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Moyen Orient et Monde - Reportage

« Il a licencié 18 employés arabes parce qu’il avait peur que l’un d’eux ne le poignarde »

Des ouvriers installant un détecteur de métaux dans une rue de Jérusalem, sous le regard attentif des forces de sécurité israéliennes. Gali Tibbon/AFP

Un restaurateur de Tel-Aviv a beau offrir un rabais aux clients juifs et arabes qui s'assoient ensemble pour déguster son houmous, la vague d'attentats anti-israéliens menace les interactions les plus familières entre eux.
Les initiatives comme celle du restaurateur juif Kobi Tzafrir sont une façon de résister à la peur et à la suspicion, mais elles semblent dérisoires face aux manifestations de défiance et d'animosité depuis que s'enchaînent les attaques au couteau contre des Israéliens. La mort de trois Israéliens dans deux attaques à l'arme à feu ces dernières semaines n'a fait qu'augmenter les soupçons. Lundi, un Arabe israélien, qui fait partie d'une communauté (17,5 % de la population) très largement solidaire des Palestiniens des territoires occupés, a ouvert le feu dans une gare routière du sud d'Israël. Pris par erreur pour un assaillant, un Érythréen a été blessé par balles. Gisant au sol, il a été brutalisé par une foule en colère et déclaré mort à l'hôpital.
Les autorités ont longtemps cherché à affirmer la diversité de la société israélienne, mais, pour les commentateurs, avec les violences actuelles, l'idéal d'harmonie sociale semble de plus en plus une fiction. Les Israéliens surveillent leurs alentours dans la crainte d'un acte venu de nulle part, au couteau, à l'arme à feu, à la voiture-bélier. Ils s'arment de plus en plus. De leur côté, les Arabes israéliens et les Palestiniens se méfient de l'hyperréactivité des policiers et des risques de lynchage par une foule criant vengeance et « Mort aux Arabes », comme cela a été le cas après certains attentats.

« Ça rassure ma mère »
Hossam, un étudiant palestinien de Jérusalem-Est, partie palestinienne occupée et annexée par Israël, s'adapte: marcher la main dans la poche de son jean peut être dangereux, dit-il, parce que « pour eux (les Israéliens), ça veut dire que j'ai une arme ». Pour aller travailler dans un restaurant de Jérusalem-Ouest, il préfère désormais prendre le taxi : « Ça rassure ma mère », dit-il. Dana, une mère juive de 44 ans qui refuse de dévoiler son nom, dit avoir peur de sortir pour acheter un sandwich. « Comment un gamin de 13 ans peut-il en poignarder un autre du même âge ? » demande-t-elle, choquée par un attentat palestinien commis le 12 octobre à Jérusalem. Son mari est entrepreneur en bâtiment, « il a licencié 18 employés (arabes) et n'en a gardé que deux parce qu'il avait peur que l'un d'eux ne le poignarde. Il les a remplacés par des juifs, ça va lui coûter au moins deux fois plus cher, mais au moins il se sentira en sécurité ».
La municipalité de Tel-Aviv, pourtant très libérale, a interdit l'accès des écoles aux employés de nettoyage pendant les heures de classe par peur des attentats. Or, la majorité de ce personnel est arabe. D'autres villes ont fait de même. À Jaffa, quartier mixte et habituellement animé du sud de Tel-Aviv, les commerçants arabes ont perdu le sourire : dans leur magasin désert, certains disent qu'ils sont victimes d'un boycott non officiel de la part de leurs habituels clients israéliens.

Raidissement des attitudes
Contre ce mouvement qui menace de ramener Israéliens, Juifs et Arabes, des années en arrière, certains tentent de préserver un sens de la coexistence.
Mais ils vont à l'encontre d'une tendance profonde au raidissement des attitudes, en particulier chez les Arabes, dit Sammy Smooha, professeur arabe israélien de sociologie à l'Université de Haïfa et auteur d'une étude sur les relations entre Arabes et Juifs. Le pourcentage des Arabes qui ne sont pas prêts à avoir un Juif pour ami a presque doublé entre 2003 et 2012 pour atteindre 28 %, selon M. Smooha. Ce phénomène est observé aussi chez les Juifs, mais dans une moindre mesure, dit-il. « Ces deux dernières années, il s'est passé beaucoup de choses, comme la guerre à Gaza (à l'été 2014), qui ont probablement conforté les Arabes dans ce durcissement » perceptible depuis déjà une dizaine d'années, explique M. Smooha.
Le week-end dernier d'ailleurs, des militants de gauche avaient appelé à une manifestation à Jérusalem qui se voulait importante, sous le slogan « Juifs et Arabes refusent d'être ennemis ». Seulement 2 000 personnes se sont rassemblées. Et elles ont essuyé les invectives d'un petit groupe de juifs orthodoxes qui les qualifiaient de « traîtres ».
Daphne ROUSSEAU, Majeda EL-BATSH/AFP

Un restaurateur de Tel-Aviv a beau offrir un rabais aux clients juifs et arabes qui s'assoient ensemble pour déguster son houmous, la vague d'attentats anti-israéliens menace les interactions les plus familières entre eux.Les initiatives comme celle du restaurateur juif Kobi Tzafrir sont une façon de résister à la peur et à la suspicion, mais elles semblent dérisoires face aux...

commentaires (3)

OU QUAND L'ABRUTISSEMENT DES UNS EST CONFRONTÉ À L'HÉBÉTUDE DES AUTRES...

JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

15 h 00, le 24 octobre 2015

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Commentaires (3)

  • OU QUAND L'ABRUTISSEMENT DES UNS EST CONFRONTÉ À L'HÉBÉTUDE DES AUTRES...

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    15 h 00, le 24 octobre 2015

  • C'est bien triste!!!

    NAUFAL SORAYA

    08 h 33, le 24 octobre 2015

  • Mais c'est évident ! Quelles conséquences peut-il y avoir d'un gouvernement d'Apartheid, raciste et fascisto-nazi comme celui de Netanyahu, sinon méfiance et haine entre juifs et Arabes ?

    Halim Abou Chacra

    05 h 03, le 24 octobre 2015

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