La Russie et la branche syrienne d'el-Qaëda ont critiqué samedi la conférence de Riyad où l'opposition syrienne a accepté de négocier avec le régime dans l'espoir de mettre fin à la guerre meurtrière en Syrie. Ces critiques interviennent quelques jours avant une rencontre prévue mardi à Moscou, selon Washington, entre le secrétaire d'État américain John Kerry et le président russe Vladimir Poutine pour évoquer la crise syrienne et la lutte contre le groupe jihadiste État islamique (EI).
Sur le front, un attentat à la voiture piégée revendiqué par l'EI a fait 16 morts dans la ville de Homs (centre), dans un quartier favorable au président Bachar el-Assad, selon le gouverneur de la province de Homs et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "L'explosion était terrifiante et a créé un énorme cratère. Des parties de corps gisaient par terre et les gens couraient dans tous les sens", a témoigné une habitante de 28 ans qui se trouvait près du lieu de l'attentat, dans le quartier de Zahra (est).
En début de semaine, des centaines de rebelles avaient quitté Waer (nord), dernier quartier qu'ils contrôlaient à Homs, en vertu d'un rare accord de cessez-le-feu supervisé par l'Onu, ouvrant ainsi la voie à une reprise totale de cette grande ville par le régime de Bachar el-Assad. Une grande partie de la province de Homs reste cependant toujours sous le contrôle des insurgés, notamment du Front al-Nosra (branche syrienne d'el-Qaëda) dans le nord et du groupe État islamique (EI) dans l'est, dont la célèbre ville antique de Palmyre.
(Lire aussi : De la difficulté d'unifier les oppositions syriennes)
'Trahison'
Samedi, le chef du Front al-Nosra, Abou Mohammad al-Joulani, a condamné de manière virulente la décision d'une partie de l'opposition syrienne d'accepter des négociations avec le régime en vue de trouver une issue à la guerre.
Réunis ensemble à Riyad pour la première fois depuis le début du conflit, les principaux groupes de l'opposition syrienne, politique et armée, ont toutefois exigé le départ du chef de l'État syrien avec le début d'une éventuelle période de transition. "Il faut faire échouer de telles conférences et rencontres", a déclaré le chef du groupe jihadiste, interrogé par la télévision d'opposition syrienne Orient News, qualifiant de "trahison envers ceux qui ont versé leur sang pour la Syrie" la présence des rebelles à Riyad.
L'EI et le Front al-Nosra n'avaient pas été invités à la réunion. Al-Nosra, plus important groupe jihadiste en Syrie, est allié avec des groupes rebelles notamment dans les provinces septentrionales d'Alep et d'Idleb. "La plupart des (représentants) rebelles qui ont été invités à Riyad n'ont pas de contrôle sur leurs combattants. Même s'ils ont donné leur accord, je ne pense pas qu'ils ont le pouvoir de l'appliquer sur le terrain", a estimé le chef jihadiste. Il a accusé la communauté internationale de s'être rangée "du côté du régime" depuis la conférence de Vienne, qui avait ouvert la voie à un possible processus de sortie de crise.
Adversaire d'al-Nosra contre qui elle a mené des frappes aériennes, la Russie, alliée du président Assad, a elle aussi critiqué samedi la conférence de Riyad. "Nous ne pouvons pas accepter la tentative de ce groupe réuni à Riyad de s'approprier le droit de parler au nom de toute l'opposition syrienne", a affirmé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
La Russie et les États-Unis s'opposent sur le sort à réserver au président syrien mais sont les principaux instigateurs d'un processus diplomatique visant à mettre fin à la guerre, dans le cadre du Groupe international de soutien à la Syrie. Ce groupe doit se retrouver à New York le 18 décembre sous les auspices de l'Onu, avec l'objectif de faire avancer la perspective d'un cessez-le-feu négocié.
Depuis 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 250.000 morts et poussé à l'exode des millions de personnes.
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commentaires (7)
Une association mesquine (Russie + an-nosra) bouffie de tout son sens. C'est bien triste!
Ali Farhat
14 h 38, le 13 décembre 2015