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Liban - Liberté

Deux militants des droits de l’homme devant le tribunal des imprimés

Marie Daunay et Wadih el-Asmar, représentants du Centre libanais des droits humains (CLDH), comparaissent aujourd'hui devant le tribunal des imprimés, à Baabda, pour « diffamation ».
Les deux militants des droits de l'homme font l'objet, depuis 2011, d'un procès que leur a intenté le mouvement Amal, à la suite de la publication par l'ONG d'un rapport sur la torture au Liban. Dans ce rapport, rappelons-le, des cas de torture ont été rapportés dans le cadre du travail de terrain effectué par le CLDH et d'autres ONG en 2009 et 2010. « Il a été signalé dans le rapport que le CLDH a recueilli des allégations de personnes qui affirment avoir été arrêtées et torturées par le mouvement Amal et le Hezbollah avant d'être remises aux autorités concernées, confie à L'Orient-Le Jour Wadih el-Asmar. Dans le rapport, il est noté qu'il n'a pas été possible d'évaluer réellement la fréquence des actes de torture perpétrés par le mouvement Amal et le Hezbollah et, par conséquent, les conclusions ne pouvaient être tirées, poursuit-il. L'ONG a toutefois estimé qu'il était de son devoir d'attirer l'attention sur ces cas de torture. »
Peu de temps après la publication du rapport, en février 2011, les représentants du CLDH furent surpris de constater que le leader du mouvement Amal, Nabih Berry, leur a intenté un procès conformément à l'article 317 du code pénal relatif à l'exacerbation des dissensions confessionnelles et la discorde entre les composantes de la nation, ainsi qu'aux articles 20, 21, 24 et 25 de la loi sur les imprimés.
Suite à de longs interrogatoires qui se sont poursuivis de mars 2011 à janvier 2014, le premier juge d'instruction à Baabda a rendu public son acte d'accusation, faisant état de diffamation, conformément à l'article 20 de la loi sur les imprimés. La première audience publique devant le tribunal des imprimés aura lieu aujourd'hui.
« La plainte est déposée contre nous en tant qu'individus et non contre le CLDH, souligne Wadih el-Asmar. Il s'agit d'une tentative de nous intimider, d'entraver notre travail et de museler l'ONG qui, depuis 1997, se penche sur des dossiers épineux comme la torture et les disparitions forcées. »
À quoi s'attendent-ils ? « La procédure va suivre son cours, répond-il. Nous nous attendons toutefois à ce que la justice fasse son travail de manière indépendante et que l'opinion publique prenne conscience du fait qu'il ne s'agit pas d'une affaire personnelle, mais de libertés publiques. Nous condamner, c'est adresser un message à tous les activistes et associations des droits de l'homme qu'il est désormais impossible de travailler librement dans ce pays. »
Commentant le procès, l'association Alef a appelé les autorités libanaises à « respecter le droit des individus, des groupes et des associations à renforcer le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales ».
Dans un communiqué, l'ONG a estimé que ce procès constitue « une violation des droits des défenseurs des droits de l'homme et une entrave à leur travail ». Elle a affirmé que « le fait de juger les défenseurs des droits de l'homme sur base de leur action ou des rapports qu'ils publient constitue une atteinte aux droits de l'homme et met en exergue l'incapacité des autorités libanaises à soutenir les droits de l'homme ».
Alef conclut en affirmant que ce procès représente « une intimidation et un encouragement à la culture de l'impunité ».

N. M.

Marie Daunay et Wadih el-Asmar, représentants du Centre libanais des droits humains (CLDH), comparaissent aujourd'hui devant le tribunal des imprimés, à Baabda, pour « diffamation ».Les deux militants des droits de l'homme font l'objet, depuis 2011, d'un procès que leur a intenté le mouvement Amal, à la suite de la publication par l'ONG d'un rapport sur la torture au Liban. Dans ce...

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