Quand Maxime, Hélène et David partent faire le jihad en Syrie...

Ils s'appellent Maxime, Hélène, David ou Mickaël: au sortir de l'adolescence, ces jeunes Français ordinaires se sont convertis et ont basculé dans l'intégrisme radical, provoquant la sidération d'une société face à leurs parcours.
"Il n'était pas parti pour faire du mal", avance René, un proche voisin des parents de Maxime Hauchard, identifié comme faisant partie des bourreaux du groupe Etat islamique (EI) qui a décapité le week-end dernier une vingtaine de prisonniers syriens. "C'était un garçon gentil, qui ne posait aucun problème. Ils ont dû le droguer", renchérit son épouse Jeannine, au bord des larmes en se remémorant le petit garçon qui jouait avec ses petits-enfants à Bosc-Roger-en-Roumois, une petite commune en Normandie (nord-ouest).

Mercredi, un second Français, Mickaël Dos Santos, a été identifié parmi les bourreaux apparaissant sur la vidéo montrant la décapitation des soldats syriens ce week-end. Mickaël Dos Santos, 22 ans, originaire de la banlieue parisienne, s'était converti à l'islam et était parti à l'automne 2013 rejoindre les jihadistes en Syrie, prenant le nom de guerre d'Abou Othman, selon une source proche du dossier.

Mickaël et Maxime, comme Hélène, 17 ans, dont les médias français avaient raconté début octobre le parcours sans histoire jusqu'à sa métamorphose à l'âge de 15 ans, ou David Drugeon, tué début novembre par un drone américain, ne sont sans doute pas représentatifs du millier de Français partis combattre en Syrie ou en Irak.
Mais ils ont un point commun: de famille athée ou catholique, leur conversion à l'islam, souvent très jeunes, 13 ans pour David, 15 pour Hélène, dont la mère se bat pour la remettre dans le droit chemin et l'empêcher de quitter la France, 17 pour Maxime.

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Dans le passé, le discours de l'islam radical touchait prioritairement des jeunes fragilisés sur le plan social et familial. "Aujourd'hui, ce discours arrive à faire autorité sur des jeunes de familles très diverses", relève la directrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI), Dounia Bouzar.
Anthropologue du fait religieux, Dounia Bouzar est co-auteure d'un récent rapport sur les jeunes jihadistes français, avec un ancien négociateur de la police d'élite française Raid, Christophe Caupenne, et un professionnel de l'éducation, Sulaymân Valsan.
Tous trois ont travaillé sur des données concernant 160 familles ayant contacté le CPDSI depuis février. Sur ces familles ayant appelé le centre pour faire échec à l'endoctrinement d'un enfant et à son départ vers la Syrie et l'Irak, 80% se déclarent athées et les classes moyennes sont majoritaires (67%).
Les 15-21 ans sont la tranche d'âge la plus touchée (63%), selon le même rapport, qui note qu'internet est le mode d'endoctrinement repéré dans 91% des cas.

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Mission: enrôler d'autres jeunes

"Les +nouveaux discours terroristes+ ont affiné leurs techniques d'embrigadement en maîtrisant l'outil internet, à tel point qu'ils arrivent à proposer une individualisation de l'offre qui peut parler à des jeunes tout à fait différents", soulignent les auteurs.
Ils ont mis au jour "cinq mythes" efficaces: le modèle du "chevalier héroïque" qui fonctionne auprès des garçons, le départ au nom d'"une cause humanitaire" prisé par de jeunes filles mineures, le "porteur d'eau" désignant ceux qui cherchent un leader, la référence au jeu vidéo de guerre "Call of duty" pour les jeunes gens qui souhaitent combattre, ou encore la quête de toute puissance attirant des personnes "sans limites".

Selon des chiffres cités mardi par le journal Le Monde, les "convertis" prennent une part croissante dans les effectifs de l'organisation Etat islamique. Sur les 376 Français présents en Syrie, 23% n'ont pas été élevés dans la culture musulmane, précise le quotidien.
Selon Jean-Pierre Filiu, spécialiste du monde arabo-musulman cité par le journal, ces conversions radicales prospèrent sur la méconnaissance de l'islam. Les jeunes convertis ont pour mission d'en enrôler d'autres. "Ils recrutent autour d'eux. Ce qui fait qu'aujourd'hui il n'y a plus de profil type du jihadiste, mais une juxtaposition de différentes catégories", familles athées, catholiques, musulmanes, unies, désunies, insérées ou non, précise-t-il.

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