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Moyen Orient et Monde - Syrie

Plus de 5 000 assyriens ont pris le chemin de l’exode

Des témoignages font état de plusieurs centaines d'otages aux mains de l'EI.

Quelque 30 000 assyriens, une communauté parmi les plus anciennes converties au christianisme, vivaient en Syrie avant le début du conflit le 15 mars 2011, la majorité à Hassaké. Photo AFP

Environ cinq mille membres de la minorité chrétienne des assyriens ont pris le chemin de l'exode en Syrie après le rapt de dizaines des leurs par les jihadistes de l'État islamique (EI). Quelque 30 000 assyriens, une communauté parmi les plus anciennes converties au christianisme, vivaient en Syrie avant le début du conflit le 15 mars 2011, la majorité à Hassaké.


Depuis lundi, Teglath*, un prêtre assyrien établi au Liban, n'a plus de nouvelles de plusieurs de ses proches. Depuis que les jihadistes ont attaqué des villages chrétiens sous contrôle des forces kurdes dans le gouvernorat de Hassaké, dans le nord-est syrien, enlevant une centaine d'habitants, le père Teglath et son épouse, elle aussi une Syrienne assyrienne, vivent dans l'angoisse. « Le père de ma femme, sa mère, ses frères et sœurs, ses oncles, manquent à l'appel, explique le père. Lorsque j'ai contacté par téléphone l'un de ses oncles, un homme m'a répondu en disant : nous sommes l'État islamique. Il m'a d'abord interdit de parler à l'oncle, mais a par la suite changé d'avis. » Pour le prêtre originaire de Hassaké, « un complot se trame contre les assyriens. Ils veulent nous chasser de nos terres et de nos maisons ». « Pourquoi nous attaquer ? Pourquoi ne pas avoir attaqué les combattants kurdes? » s'interroge le prêtre. « Les jihadistes savent où se trouvent les Kurdes. » Il reconnait toutefois que des combattants chrétiens se battent aux côtés des combattants kurdes.

 

(Lire aussi: "Un complot se trame contre les Assyriens de Syrie. Ils veulent nous chasser de nos maisons")


De son côté, Kino Gabriel, membre du commandement du Conseil militaire syriaque, une organisation militaire chrétienne importante dans le nord-est de la Syrie, estime que « lors de cette attaque, l'EI a enlevé entre 350 et 400 civils, des hommes, des femmes, des enfants et des vieillards ». Il précise que 100 ou 150 personnes ont été enlevées de Tel Hermiz, Tel Chamiran et Tel Tawil. Le reste des otages a été enlevé dans neuf autres villages. Selon lui, les otages « ont peut-être été emmenés à Jabal Abdel Aziz ou à Chaddadé, une ville au sud de Hassaké ».

 

Les combats se poursuivent
Selon l'OSDH, l'EI cherche ainsi à venger de l'offensive kurde à Hassaké, appuyée par des frappes de la coalition internationale menée par les États-Unis. Également, les jihadistes veulent s'emparer de Tel Tamer, une localité assyrienne dont le pont est important pour rejoindre la frontière irakienne à partir de la province d'Alep. « La résistance contre l'EI avait déjà commencé à al-Khabour aux alentours du 7 février quand le CMS a pris le contrôle de Tel Hermiz qui était sous l'emprise de l'EI », explique Kino Gabriel. « Quelques-uns de nos combattants sont morts au combat », note-t-il, précisant que le 22 février, l'EI a envoyé des renforts à al-Khabour.

 

(Notre dossier, pour aller plus loin : Quand les chrétiens de Syrie organisent leur protection)


Dans ce contexte, les combattants kurdes ont repris trois villages assyriens et une localité à majorité sunnite, mais les combats se poursuivent. « Les Unités de protection du peuple kurde (YPG) ont repris Tel Chamiram (où les jihadistes ont brûlé partiellement une église), Tel Masri, Tel Hermel et Ghbeich », a indiqué son directeur, Rami Abdel Rahmane. Dans la localité musulmane de Ghbeish, ils ont accusé les villageois de collaborer avec les Kurdes, en ont décapité quatre, et incendié des maisons et une école. De plus, un Australien combattant les jihadistes aux côtés des Kurdes a été tué dans ces combats mardi, a-t-il ajouté, précisant qu'il s'agit du premier occidental prokurde à trouver la mort.


Enfin, pour Washington, « le fait que l'EI vise une minorité religieuse témoigne une fois de plus de son traitement brutal et inhumain de tous ceux qui ne sont pas d'accord avec ses objectifs ». La France a quant à elle réclamé la libération immédiate des assyriens enlevés, alors que les chasseurs du Charles de Gaulle ont largué hier leurs premières bombes, deux jours après le début de l'engagement du porte-avions dans les opérations de la coalition internationale contre l'EI en Irak.

 

*Le nom a été changé à la demande de l'interviewé pour des raisons de sécurité

 

 

 

Environ cinq mille membres de la minorité chrétienne des assyriens ont pris le chemin de l'exode en Syrie après le rapt de dizaines des leurs par les jihadistes de l'État islamique (EI). Quelque 30 000 assyriens, une communauté parmi les plus anciennes converties au christianisme, vivaient en Syrie avant le début du conflit le 15 mars 2011, la majorité à Hassaké.
Depuis lundi,...

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