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Nos Lecteurs ont la Parole - Chloé KATTAR

Si une nation n’a pas de chefs...

Il serait utile revenir aux sources de la nation à l'occasion de la fête nationale. L'histoire raconte que ce jour du 22 novembre 1943, le président de la République libanaise, cheikh Béchara el-Khoury, le chef du gouvernement, Riad el-Solh, trois ministres et un député ont été libérés de la veille forteresse de Rachaya dans laquelle ils étaient internés depuis le 11 novembre de la même année par le haut-commissaire français, M. Helleu. Le cortège qui les ramène à Beyrouth est suivi par une foule qui allait en grossissant, dans un enthousiasme général que les plus sceptiques d'entre nous peineraient aujourd'hui à imaginer. Oui, une allégresse réelle, un flot populaire semblait célébrer, dans une sorte de délire digne des plus grands mouvements de foule, l'indépendance libanaise enfin et pour de bon acquise. Depuis, cette date devint celle de la fête nationale, au détriment de celle du 1er septembre qui avait vu, vingt-trois ans auparavant, la naissance du Grand Liban sous l'égide du général Catroux. La nation libanaise était définitivement née. Née parce que voulue, née parce que revendiquée, née parce qu'étant l'ultime émanation de la volonté de son peuple. Hommes, femmes, chrétiens, musulmans envahissent les rues, ce 11 novembre 1943, pour manifester contre la puissance mandataire ; des émeutes éclatent, la foule entoure le Parlement, applaudit les députés de la résistance, scellant ainsi l'union nationale.
Sur le territoire définitivement reconnu du Grand Liban et sous l'égide d'une élite politique héroïsée et symbolisant le nouvel État, les Libanais venaient de faire naître une conscience nationale d'appartenance commune. Le nationalisme libanais a donc bel et bien existé, et existe encore aujourd'hui malgré le confessionnalisme rampant et le désenchantement général. Mais si l'on examine plus profondément ce fabuleux récit des origines, nombreux sont les détails qui s'accordent pour freiner cet enthousiasme national. En effet, l'indépendance finale ne nous fut accordée que sous les auspices (bien généreux) des Anglais, détail forcément relégué au second plan des discours populaires de l'époque. L'indépendance fut d'ailleurs octroyée en réalité en 1941 par le général Catroux. Indépendance de pacotille certes, mais le choix fait de modifier la date de commémoration dénote on ne peut mieux une volonté de réécrire l'histoire, de la réajuster, mis en place par des Libanais désormais conscients d'être dépositaires de leur destinée. De même, le pacte national de 1943, qui a scellé l'alliance de Béchara el-Khoury et Riad el-Solh, à l'origine pourrait-on dire des événements de 1943, est un pacte légendaire, bien sûr, demeuré nimbé d'une aura mystérieuse dont aucune trace écrite ne nous reste, et autour duquel beaucoup a été dit, surtout au vu des conversions politiques nouvelles de celui qui avait été longtemps un partisan de l'union avec la Syrie. Manœuvres politiques ou ralliement réel à la cause du Liban ? Le premier secret d'État libanais était né. Il en est de même pour le mystère concernant la genèse de notre drapeau : qui en eu l'idée ?
Que signifiaient réellement les couleurs adoptées ? Un foisonnement de questions aux milles réponses, qui ne manquent pas de marquer l'histoire de la nation. Oui, parce que tout récit nationaliste digne de ce nom doit être truffé de mythologies, d'anecdotes, d'entorses à l'histoire, d'événements grandioses et de héros irréprochables. Il serait donc utile de rappeler en ce jour de commémoration que nous possédons bel et bien ce nationalisme fier, où la vérité est mêlée au mythe et où l'imaginaire fait pour moitié la nation. Et si ce réajustement du récit fantasmé peut nous rapprocher davantage les uns des autres, alors, et selon la formule d'Ernest Renan, il faut que nous ayons « tous (...) oublié bien des choses ».
Et si aujourd'hui notre élite politique se révèle incapable de perpétuer la tradition, de continuer le récit de la nation, et d'y apporter sa part d'innovation, alors c'est à la société civile de reprendre le flambeau : jeunes, artistes, intellectuels, entrepreneurs et bien d'autres, par leurs accomplissements dont nous pouvons nous enorgueillir, nous rappellent aujourd'hui que « si une nation n'a pas de chefs, alors ce sont les poètes qui la guident ».

Chloé KATTAR

Il serait utile revenir aux sources de la nation à l'occasion de la fête nationale. L'histoire raconte que ce jour du 22 novembre 1943, le président de la République libanaise, cheikh Béchara el-Khoury, le chef du gouvernement, Riad el-Solh, trois ministres et un député ont été libérés de la veille forteresse de Rachaya dans laquelle ils étaient internés depuis le 11 novembre de la...

commentaires (2)

UNE NATION SANS CHEF... EST UN POISSON SANS TÊTE ! QUAND À BÉCHARA EL KHOURY... QUE LES FOULES APPLAUDISSAIENT... À PEINE CHEF D'ETAT... QUE DANS LES SIX MOIS CES MÊMES FOULES... OU UNE DE SES CONSTITUANTES... PRENAIT LA RUE POUR LE RENVERSER ! FAUT PAS OUBLIER NOTRE HISTOIRE ! LES GRANDS HOMMES DE L'INDÉPENDANCE ON S'ACHARNAIT À LES RENVERSER... CERTAINS FURENT TUÉS... ET LES MOLLUSQUES POURVUES DE CARAPACES ÉTRANGÈRES D'AUJOURD'HUI.. ET AUX VENTOUSES QUI NOUS SUCENT LE SANG... ON LES SOUFFRE TOUT EN ROUSPETANT TIMIDEMENT... LA DÉCADENCE FRAPPE LES ESPRITS !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 31, le 23 novembre 2014

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Commentaires (2)

  • UNE NATION SANS CHEF... EST UN POISSON SANS TÊTE ! QUAND À BÉCHARA EL KHOURY... QUE LES FOULES APPLAUDISSAIENT... À PEINE CHEF D'ETAT... QUE DANS LES SIX MOIS CES MÊMES FOULES... OU UNE DE SES CONSTITUANTES... PRENAIT LA RUE POUR LE RENVERSER ! FAUT PAS OUBLIER NOTRE HISTOIRE ! LES GRANDS HOMMES DE L'INDÉPENDANCE ON S'ACHARNAIT À LES RENVERSER... CERTAINS FURENT TUÉS... ET LES MOLLUSQUES POURVUES DE CARAPACES ÉTRANGÈRES D'AUJOURD'HUI.. ET AUX VENTOUSES QUI NOUS SUCENT LE SANG... ON LES SOUFFRE TOUT EN ROUSPETANT TIMIDEMENT... LA DÉCADENCE FRAPPE LES ESPRITS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 31, le 23 novembre 2014

  • Pour ce qui est de ces inaltérables escrocs encore élites ou zaïms qui œuvrent, 1 œil sur leurs "valeurs" en Bourse et l’autre sur la ligne de front de leur maintien abusif au pouvoir, ceci n’est pas sans les affecter d’un profond strabisme divergeant. Leur pouvoir dépassé se définit, c’est archiconnu, comme la possibilité d’en abuser ! C’est dorénavant à peine vrai, étant donné leur Malsanité, ce qui a pour conséquence qu’ils ont perdu de leur "charme" suranné ante ; mahééék ? Et au sein de cette clique en gang, leur pouvoir usurpé semble se réduire à soupeser le Sain "danger" de cet audit libanais, pour le comparer à celui Sain émanant de cette Saine civile société encore agissante dans cette contrée. Et à évaluer la possibilité de diminuer et l’un et l’autre. Cela fait, il leur reste à concilier l’usage du frein de cette Sanité et celui de l’accélérateur de leur "propre" Malsanité. Les temps sont ainsi où ils nappent le tout d’1 rhétorique appropriée, suggérée par leurs ébaubis dithyrambiques séides et affidés qui n’oublient jamais que la parole leur a été donnée pour dissimuler leurs horribles mercantiles pensées. S’il fallait illustrer l'énorme rejet dont sont "victimes" ces mafiosi pâmés ; sous toutes leurs formes bizarroïdes et bigarrées ; il n’est que de se référer aux offenses de cette Saine société civile qui s’offrent en rafale à leur encontre à ces affranchis puînés, en plein dans le faciès à dents cariées : Qu’ils roulent en 4 x 4 ou bien en limousines blindées.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 46, le 23 novembre 2014

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