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Liban - Liban

Transformés en dépotoir, les rives et le lit de Nahr Ibrahim nettoyés par des volontaires

Une centaine de Libanais armés de pinces et de sacs plastiques ont ramassé dimanche les déchets qui transforment les vallées de Nahr Ibrahim, à Chouane, en dépotoir.

Des participants ont été jusqu’à plonger parmi les déchets pour rendre aux eaux de Nahr Ibrahim leur clarté.

Il flottait, dimanche, comme un air de vacances dans les vans qui faisaient la navette entre Jounieh et Chouane, pour y amener des jeunes prêts à nettoyer le site naturel des tas d'immondices « oubliées » là par des campeurs et des marcheurs peu scrupuleux. Dans un bus brinquebalant qui diffuse Tracy Chapman, les créatrices de l'événement « Think Clean... for Chouane ! », Léa Saliba et Béatrice Daou, expliquent la raison de l'énergie et du jeune âge des volontaires : « L'histoire a commencé sur les réseaux sociaux. »
Cette histoire, c'est celle des deux campeuses qui n'ont pas la trentaine et qui, dégoûtées de voir les déchets s'accumuler dans les sites naturels, décident de « nettoyer leur pays », en commençant par Nahr Ibrahim. Elles créent un événement sur Facebook où d'autres volontaires les rejoignent pour rendre propres les berges du fleuve qui traverse Chouane, non loin de Yahchouch. L'appel pour que retrouve son éclat « la seule vallée vraiment sacrée pour les Phéniciens », où selon la légende le dieu grec de la beauté Adonis aurait trouvé la mort, trouve un écho auprès de dizaines de Libanais. Des sponsors aussi remarquent l'initiative. Live Love Beirut, organisation de jeunes promouvant « la beauté du Liban », la réserve de la biosphère de Jabal Moussa adjacente à Chouane, la Défense civile ou encore des marques libanaises apportent leur soutien aux amoureux du site naturel, à qui ils fournissent matériel de nettoyage et repas.

 

(Lire aussi : « Un permis pour abattre un million de mètres carrés d'arbres à Janné », dénonce le LEM)

 

Un site naturel en danger
Voilà les participants armés de grandes pinces et de centaines de sacs plastiques, nécessaires à cet immense défi, car c'est plutôt aux écuries d'Augias que font penser les rives et les eaux du fleuve dit d'Adonis. « Cela ne suffira pas, bien sûr, déplore Léa Saliba, au milieu des canettes et bouteilles en plastique qui jonchent le sentier de randonnée. Il faudrait au moins deux ou trois autres opérations de nettoyage pour en venir à bout. » Dans cette perspective, Léa et Béatrice prévoient d'organiser d'autres événements, dont la date reste à fixer. Pour le nettoyage de dimanche, les participants se sont concentrés sur les berges du fleuve, ainsi que sur le sentier de randonnée surplombant la vallée, pour évacuer une grande partie des déchets qui gâchent la vue aux visiteurs. Des camions à benne réservés pour l'occasion auront effectué plusieurs allers-retours au cours de la journée, afin de collecter les sacs remplis durant plus de 6 heures par les participants. Des scouts ont même plongé dans les eaux « bleues dorées » du fleuve, chargées de tant de détritus qu'elles ressemblent à des égouts, pour les rendre plus claires.


« Chouane abrite notamment des cyclamens ou encore de l'origan libanais, qui sont des espèces endémiques », explique Joëlle Barakat, membre de l'Association pour la protection de Jabal Moussa. « Ces tas de saletés mettent en danger 20 à 30 espèces de plantes qui ne se trouvent nulle part ailleurs. Les grands mammifères, comme la hyène striée ou encore les renards et loups, ne peuvent pas non plus vivre dans une poubelle. » Pour la jeune femme, c'est tout l'écosystème autour de la rivière qui est menacé, et pas seulement par les déchets. « Si le projet de construction du barrage de Janné, en amont du site que nous nettoyons, est mené à terme, alors tout sera asséché et l'écosystème détruit », dénonce un participant de « Think Clean... for Chouane ! ». Un combat de plus pour les écologistes, qui regrettent ce qu'ils appellent « l'illégalité du projet, au regard du décret signé en 1997 par le ministère de l'Environnement et qui classe le lieu site naturel. Mais personne ne protège la vallée, dont les héritages naturel et culturel sont pourtant inestimables ».


À l'instar de Joëlle Barakat, les membres de l'Association de protection de Jabal Moussa (APJM) qui ont participé au nettoyage restent positifs. « Nous comptons bien inaugurer un réseau de quelques sentiers, parmi lesquels celui emprunté pour la randonnée, dans les mois à venir, déclare la jeune femme. Cela permettrait à l'APJM de gérer le site comme les autres parties de Jabal Moussa, avec l'installation de guides à l'entrée des chemins de randonnée, ainsi que d'un petit local pour le personnel de Jabal Moussa, qui pourrait surveiller et protéger le site. » Une telle initiative aura au moins le mérite de le préserver et de veiller sur sa propreté.

 

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commentaires (2)

QUI NETTOYERA LES AUTRES... DÉPOTOIRS (?) ?

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 23, le 08 octobre 2014

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Commentaires (2)

  • QUI NETTOYERA LES AUTRES... DÉPOTOIRS (?) ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 23, le 08 octobre 2014

  • Incroyable, ce manque de respect pour l'environnement!!! Pourquoi se rendre dans la nature si l'on n'en connait pas la valeur?

    NAUFAL SORAYA

    07 h 18, le 07 octobre 2014

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