Rechercher
Rechercher

Diaspora - Portrait

Victoria Shaheen : des céramiques exubérantes, comme ses origines italo-libanaises

De l'argile, elle sort du bonheur pour elle et les autres, pétri avec art et cet esprit de partage cultivé par les fils du pays du Cèdre là où ils s'ancrent.

Victoria Shaheen à son four.

Descendante d'une famille libanaise venue du Mont-Liban et émigrée aux States en 1892, Victoria Shaheen a ses marques dans l'univers artistique américain, de la côte Est à la côte Ouest. Récemment, une galerie washingtonienne a exposé l'une de ses installations. À 26 ans, elle est bien engagée dans la voie de la réussite, ayant savamment allié céramique et sculpture.
Elle a fait ses études au prestigieux « Corcoran College of Art and Design » à Washington D.C. « J'étais comme saturée d'académisme et j'avais envie de faire quelque chose d'excitant pour moi et les autres », dit-elle. Elle construit alors des tours avec des objets, en principe disparates, mais qu'elle choisit pour leur essence insolite et joyeuse. Elle a ainsi trouvé son style. Fascinée par les objets du quotidien, elle les façonne elle-même, à sa manière, et en fait des céramiques qu'elle assemble en sculptures, installations et genres de totems modernistes. Elle recouvre le tout de couleurs éclatantes : soit du tout-blanc, soit de gaies couleurs pastel.
« Mon but, explique-t-elle, est d'établir des strates que le public devra déployer. C'est une démarche ludique et peut-être effrayante, une manière de descendre dans le terrier du "Lapin d'Alice" et de se retrouver au pays des jouets associaux. Avec mes assemblages d'objets kitsch, sciemment absurdes, je veux créer des espaces de pensées simples et fictives comme ceux qu'affectionnent les enfants et dont on jouit sans se poser de questions. »

Au four et au moulin
À quoi rêvait Victoria Shaheen lorsqu'elle était enfant ? « J'ai toujours voulu apporter un sourire aux gens, ayant moi-même vécu avec des parents généreux de leur personne, dit-elle. Et je continue à le faire. Enfant, j'ai réalisé que l'art pouvait aider les autres, même si c'est d'une manière différente que ne le ferait un médecin, par exemple. Oui, l'art ne peut pas sauver des vies ou éliminer la faim dans le monde, mais il peut rendre les gens heureux. Ne serait-ce que pour un court moment. »

L'artiste n'est jamais venue au Liban, mais sa famille, établie à New Jersey, a toujours adopté le mode de vie de « la tribu » et de l'hospitalité à tout rompre. Chez eux, c'était maison ouverte, matin, midi et soir. Le père de Victoria, propriétaire d'une quincaillerie et patron de rêve, était toujours prêt à donner un coup de main à n'importe quelle personne en difficulté. Sans compter que les origines italiennes de sa mère, femme au foyer, peintre et céramiste pour la famille, abondaient dans ce sens.
Victoria précise qu'elle a quatre oncles maternels, trois oncles et deux tantes paternels. Et cette smala italo-libanaise vit à proximité. « Je suis la seule qui ne vit pas comme eux, dans un rayon de huit kilomètres, à New Jersey, souligne-t-elle. Je suis établie à Detroit, dans l'État du Michigan. Mais je me comporte toujours comme eux. J'invite des amis tout le temps chez moi et je trouve bizarre que quelqu'un décline mon invitation. »

Cela n'empêche pas l'artiste d'être capable de se trouver à la fois au four (où elle cuit ses céramiques) et au moulin. En d'autres termes, elle sillonne le pays pour exposer ses créations ou pour animer des ateliers soit purement professionnels, soit éducatifs ou caritatifs. Cela lui donne également le temps d'avoir « un merveilleux boyfriend et un chien magnifique », comme elle le dit.

 

Lire aussi
De Rio à Beyrouth, un voyage de retour aux sources en 2015

Boston et le Liban, des cousins pas si lointains...

Pour mémoire
Rencontre avec Faouzi Fakhouri, l'un des derniers potiers du Liban

Descendante d'une famille libanaise venue du Mont-Liban et émigrée aux States en 1892, Victoria Shaheen a ses marques dans l'univers artistique américain, de la côte Est à la côte Ouest. Récemment, une galerie washingtonienne a exposé l'une de ses installations. À 26 ans, elle est bien engagée dans la voie de la réussite, ayant savamment allié céramique et sculpture.Elle a fait ses...