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Liban - Tragédie

Btedii en ébullition attend toujours que les assassins du couple Fakhri soient remis à la justice

Le président de la municipalité de Deir el-Ahmar, Milad Akouri, assure à « L'Orient-Le Jour » que « les autorités ont promis aux enfants de Nadima et Sobhi Fakhri qu'elles iront jusqu'au bout ».

Hier à Btedii, colère et tristesse à l’enterrement de Sobhi Fakhri, qui a succombé à ses blessures deux jours après son épouse.

Cinq jours après l'odieux crime de Btedii-Deir el-Ahmar qui a endeuillé la famille Fakhri, faisant deux morts, Nadima et son époux Sobhi, et un blessé, leur fils Roméo, les autorités ont promis aux cinq fils et aux deux filles du couple assassiné qu'elles feront leur devoir « jusqu'au bout ». Autrement dit, qu'elles redoubleront d'efforts pour « lever la couverture politique qui protégeait jusque-là les assassins », connus pour « leur appartenance aux mafias qui sillonnent la région » et « leurs actes criminels à répétition ».
C'est ce qu'a assuré hier soir à L'Orient-Le Jour le président de la municipalité de Deir el-Ahmar, Milad Akouri, également président de la Fédération des municipalités de Deir el-Ahmar. Et ce alors que les villages chrétiens de Btedii et de Deir el-Ahmar sont en ébullition, les criminels n'ayant toujours pas été arrêtés. « Ils étaient neuf environ, nous les connaissons et les avons identifiés, plus particulièrement deux d'entre eux qui appartiennent à la tribu Jaafar », assure-t-il. Une tribu chiite des villages de Dar Wassi'a et de Charawneh, à Baalbeck.

 

Ras-le-bol des habitants des mafias de la Békaa
À l'issue des funérailles de Sobhi Fakhri, décédé deux jours après son épouse, « ses enfants ont reçu les assurances du président de la Chambre, Nabih Berry, du commandant en chef de l'armée libanaise, Jean Kahwagi, du commandant des forces spéciales de l'armée (maghaouir) et des députés de la région que les autorités déploieront les mesures nécessaires dans ce sens, souligne M. Akouri. Nous ne voulons rien entreprendre de manière unilatérale car nous sommes convaincus que l'État doit enfin prendre les mesures adéquates pour permettre à l'armée libanaise de mener à bien sa mission et de faire son devoir », note-t-il à ce propos.


M. Akouri fait également part du ras-le bol des habitants des deux villages endeuillés, dans cette région de la Békaa « où les partis politiques font la loi ». Le président de la municipalité de Deir el-Ahmar refuse d'en dire plus à ce propos, mais on comprend bien qu'il évoque le Hezbollah. « Ce n'est pas la première fois », constate-t-il. Rappelant les circonstances du drame, il raconte que « des membres d'un gang, neuf personnes environ, étaient en fuite à bord de voitures 4x4, poursuivis depuis le matin par des hélicoptères de l'armée. Ils se sont alors arrêtés au domicile de la famille Fakhri pour s'emparer de véhicules de rechange, histoire de ne pas être identifiés par l'armée. C'est alors que le drame a eu lieu ».
Il ne peut aussi s'empêcher de dénoncer « l'incapacité récurrente des autorités à arrêter les membres de ces mafias qui essaiment la région ». « Chaque fois que l'armée est à deux doigts de les arrêter, ils réussissent à prendre la fuite, probablement avertis par un informateur », assure-t-il, évoquant « la protection politique dont bénéficient les malfaiteurs ».

 

Communiqué des notables de Deir el-Ahmar
C'est dans le cadre de cet état des lieux que les notables de la région de Deir el-Ahmar, présidents de municipalité et moukhtars ont demandé hier à la tribu Jaafar de livrer les criminels aux forces de l'ordre afin qu'« ils soient sanctionnés par la justice », pour préserver « les relations de bon voisinage ». « Nous réitérons la demande formulée dans le communiqué que nous avons publié le 12 novembre à l'issue de l'odieux assassinat qui s'est déroulé dans le village de Btedii, et invitons la famille Jaafar à prendre ses responsabilités et à remettre les assassins aux autorités compétentes », souligne le communiqué.
Les notables de la région n'ont pas manqué d'exprimer leur surprise, suite au communiqué publié la veille par la tribu Jaafar de Charawneh-Dar el-Wassi'a. « Ce communiqué contient un certain nombre d'erreurs que nous tenons à éclaircir et corriger, ajoutent-ils. Ce qui s'est passé dans le village de Btedii est un crime terroriste par excellence et non pas un incident, comme l'a décrit le communiqué publié par les Jaafar. » Et d'indiquer que « ce crime n'est pas à caractère politique, ni même confessionnel, car les criminels sont connus dans la Békaa et dans le pays pour leurs actes ignobles, et ne font aucune distinction entre la religion, la communauté, le rite ou le parti politique ».


Commentant les explications de la famille Jaafar, le communiqué note que « leurs propos sont des aveux clairs que les assassins sont de la famille Jaafar, une information qui devrait être prise en considération par le parquet et inciter les autorités à réagir ». Le communiqué ajoute qu'une « demande de protection (comme présentée par les Jaafar) ne justifie pas l'assassinat horrible d'une mère et d'un père de famille innocents ». « Cette justification est donc inacceptable », précise-t-il. Commentant enfin les faits tels que racontés par la famille Jaafar, le communiqué assure qu'il « n'y a pas eu de bousculade » au domicile des défunts « ni des coups de feu tirés de plusieurs directions ». « Cette version de la réalité est fausse, c'est la raison pour laquelle nous laissons aux services de sécurité le soin de faire toute la lumière. »
S'adressant enfin aux autorités et aux partis politiques, le communiqué leur demande « de lever toute couverture politique susceptible de protéger les assassins, et ce pour préserver la paix civile dans la Békaa-Nord ».


Parallèlement, les voix chrétiennes n'ont cessé de multiplier les condamnations, invitant l'État à arrêter les coupables, au lendemain de la conférence de presse du leader des Forces libanaises, Samir Geagea. Parmi les réactions enregistrées, celle de la Ligue des députés de Zahlé (14 Mars), présidée par le député Tony Abou Khater, qui a invité « à la solidarité avec l'armée afin qu'elle combatte le terrorisme et les mafias armées qui se livrent aux enlèvements et aux vols ». De même, l'évêque maronite de Batroun, Mgr Mounir Khaïrallah, a estimé « inadmissible que des citoyens paisibles subissent les conséquences des failles sécuritaires ».

 

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commentaires (2)

Btedii et ses Fakhri attendront longtemps encore ; surely !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 03, le 19 novembre 2014

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Commentaires (2)

  • Btedii et ses Fakhri attendront longtemps encore ; surely !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 03, le 19 novembre 2014

  • RAS-LE-BOL ! FREIN À LA CONVICTION DE COUVERTURE ET D'IMPUNITÉ DE CERTAINS ! ILS ONT FAIT DU PAYS UNE JUNGLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 51, le 19 novembre 2014

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