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Lifestyle - Rencontre

Arpie Mangassarian, tout feu, tout flamme!

Arpie Mangassarian est un personnage de roman qui se situerait à Bourj Hammoud. Folle du Liban, folle de Beyrouth et de son petit coin d'Arménie, elle est architecte, chef du département d'architecture et d'urbanisme à la municipalité de Bourj Hammoud, guide et enfin fondatrice et directrice de l'association Badguèr. Mais surtout, elle est gardienne de ces lieux et des artisans qui y évoluent, parfois difficilement.

Arpie et Noubar Mangassarian.

Le rendez-vous est pris à midi à Badguèr, le repère d'Arpie Mangassarian et sa fierté. À la fois association qui œuvre pour la valorisation et la transmission du patrimoine culturel arménien et restaurant éponyme. La maison rose, aujourd'hui entièrement rénovée, conserve encore les couleurs du passé, une histoire réinventée et une belle sérénité. Inaugurée à l'occasion de la célébration du génocide arménien, elle se compose, à l'étage, d'un atelier de formation et d'un espace d'exposition, et au rez-de chaussée, d'une grande salle qui sert, aux férus de plats épicés, des repas arméniens midi et soir.


Badguèr, une fenêtre sur la culture arménienne au Liban



Sur une table, au fond, comme coupé du monde, le père d'Arpie, Noubar, 94 ans, ancien cheminot et dessinateur mécanique, lit tranquillement son journal, avant de sortir de son silence et de se mettre en colère contre les injustices du monde. « C'est pour lui aussi que je fais tout ça. Ma famille m'a appris à apprécier la culture, la musique, la danse, le chant et l'art. Ma famille, c'est mon cœur ! »


Quand la rue Marache se pare de rouge

 

Tout ça, c'est en effet beaucoup de choses que Arpie, tout feu, tout flamme, entreprend avec une détermination, voire une certaine autorité qui la caractérisent. En revenant sur son parcours, qu'elle agrémente de tous les détails possibles, elle invite son interlocuteur à un savoureux voyage, tout comme ses « souberek » et ses « mante » qu'elle partage fièrement, « pour mieux comprendre la culture arménienne ».


Stilettos et simili Louboutin

 


Arpie a obtenu son diplôme d'architecte à l'Alba, en 1985. « J'ai travaillé dans de nombreux bureaux, dit-elle. Parfois, il nous fallait braver les bombes pour y aller... À la fin, j'étais fâchée avec le Liban. » Ainsi, et pour « le punir » de maltraitances envers des citoyens fidèles et résistants, elle s'envole pour l'Arménie, passe plusieurs mois à Erevan et collabore avec le musée du peintre Martiros Sarian. « Nous étions chargés de répertorier les pièces des monuments détruits dans la région. Entourés de coquelicots, de verdure et sous un magnifique ciel bleu, poursuit-elle, nous avons accompagné ce travail de nombreux croquis. »


Points Marache, Van et Urfa

 

 

Nostalgie

À son retour au Liban, car elle n'a pas pu longtemps résister à l'appel du cœur, « j'en suis amoureuse », s'écrie-t-elle, elle collabore avec Hamaskayine, une association culturelle, avant de devenir chef du département d'architecture et d'urbanisme à la municipalité de Bourj Hammoud. Mais ce n'est pas tout ! En 1997, Arpie éprouve le besoin de reprendre le chemin de la fac pour accomplir une formation d'urbaniste.


Le Christ, les antiquités et les copies

 


En développant son projet de diplôme, elle réalise que ce petit coin qu'elle aime, qu'elle a toujours envisagé comme un espace culturel où elle se rendait occasionnellement, était en fait un magnifique lieu de vie. « J'ai voulu changer l'opinion des gens et effacer de leur esprit le mot ghetto. J'ai voulu aussi que la culture soit à la portée de tous et que Bourj Hammoud rayonne. » Alors, en y sillonnant les ruelles et les impasses, elle découvre un à un tous ces artisans cachés mais talentueux qu'elle qualifie de « fabuleux héros », capables de l'aider à créer une « plate-forme culturelle ». Pour partager sa passion et ses découvertes, pour bouger les choses, Arpie organise des visites guidées, établit un lien entre les étrangers et les habitants et artistes du coin.


De l'art dans le garage

 


Elle les sort de l'anonymat et met en avant leurs talents. En 2009, et suite à l'initiative d'Émile Nasr, sa fille Myriam Shuman et de l'Agenda culturel, « ses » artistes exposent au Garden Show. « Tu t'imagines, souligne-t-elle à sa manière, nous avions rempli toute une allée ! »


Derrière la vitrine du joaillier

 


En 2005, et grâce à un héritage inattendu – le hasard fait parfois bien les choses –, elle rachète une maison qui a un caractère, la réaménage et en fait un espace d'accueil.
« La maison des artisans arméniens » sera ainsi un lieu chargé de promouvoir l'artisanat ancestral arménien, les métiers de cuir, l'orfèvrerie, la broderie. Des soirées musicales y sont également organisées.
Aujourd'hui, et avec l'assistance de Sarine Hagopian, Arpie propose des visites sur rendez-vous et un parcours complet qui permet au visiteur de découvrir tout le charme et les richesses de Bourj Hammoud. Des liens, amicaux ou professionnels, se tissent ainsi, et notre guide est heureuse.


Les délices du fond de la ruelle

 


Enfin, et pour l'avenir, Arpie s'impatiente. En effet, l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) a lancé un programme qui a pour objectif de promouvoir les industries culturelles et créatives de ses pays membres ou en développement. Il permettra aux groupes choisis de bénéficier d'une assistance technique dans le développement de leurs produits afin d'accéder à de nouveaux marchés. Et les artisans de Bourj Hammoud pourraient être concernés...
« Nous ne possédons rien, conclut l'insatiable Arpie. Nous sommes juste des gardiens, des passeurs... »


Sous le ciel de Bourj Hammoud

 

Le rendez-vous est pris à midi à Badguèr, le repère d'Arpie Mangassarian et sa fierté. À la fois association qui œuvre pour la valorisation et la transmission du patrimoine culturel arménien et restaurant éponyme. La maison rose, aujourd'hui entièrement rénovée, conserve encore les couleurs du passé, une histoire réinventée et une belle sérénité. Inaugurée à l'occasion de la...

commentaires (2)

Quelle belle promenade pour commencer ma journée! J'espère pouvoir la faire bientôt "pour de vrai"

Atallah Mansour Simone

11 h 11, le 13 octobre 2014

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Commentaires (2)

  • Quelle belle promenade pour commencer ma journée! J'espère pouvoir la faire bientôt "pour de vrai"

    Atallah Mansour Simone

    11 h 11, le 13 octobre 2014

  • Bravo Arpie

    Vahe Atmadjian

    08 h 38, le 13 octobre 2014

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