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Liban - Environnement

« Pour une solution durable, remplacez les décharges par des centres de tri ! »

La Coalition civile contre le plan gouvernemental de gestion des déchets critique le plan Chehayeb, émettant des doutes sur l'enchaînement de ses différentes phases.

Une pelleteuse remplissant un camion de déchets à Dora. Photo Nasser Traboulsi

Face aux retards interminables dans la mise en application du plan de sortie de crise préparé par la commission d'experts présidée par le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb, et alors que les dernières informations faisaient état hier de difficultés à trancher la question du site de décharge dans la Békaa, la Coalition civile contre le plan gouvernemental de gestion des déchets a publié hier un communiqué dans lequel elle critique les idées qui sous-tendent le plan. La formation propose d'adopter l'idée des centres de tri, avec traitement complémentaire, au lieu de centrer tous les efforts sur les sites de décharge. Une proposition qui, selon la coalition, peut être mise en œuvre rapidement par l'agrandissement des usines de tri de La Quarantaine et de Amroussieh pour les déchets de Beyrouth et du Mont-Liban, suivi d' « un traitement naturel des matières organiques dans des surfaces ouvertes et disponibles » en certaines régions.

L'enfouissement, selon la coalition, deviendrait alors la solution complémentaire pour une minorité de déchets inertes et pourrait être effectué dans des carrières désaffectées, par exemple, ou dans la décharge de Bsalim, conçue pour ce type de produits. « Il n'y aura plus aucun besoin d'envoyer des déchets au Akkar ou dans la Békaa », souligne le communiqué.
Le texte met l'accent sur ce qu'il considère comme les failles du plan Chehayeb conçu, rappelons-le, en trois phases : la première, urgente, pour la collecte des déchets amoncelés (vers la décharge de Naamé), la deuxième, transitoire, fondée sur deux décharges au Akkar et dans la Békaa, et une troisième, durable, qui rendrait tout ce dossier aux municipalités.


(Lire aussi : Le règlement du dossier des déchets, entre l'espoir et la résignation)


« L'approche annoncée par le gouvernement est erronée », lit-on dans le communiqué. Comment passer d'une phase transitoire fondée exclusivement sur des décharges centrales à une phase durable qui ne comportera ni enfouissement ni incinération, comme le relate le plan Chehayeb ? » poursuit le texte. Les membres de la coalition craignent que le délai de fonctionnement des décharges ne soit inévitablement repoussé, au vu de la manière dont la phase transitoire est conçue, et que l'objectif non déclaré ne soit un recours indéfini à l'enfouissement ou une transition vers des incinérateurs centraux. « Peut-être que les membres de la commission ont oublié, ou feint d'oublier, que l'incinération est une option totalement refusée » par la société civile, poursuit le texte.

À propos de la mise en place des différentes phases du plan, la coalition se demande pourquoi on ne sépare pas une fois pour toutes la phase très urgente (celle de collecte les déchets empilés depuis trois mois) des autres phases, « sachant que l'assentiment des autorités locales et des habitants de Naamé et des environs permet d'envoyer ces déchets à la décharge de cette région et évitera l'utilisation de cette affaire comme une carte de pression qui n'est utile pour personne ».

 

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La coalition soutient que le développement de centres de tri est plus facilement acceptable, sachant que « les déchets doivent être considérés comme propriété publique. Leur gestion doit donc respecter les opinions de l'ensemble des citoyens ». L'option des usines de tri aide à régler un autre problème, social celui-là : la hausse du chômage. En effet, le tri nécessite une main-d'œuvre, il pourvoit l'agriculture en engrais et l'industrie en matières à recycler, et il contribue à réhabiliter des sites dégradés.

Pour ce qui est du transport de déchets, la coalition propose « de ne plus avoir recours à la société Sukleen, mais à certains opérateurs qui avaient remporté l'appel d'offres (annoncé puis annulé en août dernier) et dont les prix (pour le transport) étaient de moitié moins chers que ceux de l'ancienne compagnie », selon le texte. Tout comme la coalition refuse le recours à certaines institutions « ayant prouvé leur échec dans ce dossier par le passé, comme le Conseil du développement et de la reconstruction ».

La coalition rappelle enfin que « la chaîne de montagnes de l'Anti-Liban, de par sa nature géologique, de par ses ressources naturelles ainsi que de par sa situation sécuritaire, ne peut être considérée pour des infrastructures tels que des décharges ou des barrages ». Ni le site de Srar au Akkar, selon elle. « Il faudrait un plan d'urgence pour trouver des financements en vue de réhabiliter tous ces sites et y créer des centres temporaires de tri », conclut le document.

 

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CE SERAIT LA MOITIÉ DU TRAVAIL... ET APRÈS ?

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 36, le 20 octobre 2015

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Commentaires (2)

  • CE SERAIT LA MOITIÉ DU TRAVAIL... ET APRÈS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 36, le 20 octobre 2015

  • Dans combien de pays civilisés et modernes les autorités concernées restent-elles plus de 3 mois...oui...trois mois! à se chamailler, à changer de "plans" pour résoudre un simple problème de traitement de déchets ménagers ? Mais chez nous, le Liban, minuscule pays de 10'452km2 et que l'on pouvait nommer jadis: la Suisse du Moyen-Orient ! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 59, le 20 octobre 2015

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