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Moyen Orient et Monde - Rencontre

« Au Proche-Orient, toute action qu’on peut mener a des conséquences imprévisibles »

À l'occasion du sommet de l'Otan qui s'est ouvert hier au Royaume-Uni, l'ambassadeur britannique Tom Fletcher a consacré à « L'Orient-Le Jour » un entretien à bâtons rompus exposant les positions de son pays sur les sujets chauds de l'actualité.

On est bien loin de ces diplomates austères installés dans leur tour d'ivoire. Décontracté, cool, plein d'énergie et d'idées, Tom Fletcher, l'ambassadeur du Royaume-Uni au Liban, brise en deux minutes les préjugés et les stéréotypes qu'on peut avoir d'un ambassadeur, surtout celui de l'une des cinq puissances de ce monde.
À l'occasion du sommet de l'Otan qui s'est ouvert hier à Newport, au Royaume-Uni, l'ambassadeur britannique a consacré à L'Orient-Le Jour un entretien à bâtons rompus exposant, sans « langue de bois », comme il aime si bien le rappeler, les positions de son pays sur les sujets chauds de l'actualité : Russie, Syrie, « État islamique »...


« C'est un grand moment pour mon pays », affirme d'emblée l'ambassadeur britannique. Le sommet de l'Otan qui a lieu actuellement à Wales réunit le plus grand nombre de dirigeants pour la première fois dans l'histoire du Royaume-Uni. Il faut dire que l'enjeu est de taille. « Le sommet de l'Otan vise à faire respecter et à défendre nos valeurs communes, à affirmer les principes mêmes de l'Alliance : à savoir la défense collective », précise Tom Fletcher. En effet, « cette rencontre devrait être une occasion d'envoyer un message clair afin de réaffirmer nos valeurs et notre soutien à nos alliés », ajoute-t-il, en faisant allusion au conflit actuel en Ukraine, qui est le sujet principal au menu des discussions.
« Je suis sûr qu'on pourrait trouver une solution diplomatique aux problèmes qui menacent l'Europe de l'Est. Nous avons tous intérêt à trouver une réponse diplomatique. Et c'est beaucoup plus important que d'envoyer un message hostile aux Russes », insiste-t-il, tout en ajoutant : « Je préfère qualifier ce sommet de sommet "pour", au service d'une cause, et non pas "contre". »
En tout cas, l'ambassadeur britannique estime suffisantes et efficaces les pressions diplomatiques et les sanctions économiques, malgré l'intervention militaire des Russes en Ukraine. Selon lui, « un dialogue ferme et néanmoins respectueux avec Moscou pourrait aboutir à une solution ».

 

Soutenir les alliés
Pour Tom Fletcher, le gouvernement britannique a été très critique à l'égard de l'intervention russe en Ukraine. Le président ukrainien Petro Porochenko est déjà à Newport, où il s'est entretenu avec plusieurs dirigeants occidentaux, juste avant l'ouverture du sommet de l'Otan qui doit assurer que l'Alliance va soutenir ses alliés et renforcer le soutien de ses membres pour défendre l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
Selon lui, « les crises actuelles en Ukraine mais aussi au Proche-Orient sont un défi majeur pour l'Europe et l'Otan qui se complètent. L'Union européenne est aujourd'hui un géant économique qui est appuyé militairement par l'Alliance atlantique ». D'où l'importance de ce sommet qui vise à dessiner pour les années à venir une stratégie forte, claire et unifiée. « Les dirigeants de l'Alliance n'ont plus le luxe de se réunir pour faire des discours sans fin », ajoute-t-il.

 

Envoyer un message ferme
Ainsi, « le message doit être clair et ferme face à ceux qui menacent nos valeurs de démocratie et de liberté. Je ne pense pas seulement à certains pays, mais aussi à des mouvements comme l'État islamique (EI, ex-Daech) », précise Tom Fletcher.
En effet, l'autre menace qui est au menu des discussions est l'EI. « Les jihadistes sont un danger réel qui s'est affirmé à travers une barbarie effroyable, tout en utilisant les moyens modernes de communications et de propagande, à savoir l'image-choc et les réseaux sociaux pour semer la terreur », explique l'ambassadeur britannique. « Ils s'appellent État islamique. Mais ils n'ont rien d'islamique et rien d'un État », dénonce-t-il. Là aussi, estime Tom Fletcher, l'Otan doit être ferme pour combattre ce que représentent les jihadistes comme valeurs et idéologie.
Autre sujet chaud de l'actualité, le dossier syrien. L'ambassadeur Fletcher justifie le refus des parlementaires britanniques à mener une opération militaire contre le régime d'Assad en Syrie, notamment après les accusations d'utilisation d'armes chimiques. Selon lui, l'inaction sur le plan militaire ne signifie pas du tout que le gouvernement britannique n'a pas œuvré politiquement pour trouver une solution en Syrie, et sur le plan humanitaire pour alléger les souffrances d'une population décimée.

 

L'EI tire sa force des exactions commises par le régime syrien
« Il est très difficile de prédire ce qui se serait passé si nous avions eu recours à une opération militaire contre le régime syrien il y a un an. Or, au Proche-Orient, toute action qu'on peut mener a des conséquences imprévisibles. Toutefois, il est erroné de dire que l'inaction des Occidentaux a créé l'EI », affirme Tom Fletcher, avant d'ajouter : « Le seul fait établi est que l'EI tire sa force des exactions commises par le régime syrien. Tant qu'Assad reste au pouvoir et continue à commettre des crimes contre sa propre population, les jihadistes se renforceront. »
Dans ce cas précis, ajoute le diplomate britannique, « le proverbe qui dit les ennemis de mes ennemis sont mes amis n'est pas valable. Nous devons combattre l'EI, et le régime syrien n'est pas notre allié dans ce combat. Les crimes de Daech n'effacent pas les crimes du régime syrien ».

 

À la recherche d'un consensus politique
En tout état de cause, « nous ne voyons pas Assad comme faisant partie de la solution en Syrie. Trop de personnes sont mortes. Il y a eu beaucoup de souffrances pour que ce régime reste en place », martèle Tom Fletcher qui insiste sur le fait de trouver un processus politique qui mène vers un consensus en Syrie, comme c'est le cas actuellement en Irak.
« J'ai néanmoins l'impression que même les alliés d'Assad ont réalisé qu'une victoire militaire du régime syrien est improbable, et que seule une solution politique doit être trouvée. En fin de compte, on est obligé à trouver un compromis, un accord. Et le plus tôt les belligérants comprendront cela, le plus tôt la Syrie sortira de ce bain de sang », insiste l'ambassadeur britannique.
Selon lui, « un des problèmes majeurs chez les acteurs politiques au Proche-Orient est leur propension à considérer que le gagnant prend tout ("the winner takes it all"). C'est le cas du gouvernement de Maliki en Irak. Ça ne marche pas. Il faut apprendre à négocier, à faire des compromis », conclut-il.

 

Eclairage

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On est bien loin de ces diplomates austères installés dans leur tour d'ivoire. Décontracté, cool, plein d'énergie et d'idées, Tom Fletcher, l'ambassadeur du Royaume-Uni au Liban, brise en deux minutes les préjugés et les stéréotypes qu'on peut avoir d'un ambassadeur, surtout celui de l'une des cinq puissances de ce monde.À l'occasion du sommet de l'Otan qui s'est ouvert hier...

commentaires (6)

Mister l'ambassadeur britannique ...plagie Monsieur de Lapalisse...la politique britannique serait elle en panne...?

M.V.

17 h 10, le 05 septembre 2014

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Commentaires (6)

  • Mister l'ambassadeur britannique ...plagie Monsieur de Lapalisse...la politique britannique serait elle en panne...?

    M.V.

    17 h 10, le 05 septembre 2014

  • Monsieur l'Ambassadeur, Il ne faut pas oublier que la loi Balfour nous a imposé cette situation chaotique depuis 1917, et c'est bien l'Angleterre qui a mis cette loi en place. ET je ne veux vous faire l'affront de vous rappeler la rentrée massive en Palestine que vous occupiez !!! Respectueusement

    FAKHOURI

    16 h 34, le 05 septembre 2014

  • C'est simplement un rappel en lisant l'article, j'ai enfin appris que la nature m'a doté d'un nez au milieu de la figure !!!! Depuis 1948, c'est toujours les mêmes arguments qui sont avancés sans jamais mettre une solution appréciable par tous les pays de la région... Alors ....

    FAKHOURI

    16 h 31, le 05 septembre 2014

  • UNIQUEMENT "AU PROCHE-ORIENT" ? MON SIEUR L'AMBASSADEUR, BIEN SÛR !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 48, le 05 septembre 2014

  • L'IMPRÉVISIBLE... EN FACE DE : L'IMPRÉVISILE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 00, le 05 septembre 2014

  • Merci Monsieur l'Ambassadeur pour votre vision claire et toutefois nuancée de cet Orient compliqué et complexe ! Merci surtout d'être un exemple rare en Occident à percevoir les réalités graves et dramatiques qui secouent depuis quelques temps l'Orient et à avoir le courage de l'exprimer et de le soutenir par devant des instances occidentales responsables de la paix dans le monde.

    Salim Dahdah

    11 h 39, le 05 septembre 2014

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