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Nos Lecteurs ont la Parole - Marie-Claude HÉLOU SAADÉ

Pourquoi il faut soutenir Tammam Salam

Depuis quelque temps, nous sommes sollicités au quotidien par des slogans visant à faire « chuter le régime » au Liban, une éventualité qui, si elle devait se produire, plongerait le pays dans un chaos sans précédent, la nature ayant horreur du vide. Il ne fait aucun doute que notre Constitution est lacunaire et? par certains aspects? largement dépassée et mérite par conséquent une profonde révision. Mais cela ne justifie pas pour autant que l'on prône un renversement total des structures étatiques menant au vide institutionnel. D'ailleurs, il n'est pas inutile de rappeler que notre problème au Liban réside d'avantage dans la non-application des lois et règlements que dans l'élaboration de nouveaux textes.
Le 29 mai 1958, le président de la République française, René Coty, constatant l'impuissance de la IVe République à dominer l'insurrection algérienne, fit appel au général de Gaulle afin qu'il entreprenne la réforme des institutions, préalable indispensable au règlement du conflit algérien. Le général de Gaulle donna alors une nouvelle Constitution à la France. 80 % des Français l'approuvèrent lors du référendum du 28 septembre 1958? et la Ve République vit le jour.
L'occupation américaine du Japon, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, entraîna quant à elle une série de réformes, en particulier l'adoption d'une Constitution sur le modèle des démocraties occidentales. Cette Constitution, entrée en vigueur le 3 mai 1947, fut en partie inspirée par le travail de Douglas MacArthur, alors commandant suprême des forces d'occupation alliées au Japon.
Ces deux exemples confirment que ce dont nous avons le plus besoin dans notre pays, régulièrement secoué par des convulsions insupportables, c'est d'une réforme constitutionnelle mûrement réfléchie, et non d'une « chute du régime » qui nous jetterait dans l'inconnu. Qu'attendons-nous pour la mener ? A-t-on besoin d'une nouvelle occupation de notre territoire, ou d'une sous-traitance de la rédaction de notre Constitution à une puissance étrangère ou à un Douglas MacArthur pour qu'enfin elle naisse ?
Le Liban n'est pas comparable aux régimes arabes dictatoriaux dans lesquels les populations avaient besoin d'un « printemps » pour se débarrasser de leurs tyrans. Nous avons un régime démocratique, qui certes est loin d'être idéal, mais qui nous permet quand même de choisir nos représentants lors des élections parlementaires. Nous n'avons donc pas besoin de nous contorsionner pour faire « chuter le régime ». La classe dirigeante, aujourd'hui conspuée pour la corruption et l'incompétence de la grande majorité de ses membres, n'a jamais été une surprise pour nous. Elle a été, après tout, régulièrement intronisée par ce même peuple qui aujourd'hui la désavoue avec autant d'ardeur. Concentrons-nous donc sur nos objectifs, et plutôt que de nous lancer dans des aventures insurrectionnelles dangereuses et stériles, votons, le moment venu, pour celles et ceux capables de nous réserver un avenir meilleur.
Il faut reconnaître que le chef du gouvernement, Tammam Salam, est doublement menotté : par un système confessionnel qui rend le pays ingouvernable et par une Loi fondamentale moyenâgeuse. Mais il aura eu, au moins devant l'histoire, le crédit d'avoir tenu ferme face aux ruées et tempêtes de toute nature. Il pourrait être un dernier rempart. Soutenons-le !

Marie-Claude HÉLOU SAADÉ
Présidente de l'Association libanaise pour le développement local et de Save 961

Depuis quelque temps, nous sommes sollicités au quotidien par des slogans visant à faire « chuter le régime » au Liban, une éventualité qui, si elle devait se produire, plongerait le pays dans un chaos sans précédent, la nature ayant horreur du vide. Il ne fait aucun doute que notre Constitution est lacunaire et? par certains aspects? largement dépassée et mérite par conséquent une...

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