Lettre ouverte à M. Nicolas Fattouche

Monsieur le Député,
Je fus très choqué, comme beaucoup de mes compatriotes, d'apprendre que vous avez insulté, puis violemment saisi par les épaules une employée du Palais de justice de Baabda pour la simple raison qu'elle vous a fait attendre quelques minutes avant de s'occuper de votre dossier. Ce comportement de la part d'un avocat, qui de surcroît est un élu de la nation, est non seulement répréhensible mais gravissime. Comment qualifier autrement un acte de violence verbale et physique commis par un homme à l'encontre d'une fonctionnaire de l'État? Comment peut-on accepter le fait qu'un avocat de votre trempe, censé parfaitement connaître le droit des citoyens et les lois qui régissent leurs rapports, puisse commettre un tel acte? Enfin comment admettre qu'un député libanais ayant exercé aussi des fonctions ministérielles et devant représenter nos valeurs et notre éthique les piétine de cette manière ? Je me pose la question de savoir, monsieur le Député et Ancien Ministre, quelle a été votre position lors du vote au Parlement de la loi sur la violence à l'encontre des femmes au sein des familles. Si vous n'avez pas voté cette loi, je conclurai que votre comportement d'il y a quelques jours n'a rien de surprenant puisque malheureusement il traduit vos convictions personnelles, qui maintenant éclatent au grand jour. Dans le cas contraire et au vu de cette explosion d'arrogance et d'agressivité de votre part, on pourrait penser que soit vous désapprouvez la violence dans les familles mais que vous l'acceptez en dehors du cadre familial, ou que tout simplement, vous acceptez la violence. En tout état de cause, tout cela soulève beaucoup de questions. Sans vouloir pousser l'analyse plus loin, un tel acte est intolérable et condamnable quel que soit son auteur, et encore moins de la part d'un homme de votre notoriété. Monsieur le Député, pour laver l'affront fait à cette dame et à vos compatriotes, il ne suffit pas de faire vos excuses, même publiques. Il faudrait que votre courage moral ait la même intensité que votre promptitude à vous emporter et avoir recours à la violence. À cette fin, vous devriez volontairement consentir à renoncer à votre immunité parlementaire, à plaider coupable et à accepter le verdict de la justice. Ce faisant, vos compatriotes vous jugeront peut-être avec un peu de clémence.