Ancien ministre, candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle française derrière Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, Bruno Le Maire sera au Liban à partir d'aujourd'hui et pour deux jours. Il y commémorera demain l'appel à la résistance contre l'occupant nazi lancé par le général de Gaulle, le 18 juin 1940.
Cette commémoration est, selon lui, empreinte d'une symbolique particulière, à l'ombre de la montée en puissance dans la région de l'islam radical et notamment du groupe État islamique (EI). « Nous ne sommes pas loin d'une véritable catastrophe en Syrie avec l'expansion de l'EI et du Front al-Nosra. De Beyrouth, je vais donc appeler à résister en ce jour symbolique du 18 juin », a-t-il assuré, dans une interview à L'Orient-Le Jour.
Ancien ministre, Bruno Lemaire fait figure, à 46 ans, de troisième homme des Républicains (ex-UMP) derrière Nicolas Sarkozy et Alain Juppé pour la primaire de la droite et du centre qui désignera le futur candidat à l'élection présidentielle française de 2017. Incarnant, selon Le Figaro, « un renouvellement générationnel de la classe politique française », M. Le Maire suit de près le Liban depuis son entrée au Quai d'Orsay et son travail auprès de Dominique de Villepin.
« J'aime profondément le Liban qui a une proximité naturelle avec la France », a-t-il déclaré avant son départ pour Beyrouth en compagnie de son ami politique, le député Élie Aboud. Il a souligné que la France doit être « le porte-voix du Liban, notamment auprès de ses partenaires européens », et pense qu'il faut « non seulement garder, mais surtout approfondir » les liens bilatéraux.
Pourquoi ce voyage maintenant ? À cette question, Bruno Le Maire a répondu : « Il y a des défis politiques internes et je ne veux pas m'en mêler. Mais chacun voit bien que le fait de ne pas avoir de président aujourd'hui pose des difficultés au Liban, dans cet équilibre confessionnel unique qui est un exemple pour les autres pays. Les Libanais doivent trouver eux-mêmes une solution politique à cette crise qui ne doit plus durer car le pays a besoin d'un président élu et indépendant. L'intérêt du Liban doit passer avant les intérêts particuliers. Le Parlement devrait être en mesure de se réunir pour permettre l'élection d'un président. »
Autre motif de cette visite : le défi que représentent les réfugiés syriens, en particulier les réfugiés chrétiens, et la nécessité pour la communauté internationale de soutenir le pays en conséquence. « J'attache une importance majeure à la défense des chrétiens d'Orient car l'identité de cette région dépend étroitement de la présence de chrétiens », a ajouté l'ancien ministre français qui s'est élevé contre les exactions, les assassinats et la persécution qui ont cours en Irak et en Syrie. L'accueil réservé par le Liban aux réfugiés syriens, parmi lesquels les chrétiens, « force notre admiration quand on sait que le Liban accueille le plus grand ratio de réfugiés au monde », a-t-il poursuivi.
Au cours de son séjour, Bruno Le Maire visitera le camp de réfugiés de Zahlé et rencontrera l'évêque grec-catholique de la ville, Issam Darwiche. Jeudi matin, à Naqoura, il rendra hommage aux militaires du contingent français de la Finul.
Le danger représenté par la prise du pouvoir dans de larges zones de Syrie par l'EI et al-Nosra est un grand sujet d'inquiétude pour M. Le Maire, qui s'est demandé comment « la France a pu laisser faire ces organisations terroristes », et a souhaité qu'elle « retrouve son esprit de résistance » face à cette menace. En outre, « le Liban doit être préservé d'une contagion de la crise syrienne. Il est dans l'intérêt de tous les Libanais de respecter la politique de distanciation et la déclaration de Baabda de 2012 », a-t-il dit.
Des propositions concrètes
Concrètement parlant, l'ancien candidat à la présidence de l'ex-UMP a proposé en premier lieu que la France se batte pour faire adopter par le Conseil de sécurité une résolution autorisant le recours à la force contre l'EI en Syrie. « Il est inacceptable de voir Daech (acronyme arabe de l'EI) s'emparer si facilement de Palmyre dans une relative indifférence et surtout sans aucune réaction internationale concrète », a-t-il dit.
En second lieu, « il faut que Paris prenne l'initiative d'une conférence internationale qui réunirait la totalité des pays du Moyen-Orient, en particulier l'Arabie saoudite et l'Iran ». Cette conférence devrait selon lui rechercher une solution politique à la guerre en Syrie, qui constitue une menace inacceptable pour le Liban. « Il n'y a pas de solution militaire possible que doublée d'une solution politique », a-t-il souligné.
« Le Liban doit être protégé, notamment du terrorisme », a encore dit M. Le Maire qui a appelé au développement et au renforcement des relations et des liens franco-libanais dans le cadre d'une communauté francophone à vocation économique où le Liban aurait une place prépondérante.
Au sujet de l'Iran, M. Le Maire a rappelé qu'il était en charge des questions de non-prolifération nucléaire au Quai d'Orsay et surtout qu'il travaillait auprès de Dominique de Villepin, lorsque la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont lancé les négociations de non-prolifération avec l'Iran. « La seule façon de s'assurer que l'Iran n'est pas en mesure de posséder l'arme nucléaire est un accord conduisant à contrôler sa capacité nucléaire. La détention de l'arme nucléaire par l'Iran est inacceptable et constitue une menace pour la sécurité de la région », a-t-il souligné.
« Je regrette que l'Europe ait perdu son leadership sur ce dossier au profit des États-Unis », a-t-il enchaîné, tout en constatant que la France s'est affaiblie depuis 2003 alors qu'elle devrait entraîner l'Europe entière dans une politique étrangère stable et équilibrée. « Si nous voulons restaurer la puissance politique de notre pays, nous devons restaurer sa puissance économique. Pour ma part, a conclu M. Le Maire, je n'accepte pas que la France soit reléguée au deuxième plan sur la scène politique mondiale. »
Lire aussi
« La France n'est plus dans une logique de protection des minorités dans le monde arabe »
Pour Jacques Myard (UMP), exiger le départ de Bachar el-Assad « installera le chaos et balayera le Liban »
Je dédie ce document à tous les amis de la France au Liban, c'est l'Appel du 18 juin 1940 lancé par le général de Gaulle de Radio-Londres : A TOUS LES FRANCAIS La France a perdu une bataille ! Mais la France n'a pas perdu la guerre ! Des gouvernements de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l'honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant, rien n'est perdu ! Rien n'est perdu, parce que cette guerre est une guerre mondiale. Dans l'univers libre, des forces immenses n'ont pas encore donné. Un jour ces forces écraseront l'ennemi. Il faut que la France, ce jour-là, soit présente à la victoire. Alors, elle retrouvera sa liberté et sa grandeur. Tel est mon but, mon seul but ! Voilà pourquoi je convie tous les Français où qu'ils se trouvent, à s'unir à moi dans l'action, dans le sacrifice et dans l'espérance ! Notre Patrie est en péril de mort, luttons tous pour la sauver ! VIVE LA FRANCE Général de Gaulle
15 h 19, le 17 juin 2015