Voyager dans le nouveau

L'homme a connu, au fil des siècles, des âges d'or et de déclin. À chaque siècle, il a utilisé la plume, son intellect, l'émotion, mais il a été aussi un monstre qui détruisait terres, civilisations et peuples.
Il est arrivé aux peuples tantôt de plonger dans l'océan noir de l'ignorance et tantôt de baigner dans l'océan de la lumière de la connaissance.
À l'aube de l'an 2015, l'homme progresse-t-il ou régresse-t-il ? À cette question, la réponse peut être positive ou négative puisqu'il y a toujours maladies, guerres, épidémies, violence, etc. ; mais il y a aussi progrès énorme de la science et de la technologie.
Mais ce qui n'est ni permis ni admissible au XXIe siècle, ce sont l'ignorance et la violence. Les abolir est facile : en supprimant l'une, on supprime ipso facto l'autre.
Je me demande, face aux ondes positives ou négatives qu'émet l'humanité, face à la régression ou à la progression, face à l'optimisme ou au pessimisme, comment l'on peut toujours être ignorant ou violent ? La violence est née de l'ignorance, qui signifie que tout ignorant est un potentiel violent et tout violent est à la base ignorant.
Si l'on régresse, il faut agir pour arrêter la chute, et si l'on progresse, il faut, sinon continuer son ascension, à tout le moins préserver le progrès. Et dans les deux cas, l'action constitue une amélioration.
Abolir l'ignorance et la violence est nécessaire. Non seulement parce que notre monde pourra alors vivre dans une atmosphère de paix où le verbe serait prédominant et où philosophes, scientifiques et poètes deviendraient les dirigeants du monde – et cela n'est pas utopique. Notre monde a sombré pendant des siècles dans l'océan noir de la bêtise avant de se régénérer dans l'océan des lumières. Mais il ne faut pas oublier, malgré le formidable développement que nous observons autour de nous, notre orgueil, notre gloire, nos inventions scientifiques, nos réalisationss artistiques, nos mille et unes théories et dogmes, que nous ne formons qu'à peine une toute petite partie du système universel et que celui-ci ne constitue qu'une petite étoile dans l'océan cosmique.
Voyez-vous alors comment nos guerres, quelque « mondiales » qu'elles puissent être, ne sont qu'un petit conflit ridicule ? Là où l'on peut utiliser argent, énergie, temps et pouvoir pour plonger dans l'océan du nouveau, on les utilise et les épuise dans des escarmouches ridicules et vaines, qui n'engendrent que mort et malheurs.
Il y a tout un univers – ou peut-être des univers... – à explorer autour de nous. Il y a toujours l'Himalaya de la connaissance qui nous attire. Un sommet qui nous aidera, en termes de psychanalyse, à plonger dans l'inconscient pour nous débarrasser des traumatismes engendrés par la guerre et l'inculture. Une montagne qui entraîne Alice au pays des merveilles, qui emmène Peter Pan au pays imaginaire, qui nous emmène dans un au-delà, dans un ailleurs, mais surtout, et comme l'a dit notre Baudelaire : « Plonger au fond du gouffre/Enfer ou Ciel qu'importe/Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau. » En effet, la plongée que font astrophysiciens et astronautes d'antan et d'aujourd'hui est une plongée dans l'inconnu et dans la noirceur de l'océan cosmique rien que pour trouver du nouveau. Un gouffre... tout le monde en a parlé en science, en littérature. Certains ont même réuni science et littérature, ce qui a donné la science-fiction. Mais en fin de compte, nous apprenons désormais qu'un voyage dans l'espace, le temps et l'espace-temps n'est plus impossible.
Nous avons voyagé dans la Lune en 1914 avec le film de Georges Méliès (Le voyage dans la Lune). Ce voyage, nous l'avons fait avec la Nasa en 1969. Nous voyageons toujours dans l'espace et le temps grâce à l'art (œuvres littéraires, cinématographiques, musicales, etc.). Nous voyageons toujours avec Voyager I et Voyager II, deux sondes spatiales lancées en 1977 et destinées à effectuer un voyage au-delà de notre système solaire, voire au-delà de notre Voie lactée. Autrement dit, les sondes sont destinées à effectuer un voyage interstellaire dans le vaste océan cosmique, et ce n'est que depuis quelques petites semaines (le 8 décembre 2014) que Voyager I a quitté notre système solaire.
Arrêtons l'ignorance et la violence... Il y a tellement de merveilles qui nous entourent. Des merveilles à découvrir...
Qu'on soit scientifique ou littéraire, qu'on soit amateur de technologie ou d'art, arrêtons la régression et mettons-nous au courant de ce progrès avant tout humaniste, physique et philosophique, mais aussi scientifique et émotionnel. Plongeons dans le gouffre et voyageons dans le nouveau !