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Nos Lecteurs ont la Parole - Dr Jean TASRINI

Quand il est mort, le poète

Saïd Akl est mort, la beauté est en deuil ; elle a perdu son marionnettiste jongleur, bouche en fleurs, qui a enchanté l'écoute et l'entendement, par ses jeux de mots, faisant rimer les rêves hallucinants, les âmes frissonnantes, les angoisses haletantes des longues nuits avec les amours enterrées.
La douceur est orpheline ; elle a perdu ses gants de roses que le poète a brodés et tissés sur mesure, fleur à fleur, des couleurs de tous les mondes, vers à vers, en équilibre instable sur le fil ténu de la frontière entre le conscient et l'inconscient.
La clarté des âmes est sombre ; elle a perdu une étoile matrice d'énergie, de chaleur, d'amour, de fidélité et de présence, réchauffant de ses caresses les yeux, larmes séchées, liséré désertifié par l'aridité irréparable.
La fidélité s'est effilochée ; elle a perdu toutes ses lignes directrices et tous ses sens, ne suivant plus que le sillon du poète pour transcender, alunir, « neptuner » ou...
La beauté est triste ; s'étant enveloppée de noir, elle n'est plus nue ; elle a peur d'être osmosée par les forces du mal ; son filtre naturel a pris congé.
Tout dans la nature est perturbé ; écouter les chants du cor, en marche funèbre dans les forêts, orchestrés avec un tonnerre en ténor, un éclair, une averse en soprano et mezzo, faisant tournoyer en cadences les étoiles et les galaxies, tour à tour, ensemble, en pointe, en pas de chat, en chassé, en enveloppé, en assemblé, en grand jeté, en adage, en glissade, en port de bras, en... pirouette, les mains en col de cygne ; une danse sortant du cœur et des larmes, pour accueillir l'enfant prodige glissant sur l'arc-en-ciel, dans un monde sans douleur ni agonie, mais d'une beauté éternellement chatoyante.
Pour une fois, pour une seule fois, pour une dernière fois, la voie lactée s'est ornée de bleuets de tous les tons, claironnant le retour de l'espoir, passerelle entre un ici terre à terre et un au-delà insaisissable et impalpable.
Dors tranquille, poète; ton départ inonde tous nos sens d'un éternel retour.

Dr Jean TASRINI

Saïd Akl est mort, la beauté est en deuil ; elle a perdu son marionnettiste jongleur, bouche en fleurs, qui a enchanté l'écoute et l'entendement, par ses jeux de mots, faisant rimer les rêves hallucinants, les âmes frissonnantes, les angoisses haletantes des longues nuits avec les amours enterrées.La douceur est orpheline ; elle a perdu ses gants de roses que le poète a brodés et tissés...

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