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Liban - Diplomatie

Pour Rome, la stabilité du Liban contribuera à celle de toute la région

Le secrétaire général du ministère italien des Affaires étrangères décrit pour « L'OLJ » « les préoccupations » partagées par les pays du pourtour méditerranéen face au « défi » de l'État islamique.

La visite officielle de deux jours du secrétaire général du ministère italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Michele Valensise, a eu pour principal objectif d'amorcer une solide coopération économique et commerciale avec le Liban, dans le cadre plus général de « l'engagement de l'Italie pour la stabilité du Liban », affirme M. Valensise dans un entretien avec L'Orient-Le Jour.
« Toutes les activités liées à la coopération économique, y compris les contacts entre les investisseurs et les entrepreneurs, contribuent étroitement à accroître les richesses du pays et donc à le stabiliser », souligne-t-il. La tournée du diplomate a inclus hier une rencontre-déjeuner avec le président de la Chambre de commerce de Beyrouth, Mohammad Choucair, qui doit se rendre la semaine prochaine en Italie afin de lancer ce nouveau projet de coopération italo-libanaise. « Je suis très reconnaissant à la Chambre de commerce et à son président d'avoir organisé une rencontre entre notre délégation et un grand nombre d'entrepreneurs libanais intéressés par le développement de leurs affaires avec l'Italie », déclare Michele Valensise.
Son entretien avec Mohammad Choucair a porté directement sur « la mission, promue par les autorités italiennes, que doit entreprendre la Chambre de commerce la semaine prochaine en Italie, en vue d'établir des contacts coopératifs entre Rome et Beyrouth, aussi bien au niveau des secteurs privé que public, en vue d'effectuer des investissements d'intérêts communs dans les deux pays », explique-t-il. Mais la coopération italo-libanaise comporte également un volet militaire. « L'Italie contribue à la stabilisation du Liban à travers son contingent au sein de la Finul, qui compte 1 100 éléments, et avec son commandement », rappelle le diplomate, qui s'est entretenu avec le commandant de la Finul, le général italien Luciano Portolano.
Une coopération militaire avait également pris forme, en juin 2014, lors de la conférence ministérielle de soutien à l'armée libanaise tenue à Rome. « Notre contribution à la formation des forces armées libanaises a débouché sur un programme, agréé par les autorités libanaises, et qui est en cours d'application. Ainsi, à la mi-mars, des militaires italiens seront envoyés en mission au Liban pour former un premier groupe de 25 militaires libanais dans le domaine du secourisme », explique le secrétaire général du ministère italien des AE. Ces démarches sont autant de preuves concrètes de « l'attention de l'Italie pour le Liban, que vient confirmer notre visite aujourd'hui », ajoute-t-il.

Rome, un « symbole »
Cette attention serait renforcée par des inquiétudes partagées, notamment sur le pourtour méditerranéen, face à la montée de l'État islamique. Ainsi, à une question sur la menace directe que constitue pour l'Italie l'émergence de l'EI en Libye, M. Valensise répond en termes généraux, écartant les particularités que pourrait avoir l'Italie dans l'affrontement de la menace de l'EI, qu'il qualifie de « défi global ». « Le risque est général en Europe et ne fait que renforcer notre union avec nos amis européens », affirme-t-il, en soulignant que « personne n'est à l'abri de ce phénomène. Il faut agir ensemble, selon le principe qu'il n'existe pas de cas isolé ».
S'il précise que l'Italie est dans l'urgence de faire face à « des risques évidents d'infiltration de cellules terroristes », M. Valensise préfère évoquer des « préoccupations » face à l'islam radical. Il exclut l'émergence d'une islamophobie, dont des signes commencent pourtant à pointer en Italie du Nord. « L'Italie a été pendant des décennies un pays d'émigration et elle est devenue maintenant un pays d'immigration. Ce que nous devons contenir, c'est le phénomène de l'immigration illégale, dans le cadre des règles européennes », souligne-t-il. Rappelons que des centaines de migrants libyens sont récupérés en mer chaque jour par les sauveteurs italiens. Prié d'expliquer la mention de l'Italie, par le secrétaire général du Hezbollah dans son dernier discours, quand il avait déclaré que l'EI avait les yeux rivés sur Rome, le diplomate affirme que « cette question doit être adressée au parti en question » et se contente de préciser que « Rome est un symbole ».
Sur la question de savoir s'il existe des menaces sérieuses à la stabilité du Liban, et précisément si le printemps apportera une nouvelle bataille aux frontières Est, le diplomate répond : « Je ne parle pas de menaces spécifiques et ce n'est pas à moi de les évaluer. Il existe une menace globale et générale incarnée par le phénomène du terrorisme. Ce défi global concerne tous les pays, en particulier les pays méditerranéens, et nous avons tout intérêt à faire face, ensemble, avec le maximum de coordination, à ce défi commun. »
Cette coordination « globale » pourrait-elle inclure une coordination avec le régime syrien ou avec des entités non étatiques qui combattent l'EI, comme le Hezbollah ? « Nous considérons que la stabilité du Liban va contribuer à la stabilité de toute la région », répond-il, avant de citer, en exemple de cette coopération internationale « en faveur de la stabilité », le Groupe international d'appui au Liban (GIA), dont l'Italie fait partie.

Pour un règlement politique des conflits
« L'Italie est consciente du poids que constitue pour le Liban la présence en nombre impressionnant des réfugiés syriens et nous continuons notre opération de soutien au Liban, à travers le GIA et d'autres programmes que nous finançons sur le terrain », explique-t-il. Sa visite au Liban aura ainsi permis de « mettre au point les initiatives financées par l'Italie ». Prié de définir la politique de l'Union européenne dans la région, Michele Valensise décrit « un engagement de l'UE pour un règlement politique des conflits : cela vaut en Syrie, ainsi qu'en Libye, où l'Italie soutient la tentative d'une solution politique initiée par l'Onu ». C'est aussi sur le terrain libyen que la politique étrangère italienne pourrait jouer un rôle diplomatique pionnier.
Enfin, interrogé précisément sur la possibilité de déblocage de la présidentielle libanaise, il affirme que « toutes les parties ont intérêt à trouver un accord pour la présidentielle ».

S. N.

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