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Économie - Interview

« La diaspora est au cœur de notre diplomatie économique »

À l'occasion de la conférence « Lebanese Diaspora Energy », dont la deuxième édition a été inaugurée hier, Dona Turk, ambassadrice et directrice du développement économique au ministère des Affaires étrangères, revient pour « L'Orient-Le Jour » sur les principaux axes de la diplomatie économique libanaise.

Pour Dona Turk, la diplomatie économique au Liban est encore à l’état embryonnaire.

Cela fait deux ans que le ministère des Affaires étrangères organise la « Lebanese Diaspora Energy ». Quel est son but ?
Le ministère des Affaires étrangères et des Émigrés place en effet la diaspora au cœur de sa stratégie pour l'utiliser comme tremplin vers l'accession à de nouveaux marchés.
La conférence « Lebanese Diaspora Energy » a notamment pour but de mener des actions de lobbying et de créer un lien entre les résidents et les expatriés – voire entre les différentes diasporas – au niveau de chaque secteur. Cette année, nous allons réunir sur trois jours plus de 1 200 acteurs libanais et expatriés de 12 secteurs (politique, bancaire et financier, de la construction, de l'industrie, des affaires, des télécommunications, de l'agriculture, de l'enseignement, du tourisme, de la recherche, de la santé, des transports, des médias, de la bijouterie et du design). Cette conférence constitue donc un parfait exemple de synergie entre le secteur public et le secteur privé pour renforcer le rayonnement du Liban dans une optique de diplomatie économique.

De plus en plus de chancelleries tendent à repenser leur stratégie diplomatique autour d'impératifs économiques liés notamment au développement international de leur entreprise. Qu'en est-il du Liban ?
La notion de diplomatie économique, qui désigne la recherche d'objectifs économiques par des moyens diplomatiques, renvoie fondamentalement au domaine des négociations commerciales internationales. Il est désormais reconnu que la puissance d'un pays et son rayonnement à l'étranger passent aussi par l'exportation de ses produits, par la diffusion internationale de ses biens et services, comme par sa capacité d'influence au sein de des grandes instances internationales lors des négociations commerciales multilatérales. Associer le diplomate et le marché n'est donc plus difficile à concevoir aujourd'hui.
Au Liban, ce type de diplomatie est encore à l'état embryonnaire alors même qu'il représente un enjeu important pour l'influence du Liban à l'international. Le ministère des Affaires étrangères tente donc de contribuer significativement à mettre le pays à la page dans ce domaine. Il s'agira essentiellement de booster l'exportation des marchandises et des services libanais à travers la promotion active du « made in Lebanon » à l'étranger et l'adhésion aux organisations commerciales multilatérales comme l'Organisation mondiale du commerce.

De quels moyens disposez-vous pour atteindre ces objectifs ?
Cette diplomatie économique se base sur trois piliers : la représentation du Liban à l'international, qui s'appuie sur un réseau de 73 ambassades et de 13 consulats ; le rôle des communautés libanaises à l'étranger ; et enfin les outils d'influence dont dispose le Liban, comme, par exemple, ses liens avec les mondes francophone, anglophone et musulman.
Afin d'atteindre ces objectifs, le ministère a émis des instructions claires aux corps diplomatiques à l'étranger. Elles ont pour mission d'approcher les institutions étrangères telles que les ministères, les Chambres de commerce et d'industrie, les forums économiques et manifestations commerciales, pour prospecter de nouveaux marchés et développer des partenariats ou attirer des investisseurs au Liban.
Il faut aussi garder à l'esprit que la diplomatie économique suppose une forte coopération interministérielle dans la mesure où elle touche à de nombreux secteur comme la finance, le tourisme, l'industrie, l'agriculture, l'économie de la connaissance et le secteur des télécommunications. Cela étant, la maîtrise de la technique diplomatique prime sur la maîtrise de la technique du champ auquel elle s'applique. Le ministère des Affaires étrangères joue donc un rôle de catalyseur entre les ministères pour coordonner leur action.
Un autre volet important repose sur la signature de nouveaux accords commerciaux, bilatéraux ou multilatéraux. En décembre dernier, nous avons signé un accord-cadre avec les pays du Mercosur, qui ouvrira la voie vers la signature d'accords de libre-échange avec ces pays. Grâce à cet accord-cadre, l'accès des produits libanais à ces marchés sera facilité et pourra atteindre la diaspora libanaise d'Amérique latine, qui représente par exemple 10 millions de Libanais pour le seul Brésil.

 

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