Nasrallah appelle à une mobilisation générale contre « Daech, le danger existentiel »

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a appelé vendredi les Libanais et l'ensemble des pays de la région à se coaliser pour faire face à « la menace existentielle » constituée par Daech.
Dans le cadre d'un entretien à la chaîne al-Manar à l'occasion de la commémoration de la fin de la guerre de juillet, Hassan Nasrallah a estimé que « la victoire de la résistance sur le terrain en 2006 avait fait échouer » un plan américano-israélien dirigé contre la résistance, la Syrie, les Arabes, les Palestiniens et l'Iran. Mais l'objectif des États-Unis, d'Israël et de « leurs complices » n'a pas changé, « même s'il y a une nouvelle voie, tracée par les Américains, pour contrôler les sources de pétrole et de gaz, assurer le triomphe d'Israël et imposer les conditions israéliennes aux Arabes et aux Palestiniens, pour l'accomplir ».
Après le retrait militaire américain de la région, « deux éléments sont utilisés dans le cadre de cette nouvelle voie (...), qui est plus dangereuse, parce qu'elle ne vise pas à provoquer la chute de régimes, mais à détruire des États, des armées, des peuples (...) », selon Hassan Nasrallah. « Cette voie, celle des Américains et de leurs alliés dans la région, notamment Israël, vise à tout détruire. Leur but est de créer une nouvelle carte construite sur les restes de pays, de peuples et d'État (...) pour nous mener tous vers une catastrophe (...) et accepter ultérieurement n'importe quoi » de manière à ce que « l'ennemi fondamental se transforme alors en sauveur », a-t-il souligné.
Pour lui, il est clair que ces « deux éléments » sont « les Israéliens, qui veulent torpiller la résistance », et « le courant takfiriste, et plus clairement Daech ». Si « la résistance est capable de faire face à tous les dangers et à tout complot visant notre région », il reste nécessaire de prendre conscience du « danger existentiel qui menace le Liban et la région ».
Concernant le « danger israélien », le secrétaire général du Hezbollah a estimé que « la lutte armée pour la libération » constitue « la seule voie valable, expérience à l'appui ».

« Au service du plan américain »
Mais le grand péril vient, selon lui, de Daech. Aussi le leader du Hezbollah a-t-il appelé les Libanais et les Arabes à « mettre leurs divergences de côté et à réaliser que nous faisons face à un véritable danger pour votre existence, vos "États, vos lieux saints, vos femmes, vos enfants, vos mosquées, vos églises..." ». « Daech est devenu aujourd'hui un État qui contrôle une aire géographique assez vaste en Syrie et en Irak. Il est plus grand que certains États de la région. Il contrôle les sources d'énergie, des rivières et des barrages d'eau importants, possède un arsenal puissant et vend du pétrole (...), sous les yeux impassibles de l'Occident », a-t-il dit.
« Les exactions commises par Daech contre toutes les confessions prouvent que ce groupe veut par la force des armes imposer un mode de vie basé sur la terreur et qui n'a rien à voir avec l'islam, le prophète Mohammad ou le Coran », a-t-il poursuivi, énumérant les crimes de l'organisation et le nombre de parties, amies ou ennemies, contre lesquelles elle s'est battue jusqu'à présent en Syrie et en Irak.
« Le plus grave, c'est que Daech a des assises dans tous les États arabes. Son terreau n'est pas les sunnites, mais ceux qui lancent des anathèmes contre tous ceux qui ne pensent pas comme eux », a-t-il noté. Et de poursuivre : « Certains prétendent que Daech est le résultat des services de renseignements syriens, irakiens et iraniens, ou même que le Hezbollah serait derrière lui... Cela est stupide et ne mérite aucun commentaire. Il y a des États régionaux qui ont parrainé cette organisation. Quant aux Américains, ou bien ils ont un lien avec les propos qui ont été attribués à Hillary Clinton, ou bien ils ont détourné les regards et facilité la tâche pour profiter de ce phénomène. Il est certain qu'il y a un noyautage américain. Daech sert les visées américano-israéliennes. »

« Aux chrétiens du Liban... »
« J'appelle chacun, dans la région, à mettre de côté l'esprit de corps, les antagonismes politiques, partisans et personnels. Ce danger menace-t-il tout le monde ou le Hezbollah seulement ? (...) Non, il menace tout le monde, et les sunnites d'abord. Face à cette réalité, je vous appelle à ne pas présenter cette guerre comme étant confessionnelle, entre sunnites et chiites. Ce n'est pas le cas, car Daech veut éliminer tout le monde. (...) Ils veulent effacer toute l'histoire de la région », a ajouté Hassan Nasrallah.
« Nous devons reconnaître l'ampleur de ce danger qui nous menace et discuter des moyens d'y faire face. Faut-il profiter de l'expérience de la confrontation avec le danger sioniste ? Ou bien faire appel à la communauté internationale ? Pourquoi interviendrait-elle ? Lorsque Daech a envahi Mossoul et les villes irakiennes, commettant des massacres, où était-elle? Pourquoi n'est-elle pas intervenue lors des massacres contre les chrétiens ? L'humanité d'Obama n'a pas vacillé », a-t-il indiqué.
Et de poursuivre : « Je dis aux chrétiens du Liban : si quelqu'un mise encore sur le fait que vous signifiez quelque chose pour les Américains et l'Occident, vous vous faites des illusions. À la moindre menace, ils vous diront qu'ils vous donneront la nationalité, comme la France l'a dit aux chrétiens d'Irak (...). Y a-t-il un Occident qui se soucie des chrétiens de la région ? Ils ne se sont souciés ni des sunnites, ni des chiites, ni des chrétiens, ni des kurdes, ni des yazidis... Ils ne sont intervenus que lorsque Daech est arrivé à Erbil, où se trouvent les intérêts américains et occidentaux. (...) Est-ce sur cette communauté internationale que nous voulons parier ? »

« La Finul ne protège rien »
S'adressant aux Libanais, Hassan Nasrallah a demandé : « Pensez-vous vraiment que si le Hezbollah retirait ses combattants de Syrie, la menace de Daech cesserait d'exister? Pensez-vous que Daech n'a aucune ambition au Liban ? » Et de poursuivre : « Qu'est-ce qui protégerait le Liban, notre présence en Syrie ou notre retrait ? Pensez-vous vraiment que c'est la résolution 1701, que vous voulez élargir à la frontière avec la Syrie, qui a protégé le Sud avec la Finul? De qui vous moquez-vous? Allez demander aux habitants du Sud. Est-il possible de croire qu'Israël respecte les résolutions internationales ou que c'est la 1701 qui protège le Liban (...) ? La Finul a besoin de qui la protéger. Elle ne peut protéger personne. Ce qui protège le Liban et le Sud, c'est l'équation armée-peuple-résistance, la capacité balistique de la résistance et la doctrine de l'armée. »
« Dans les cabinets précédents, certains prétendaient que la distanciation protégeait le Liban. Si Daech vient à contrôler la Syrie et se retrouve aux frontières, il n'y aura plus de danger ? La distanciation protégera-t-elle le Liban? Cette politique de distanciation est-elle viable ? Nous en sommes arrivés à un point où l'armée est massacrée et ses soldats fait prisonniers, et certains continuent d'appeler à la distanciation... », a ajouté le leader du Hezbollah.
Aussi a-t-il invité les Libanais « à revoir leurs positions politiques et à s'unir pour faire face au danger ». Il a appelé, dans ce contexte, à « soutenir et renforcer l'armée libanaise », « préserver le cabinet actuel », « mettre fin aux dissensions sectaires », « opérer des réconciliations au niveau des régions » et à « coopérer avec la Syrie dans le dossier des réfugiés syriens et plus tard, que vous le vouliez ou pas, sur le dossier des frontières ». « La 1701 n'avancera à rien, la Finul ne peut rien faire et l'armée, avec ses capacités, ne peut pas contrôler les frontières », a-t-il noté.
Hassan Nasrallah a enfin souligné l'importance de « soutenir le gouvernement, seule institution active, jusqu'à l'élection d'un nouveau président ». Dans ce contexte, il a estimé que pour sortir de l'impasse actuelle et mettre fin à la vacance à la tête de l'État, « vous savez quoi faire et avec qui discuter, nous soutenons une candidature déterminée, vous connaissez la première lettre de son nom, arrêtez donc de perdre le temps ». « N'allez pas chez des médiateurs. Chez nous, le 8 Mars, il n'y a pas de médiateurs (...) », a-t-il ajouté.

Ils ont dit... en réaction au discours du Hezb