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Liban - #LaRépubliquePoubelle / Échauffourées

Samedi, les manifestants ont été réprimés dans la violence

Des accrochages entre les protestataires et les forces de l'ordre ont fait plus de 16 blessés, selon la Croix-Rouge libanaise ; les FSI ont fait état de 35 blessés dans leurs rangs.

Les manifestants, samedi, devant le Grand Sérail. Anwar Amro/AFP

Les forces de l'ordre libanaises ont réprimé samedi soir dans la violence une manifestation de plusieurs milliers de citoyens dans le centre-ville de Beyrouth, sur fond de crise des déchets qui dure depuis plus d'un mois. La manifestation, qui a commencé à 17 heures sur la place Riad el-Solh, avait été initiée à l'appel de la campagne citoyenne « Vous puez ! ». Samedi en soirée, le claquement des tirs des forces de l'ordre résonnait dans la capitale. Les heurts ont fait plusieurs blessés.
Les manifestants dénonçaient l'inaction du gouvernement face à la crise des déchets. La semaine dernière, une autre manifestation organisée par la campagne « Vous puez ! » avait également été réprimée et plusieurs personnes avaient été arrêtées par les forces de l'ordre.
« Nous sommes déjà plus de 6 000 personnes », ont écrit les organisateurs sur leur page Facebook quelques minutes après le début de la manifestation samedi dans l'après-midi. Toutes les routes menant vers le lieu de la manifestation ont été coupées par les forces de l'ordre, a de son côté indiqué la chambre de contrôle du trafic routier.
Les manifestants, exaspérés par la crise des déchets qui a débuté avec la fermeture, le 17 juillet, de la décharge de Naamé, ont brandi des pancartes et bannières appelant le gouvernement, qu'ils accusent de corruption, à démissionner. Des photos des militaires libanais, otages des jhadistes depuis août 2014 dans le jurd de Ersal, ont également été brandies lors du rassemblement pacifique.
Plus d'une heure après le début du rassemblement, des accrochages ont opposé les forces de l'ordre à certains manifestants qui ont essayé de forcer les barrages établis par les FSI dans le périmètre du siège du Parlement et du Sérail. Les forces de l'ordre ont alors eu recours aux jets d'eau afin de disperser les manifestants. Un peu plus tard, les forces de l'ordre ont eu recours aux gaz lacrymogènes. Plusieurs cas d'asphyxie ont été enregistrés, selon des témoins sur place. Un peu plus tard, ce sont des coups de feu qui étaient tirés pour disperser les manifestants.
« Il y a 16 blessés dans les rangs des manifestants et des forces de sécurité », qui ont été transférés dans les hôpitaux, a affirmé à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, un responsable de la Croix-Rouge libanaise, sans être en mesure de préciser le type de blessures. Dans un communiqué, les Forces de sécurité intérieure (police) ont fait état de 35 blessés dans leurs rangs sans préciser la gravité des blessures. Elles ont également affirmé qu'il y avait eu des « blessés parmi les manifestants ». Le communiqué indique que les incidents ont débuté lorsque des manifestants ont tenté de pénétrer de force dans le périmètre de sécurité mis en place dans le secteur du Parlement.
Dans la soirée, le ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, qui se trouve hors du pays, a demandé aux forces de police de cesser immédiatement les tirs et annoncé à la télévision que ceux qui avaient tiré sur les manifestants seraient poursuivis. Il a également promis aux manifestants que la crise des déchets sera réglée lors de la session du Conseil des ministres jeudi prochain.
Vers 22 heures, les échauffourées ont repris entre les forces de l'ordre et les manifestants devant le Sérail. La campagne citoyenne « Vous puez ! » a accusé le Premier ministre Tammam Salam et le président du Parlement Nabih Berry d'avoir « donné l'ordre de réprimer la manifestation ». « Nous appelons Berry et Salam à démissionner », a dit Assad Thebiane, l'un des porte-parole de la campagne.
Les accrochages ont cessé en fin de soirée, mais quelques centaines de manifestants sont restés à la place des Martyrs, dans le centre-ville, l'un des organisateurs affirmant qu'ils ne la quitteraient pas avant la libération de cinq manifestants arrêtés selon lui par les forces de l'ordre. Tard en soirée, les FSI ont indiqué que toutes les personnes appréhendées ont été libérées.

Dénonciation de la répression
Plusieurs personnalités, dont des ministres, députés et anciens ministres de tous les courants, se sont solidarisées avec les manifestants contre la répression dont ils ont fait l'objet.
Le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, a dénoncé samedi soir la répression de la manifestation, affirmant que la violence utilisée contre les protestataires pacifiques est « inacceptable ». « Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à cette situation », a-t-il dit, appelant le gouvernement à cesser la répression.
Le leader du PSP Walid Joumblatt a affirmé de son côté que « les forces du 8 Mars tentent d'entraver ce mouvement (de protestation) en le politisant, en lançant durant la manifestation des slogans politiques ». Quelque temps auparavant, M. Joumblatt s'était pourtant solidarisé avec les manifestants et avait appelé ses partisans à les rejoindre, avant de les retirer de la rue.
Le ministre de l'Éducation Élias Bou Saab a condamné la répression, soulignant que cette journée était une « journée noire dans l'histoire du Liban. La force utilisée contre les manifestants est plus grande que celle utilisée contre les membres de l'État islamique et du Front al-Nosra », a-t-il affirmé, précisant qu'il n'était plus solidaire du gouvernement, mais qu'il n'y avait aucun intérêt à démissionner. Dans une tentative de se solidariser avec les manifestants en soirée devant le Sérail, il a été hué et appelé à quitter les lieux par certains d'entre eux. Pour sa part, le député membre du Courant patriotique libre (CPL) Nabil Nicolas a affirmé qu'il « suspendait ses fonctions au sein du Parlement » en signe de protestation contre la répression de la manifestation, provoquant une série de réactions désopilantes à son encontre sur les réseaux sociaux.
Tard en soirée, des manifestants ont installé des tentes à la place Riad el-Solh en vue de l'organisation d'un sit-in ouvert.

Les forces de l'ordre libanaises ont réprimé samedi soir dans la violence une manifestation de plusieurs milliers de citoyens dans le centre-ville de Beyrouth, sur fond de crise des déchets qui dure depuis plus d'un mois. La manifestation, qui a commencé à 17 heures sur la place Riad el-Solh, avait été initiée à l'appel de la campagne citoyenne « Vous puez ! ». Samedi en soirée, le...

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