Syrie: l'Unesco appelle à la création de "zones culturelles protégées"

La directrice-générale de l'Unesco, Irina Bokova, a appelé mercredi à créer des "zones culturelles protégées" pour sauver le patrimoine de la Syrie, en commençant par la mosquée des Omeyyades d'Alep, la métropole du nord ravagée par les combats.

"La destruction du patrimoine et de la diversité culturelle est au cœur des conflits en Irak et en Syrie", a déclaré Mme Bokova à l'ouverture d'un colloque sur la préservation du patrimoine culturel de ces deux pays, au siège de l'organisation internationale à Paris.
"Les minorités sont persécutées. Le patrimoine culturel est attaqué (...), ces attaques s'inscrivent dans une stratégie de nettoyage culturel extrêmement réfléchie et d'une rare violence", a-t-elle dit.

Soulignant que la protection du patrimoine n'était "pas seulement une urgence culturelle", mais "un impératif politique et de sécurité", elle a proposé de créer "des zones culturelles protégées" autour des sites du patrimoine, avec l'accord des parties sur le terrain.

"Comme premier pas (...) nous devons sauvegarder un site symbolique: la mosquée des Omeyyades" dans la vieille ville d'Alep, seule cité de Syrie que les combats entre les forces du régime et les rebelles ont divisé en deux, a-t-elle dit.
Le minaret de ce joyau historique s'est déjà effondré en 2013 en raison des combats et la citadelle historique a été endommagée. Le souk de la vieille ville d'Alep, "qui est l'âme de cette ville", inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, "est en cendres", a encore souligné Mme Bokova.
Elle a appelé toutes les parties combattant en Irak et en Syrie à "arrêter immédiatement d'utiliser à des fins militaires ou de viser les sites culturels".

Mme Bokova a également souligné que, en Irak, "les extrémistes" du groupe Etat islamique "attaquent les sites chrétiens, juifs, et en tout premier lieu, islamiques : mausolées, mosquées, à coup de pelleteuse et d'explosifs".
"Sur l'ancien minaret de Samarra, inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco, des milices ont accroché cette banderole noire, pour marquer leur territoire, exposant ce patrimoine millénaire", a-t-elle déploré.

La directrice générale de l'Unesco s'était rendue début novembre en Irak où elle avait condamné la destruction "barbare" du patrimoine culturel de ce pays, notamment par les jihadistes de l'EI.