Droit de mémoire

Étant de passage au Liban et résidant au Canada, je voudrais corriger certaines erreurs flagrantes concernant les cérémonies de commémoration des 70 ans de la MEA et du grand tapage médiatique ayant accompagné cet événement en imputant la réussite de la MEA à MM. Mohammad el-Hout et Riad Salamé.
Comme j'ai fait carrière dans l'aviation depuis mon premier emploi à l'Air Liban puis à la MEA à la suite de la fusion des deux compagnies, je souhaiterais apporter certaines précisions à vos lecteurs qui ignorent l'historique de cette compagnie :
1) La première compagnie d'aviation libanaise est la CGDT (et non la MEA) devenue ensuite Air Liban qui a été fondée avant la MEA par des hommes d'affaires libanais (Michel et Georges Khattar, Bassil Meguerdiche, Nagib Salha, Hajj Hussein Oueini, Georges Karam) en association avec Air France.
2) À la suite de la fusion de la MEA avec Air Liban, la MEA a « hérité » de toutes les lignes de Air Liban, à savoir les lignes du Golfe arabique, d'Europe et d'Afrique qui ont représenté une valeur ajoutée importante à l'expansion de la MEA. D'ailleurs, au début de la fusion, les avions de la MEA portaient le nom de MEA Air Liban. Ce sigle a d'ailleurs rapidement disparu pour des raisons inconnues.
3) Il est honteux d'ignorer et de ne pas rendre hommage aux cadres de la MEA qui ont au péril de leur vie et durant les moments les plus difficiles de la guerre civile continué à assurer la permanence dans les bureaux de la compagnie.
4) À la suite du récent décès d'un des anciens directeurs de la MEA, qui avait été enlevé pendant la guerre sur la route de l'aéroport, aucun représentant de la compagnie n'était représenté aux funérailles.
5) Il semble qu'au Liban actuellement on veuille effacer l'histoire et la mémoire. Et ce pour des raisons politiques et confessionnelles évidentes.
Pauvre pays !

Élie TOHMEH
Laval-France