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Liban - Rencontre

Assiri : Le tissu social libanais n’existe nulle part ailleurs dans le monde...

En guise de soutien à la presse libanaise et pour saluer son rôle dans le soutien de la modération, l'ambassadeur d'Arabie saoudite au Liban Ali Awad Assiri s'est rendu au siège du syndicat des rédacteurs.

L'initiative est suffisamment rare pour qu'on s'y arrête, d'autant que l'ambassadeur – qui reste encore une dizaine de jours au Liban – a répondu aux questions des journalistes avec une grande ouverture d'esprit. Le langage est diplomatique, mais le contenu est clair : il faut renforcer la modération.

Le siège du syndicat des rédacteurs était depuis mercredi dans tous ses états. L'ambassadeur d'Arabie Ali Awad Assiri avait annoncé sa visite jeudi matin, mais des informations avaient circulé dans l'après-midi de mercredi sur son départ surprise pour Djeddah. En réalité, l'ambassadeur a effectué une visite éclair dans son pays avant de revenir au Liban pour une dizaine de jours. En dépit de leur curiosité, les journalistes présents ont respecté la discrétion de l'ambassadeur sur les raisons de ce voyage éclair. Le président du syndicat, Élias Aoun, et les membres du conseil étaient donc tous présents pour écouter ce qu'il avait à dire. Après un mot de bienvenue du président du syndicat, l'ambassadeur Assiri a déclaré que même s'il doit quitter le Liban, sa mission touchant à sa fin, ce pays restera dans son cœur et dans son esprit, comme il l'est chez tous les Saoudiens. L'ambassadeur a aussi remercié la presse pour son rôle dans la consolidation des liens entre le royaume saoudien et le Liban. S'adressant directement aux journalistes, il leur a dit : « Vous êtes l'artère qui relie le Liban au monde extérieur et notamment à l'Arabie. »

(Pour mémoire : La victoire à Ersal, le don saoudien et le retour de Hariri ont dynamisé la vie politique)

Assiri a ensuite précisé que ce qui se passe aujourd'hui « n'est pas digne du Liban ». Selon lui, l'extrémisme est étranger au Liban et doit le rester. « Je parle ici d'un immeuble, a-t-il dit, où à chaque étage réside une famille d'une communauté différente et les enfants de toutes les familles sont habitués à jouer ensemble. Ce tissu social libanais n'existe nulle part ailleurs au monde. C'est pourquoi l'identité libanaise n'a pas sa pareille dans le monde et il faut la préserver à tout prix. Le changement qui s'est produit à Dar el-Fatwa (l'élection d'un nouveau mufti, grâce à une double médiation saoudienne et égyptienne) est la concrétisation de la modération requise de la part de toutes les confessions et de tous les Libanais... » Selon Assiri, il ne suffit donc pas de parler de la modération, il faut aussi la concrétiser, et à ce niveau, les médias, dont la presse écrite, ont un grand rôle.

L'ambassadeur saoudien a donc appelé la presse libanais à faire son travail dans l'esprit du dernier message du roi Abdallah d'Arabie qui appelait à combattre le terrorisme, d'autant que « cette pensée totalitaire est éloignée de l'islam et de ses valeurs », a-t-il ajouté. « Cette déviation monstrueuse doit être combattue pas seulement avec les armes, mais aussi avec les esprits éclairés et avec un discours religieux modéré, dans les mosquées et dans les médias. C'est ainsi que nous pourrons protéger nos pays, a encore déclaré Assiri, qui a rappelé que l'extrémisme est un phénomène nouveau au Liban. C'est pourquoi, les Libanais, et les médias en tête, devraient privilégier les voix de la modération. Nous ne devons pas nous entre-tuer, mais dialoguer et nous réconcilier. Nous devons tous être mobilisés dans ce but », a-t-il affirmé.

(Pour mémoire : Hariri : Nous ne laisserons pas une minorité d'extrémistes nous dissocier de nos partenaires)

Gaza

En dépit d'un rendez-vous fixé avec le nouveau mufti à Dar el-Fatwa, l'ambassadeur a pris le temps de répondre à quelques questions. La première portait sur Gaza et demandait si la cause palestinienne est toujours une priorité pour l'Arabie. L'ambassadeur a répondu que depuis son enfance, lorsque à la fête, ses parents lui donnaient un rial, il le reversait pour la Palestine. Celle-ci est, selon lui, dans la conscience, le cœur et l'esprit de tous les Saoudiens, qui ont grandi avec elle. « Mais aujourd'hui, nous devons affronter un phénomène qui est apparu au sein de l'islam et auquel nous n'avons pas fait d'abord attention. Le bouillonnement dans la religion islamique est apparu en 1979. En toute sincérité et objectivité, je peux dire que je n'ai su que j'étais sunnite qu'avec la révolution de Khomeyni. Avant cela, je savais que j'étais musulman, et nous accueillions en Arabie les pèlerins iraniens avec beaucoup d'amour et de respect... » Mais désormais, selon lui, « nous sommes confrontés à un ennemi qui veut nous éliminer tous, sans distinction, et la presse a eu un rôle important en Arabie dans la promotion de la modération ».

Le milliard, Hariri et le Hezbollah

À un journaliste qui lui demandait pourquoi le don d'un milliard de dollars à l'armée a été confié à Saad Hariri et non au gouvernement, l'ambassadeur a lancé dans une boutade : « Alors vous voulez qu'on reprenne l'argent ou qu'on le donne à Solidere ? » avant d'ajouter que le souci principal de l'Arabie est que ce don se concrétise rapidement et ne se perde pas dans la bureaucratie libanaise. « D'autres dons ont tardé à se concrétiser, a-t-il dit, à cause des procédures. Mais la priorité pour le roi est de contribuer à aider les forces et les services de sécurité pour protéger le Liban. Par exemple, si la Sûreté générale dispose d'un système de contrôle biométrique, cela aidera au contrôle des frontières... Cheikh Saad a vu toutes les parties concernées et il a écouté leurs besoins qui seront transmis au royaume pour que le matériel soit acheté. »

(Lire aussi : Washington et Londres au secours de l'armée pour combattre le terrorisme)

À la question de savoir si ce don est destiné à pousser l'armée à combattre le Hezbollah, l'ambassadeur a précisé que le royaume saoudien « est bien trop noble pour avoir de telles arrière-pensées ». « Ce que nous offrons, a-t-il ajouté, est destiné à servir le Liban et à le protéger. Les armes seront données à l'armée qui représente tout le Liban et qui est formée de Libanais de toutes les confessions. Je vous prie de ne pas avoir de pensées négatives. Le royaume ne veut absolument pas que les Libanais s'entre-tuent. Au contraire, il veut que les Libanais soient unis et nous avons des expériences dans le passé qui le prouvent. Lorsque je participe à une cérémonie pour les officiers, qui appartiennent à toutes les confessions, je suis heureux... »

Interrogé sur le timing du retour de cheikh Saad et s'il y a eu un arrangement à ce sujet avec des parties régionales, l'ambassadeur a répondu que cheikh Saad est revenu dans son pays au bon moment. Le changement à Dar el-Fatwa encourage à aller de l'avant. Mais la vigilance reste de mise. De plus, il y a actuellement des échéances importantes, et comme il constitue une composante importante du tissu social libanais, son retour était nécessaire...

Au sujet de l'échéance présidentielle, l'ambassadeur a précisé que le royaume n'intervient pas dans les noms, mais encourage les Libanais à trouver une solution. « Preuve en est lors de la formation du gouvernement. Elle a pris une dizaine de mois et le royaume n'est pas intervenu », a-t-il déclaré.
Sur la possibilité d'une entente irano-saoudienne qui aurait commencé en Irak, l'ambassadeur a répondu qu'il n'est pas responsable de ces dossiers, mais il pense que le changement en Irak pourrait avoir des répercussions positives dans la région et ouvrir de nouveaux horizons...

Pourrait-on par exemple voir dans un proche avenir un large front de lutte contre le terrorisme qui engloberait le roi Abdallah et le président syrien ? L'ambassadeur a rappelé que le royaume est avec l'unité du peuple syrien et la stabilité de la Syrie, d'aujourd'hui. La situation en Syrie est difficile, mais nous espérons que la paix y règne prochainement. D'autant que le Liban est touché par ce qui se passe en Syrie et accueille plus d'un million de réfugiés...


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