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Moyen Orient et Monde

« La réalité avec Arafat ? On ne pouvait pas conclure d’accord de paix avec lui, mais on n’a pas non plus réussi sans lui »

À Ramallah, un vieil homme palestinien marche devant le portrait de Yasser Arafat, l’ancien leader de la cause palestinienne. Abbas Momani/AFP

Les États-Unis avaient fait de Yasser Arafat un obstacle à la paix avec Israël. Mais dix ans après la mort du chef palestinien, un accord historique reste hors de portée.
« La réalité avec Arafat est qu'on ne pouvait pas conclure d'accord de paix avec lui, mais qu'on n'a pas non plus réussi sans lui », résume Aaron David Miller, expert du centre d'études Woodrow Wilson à Washington et ex-conseiller de six secrétaires d'État américains sur ce dossier qui empoisonne la communauté internationale depuis près de sept décennies.
Et la dernière tentative acharnée de médiation américaine par le chef de la diplomatie John Kerry n'a pas mis fin à la loi des séries : depuis les accords d'Oslo en 1993, toutes les dministrations américaines se sont cassé les dents sur le processus Israélo-palestinien. De fait, la perspective d'un règlement du conflit n'a jamais été « aussi lointaine depuis 1993, lorsque Arafat et (le Premier ministre Israélien de l'époque Yitzhak) Rabin avaient lancé des négociations », souligne Hussein Ibish, chercheur au centre American Task Force on Palestine. « Arafat a créé les conditions d'un accord. Il a été le premier à accepter une solution à deux États, il a changé la dynamique palestinienne », défend M. Ibish. M. Miller reconnaît aussi que le chef palestinien, mort près de Paris le 11 novembre 2004, « avait la crédibilité, l'autorité, la légitimité pour garder le contrôle sur le mouvement palestinien (...) et pour, s'il l'avait voulu, sceller un accord » avec Israël. Rien de tel avec son successeur, le président Mahmoud Abbas, qui n'a, selon M. Miller, « ni l'autorité ni la légitimité de la rue ».
Dans la rue palestinienne, l'image de Yasser Arafat reste omniprésente, dix ans après sa mort. À l'image du camp de réfugiés d'al-Jalazoun en Cisjordanie occupée, où les portraits d'Arafat sont partout, de la place Arafat jusqu'aux murs des maisons où les Palestiniens conservent religieusement l'image de celui qui incarne leur combat. « Arafat est le père de la cause palestinienne, il a porté haut le nom de la Palestine et les droits des réfugiés », lance fièrement Ahmad Massoud, 90 ans, qui a fui lors de la « Nakba », la catastrophe en arabe, en 1948, lorsque l'État d'Israël était créé. Chassé de son village proche de l'actuelle Tel-Aviv, il a trouvé refuge près de Ramallah, dans le camp d'al-Jalazoun où il entretient jalousement la mémoire d'Abou Ammar, le nom de guerre de Yasser Arafat. « Ce que j'aime en lui, c'est que c'est une figure historique et nationale », poursuit-il. « Il est pour toujours dans nos cœurs et dans nos esprits, lui et les idées qu'il a portées », poursuit le vieil homme dans un filet de voix. Cela dit, pour de nombreux Israéliens, Yasser Arafat, coiffé de son éternel keffieh à damier noir et blanc, reste l'incarnation du « terroriste ». Malgré tout, une minorité d'entre eux salue quand même celui qui a osé conclure les premiers accords avec l'État hébreu.

Les États-Unis avaient fait de Yasser Arafat un obstacle à la paix avec Israël. Mais dix ans après la mort du chef palestinien, un accord historique reste hors de portée.« La réalité avec Arafat est qu'on ne pouvait pas conclure d'accord de paix avec lui, mais qu'on n'a pas non plus réussi sans lui », résume Aaron David Miller, expert du centre d'études Woodrow Wilson à Washington...

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