéran à la faveur de l'accord nucléaire qui a profondément irrité l'allié saoudien.

Signe du grand embarras de Washington devant cette brusque escalade aux effets imprévisibles entre les deux puissances rivales au Moyen-Orient, le secrétaire d’État John Kerry a, dans des conversations téléphoniques lundi, appelé ses homologues Iranien Mohammad Javad Zarif et saoudien Adel al-Jubeir à réduire les tensions, a confié à l'AFP un diplomate américain. Interrogé sur la profondeur des "divisions" entre Riyad et Téhéran, le porte-parole du département d’État John Kirby s'est borné à répondre que les États-Unis "espéraient qu'elles ne soient pas irréparables".

C'est pourtant peine perdue, tacle l'ambassadeur américain à la retraite Alberto Fernandez, vice-président du Middle East Media Research Institute. Pour cet ancien diplomate, ce nouvel accès de fièvre entre la République islamique Iranienne chiite et le royaume saoudien sunnite, qui se disputent depuis des décennies le leadership régional, prouve que "ceux qui disaient que l'on ne pouvait pas séparer l'accord nucléaire des autres activités (déstabilisatrices) de l'Iran dans la région avaient raison". En clair, décrypte M. Fernandez auprès de l'AFP, il y a comme un "vice de forme" dans le changement majeur qu'a opéré l'administration de Barack Obama au Moyen-Orient en se rapprochant de facto de Téhéran et en provoquant du même coup la colère de Riyad. "Comment peut-on réchauffer les liens avec l'Iran sans agacer son allié" saoudien, critique l'expert.


(Repère : L'histoire troublée des relations entre Riyad et Téhéran)

 

L'accord historique sur le programme nucléaire Iranien, scellé le 14 juillet à Vienne entre les grandes puissances et Téhéran, doit garantir que l'Iran ne se dote pas de la bombe atomique en échange d'une levée des sanctions internationales. Tout en se défendant d'avoir amorcé sa réconciliation avec la bête noire Iranienne, avec qui les relations diplomatiques sont rompues depuis 1980, Washington caresse toutefois l'espoir d'un rééquilibrage au Moyen-Orient qui pourrait mettre fin aux guerres régionales, au premier rang desquelles celle qui ravage la Syrie.

Riyad et Téhéran s'affrontent par conflits interposés en Syrie, en Irak, au Liban ou encore au Yémen.
Et cette rivalité historique est montée d'un cran ce week-end, l'Arabie saoudite et ses alliés rompant ou réduisant leurs relations diplomatiques avec Téhéran après une crise déclenchée par l'exécution d'un dignitaire chiite.

 

(Lire aussi : Présidentielle : l’attaque de Nasrallah contre Riyad étouffe les espoirs d’un déblocage, l’éclairage de Philippe Abi-Akl)

 

"Politique de borgne"
Pour Salman Shaikh, président du centre de recherches Shaikh Group, cette nouvelle crise est le résultat de "la politique de borgne" des États-Unis dans la région, obnubilés par l'accord sur le nucléaire en faisant fi du rôle jugé néfaste de l'Iran: notamment par ses appuis au président syrien de Bachar el-Assad et au Hezbollah que les Occidentaux considèrent comme une organisation "terroriste".

Des accusations balayées par la diplomatie américaine. "Personne ne ferme les yeux sur la capacité du régime de Téhéran à mener des activités déstabilisatrices dans la région", a protesté son porte-parole John Kirby. Il a réaffirmé que Washington "considérait toujours l'Iran comme un État mécène du terrorisme", figurant sur une liste noire américaine aux côtés de la Syrie et du Soudan. Quelle peut être alors la marge de manœuvre de l'Amérique pour apaiser les tensions entre les deux géants régionaux ? "Le niveau d'influence des États-Unis est limité", s'alarme Salman Shaikh.

De fait, sur l'Iran, le seul canal de communication officiel passe par les bonnes relations que les ministres Kerry et Zarif ont nouées depuis 2013 lors des négociations sur le nucléaire. Quant à l'Arabie saoudite, si proche historiquement du parrain américain, il est de notoriété publique que les moyens de pression de Washington sont réduits.
Afin de calmer Riyad ulcérée par la politique américaine à l'égard de l'Iran et de la Syrie, Washington a multiplié les initiatives depuis 2013, proposant l'été dernier de renforcer les relations de défense et d'accroître les ventes d'armes avec les pays du Golfe. Mais rien n'y a fait, déplore l'ambassadeur Fernandez: "Les États-Unis n'en ont pas fait assez et ne pouvaient pas en faire assez pour contrebalancer la rivalité" entre l'Iran et l'Arabie saoudite.

 

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commentaires (3)

L'Iran attaque maintenant car elle réalise que si le changement et le changement dans les pays arabes est entrain de se fsire (pas comme le veut l'Iran akeed), elle ne pourra plus compter sur certains peuples arabes acquises à sa cause ou à son hégémonie !!

Bery tus

21 h 33, le 05 janvier 2016

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Commentaires (3)

  • L'Iran attaque maintenant car elle réalise que si le changement et le changement dans les pays arabes est entrain de se fsire (pas comme le veut l'Iran akeed), elle ne pourra plus compter sur certains peuples arabes acquises à sa cause ou à son hégémonie !!

    Bery tus

    21 h 33, le 05 janvier 2016

  • LA REGION ENTRE DANS DES ESCALADES CHIITO/SUNNITES HYPER DANGEREUSES ATTISEES PAR LA HAINE SECULAIRE QUE SE PORTENT LES DEUX FACES DE LA MEME MONNAIE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 35, le 05 janvier 2016

  • Ce que je ne comprends toujours pas ce sont les réactions des gens de la région. L'Arabie exécute, l'Iran massacre, l'EI décapitent et ce sont les drapeaux US, Français, GB, etc... que l'on brûle au nom de n'importe quel Islam ou cause qui n'est même pas la leur. Apres ils veulent nous convaincre que l'Islam est tolérant? Que les Chiites sont moins fana que les Sunnites? que...? que...? Que croire? ILS doivent se poser la question et se doivent de nous donner une réponse...

    Pierre Hadjigeorgiou

    17 h 43, le 05 janvier 2016

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