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Liban - Pénurie

Électricité : projets en panne, gabegie et corruption

Le président de la commission parlementaire de l'Énergie a dressé un sombre état des lieux du secteur.

Le député Mohammad Kabbani, président de la commission de l’Énergie, a brossé un sombre tableau du secteur électrique. Photo ANI

Que ce soit par la voix du ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, ou par celle du président de la commission parlementaire des Travaux publics et de l'Énergie, Mohammad Kabbani, le dossier de l'électricité était en vedette hier, aussi bien sous l'angle de son rationnement que sous l'angle de son coût exorbitant pour le Trésor et de l'impuissance du Liban à le maîtriser.

Le ministre des Finances a tempêté, dans une conférence de presse au cours de laquelle il a soulevé le problème des salaires des fonctionnaires contre l'insuffisance de la production et les irrégularités de la distribution du courant. M. Khalil a assuré qu'en sa qualité de député, il entend demander des comptes à EDL, notamment pour les disparités entre une région et l'autre, dans la distribution du courant, et les ratés dans la production.

Le panorama complet de la situation a cependant été apporté par le président de la commission de l'Énergie, Mohammad Kabbani, qui a lu hier, au Parlement, un rapport contenant les conclusions et recommandations du chantier de travail et de la table ronde consacrée au sauvetage du Trésor et du secteur de l'électricité qui s'est tenu au Parlement. Ce chantier de travail s'est tenu en présence des ministres concernés (Énergie-Finances-Environnement-Économie), du gouvernorat de la Banque du Liban, des chefs des administrations concernées, de leaders syndicalistes, sans compter une participation effective de la Banque mondiale et de l'agence de financement internationale IFC et d'un certain nombre de sociétés privées internationales.
Une bonne partie des conclusions et recommandations lues par M. Kabbani sont connues depuis longtemps et ont fait l'objet de rapports antérieurs similaires à celui qui a été établi. C'est sans doute l'absence de volonté politique, ou la collusion financière entre les décideurs et les sociétés privées – notamment les sociétés d'entretien – qui, jusqu'à nos jours, ont empêché ce secteur de se relever et de devenir productif.

 

(Lire aussi: Hors Beyrouth, seulement 13 heures de courant sur 24 cet été, annonce EDL)

 

Un milliard de dollars de pertes annuelles
Voici, selon M. Kabbani, les principales données concernant l'électricité :
- Le déficit annuel d'EDL est d'un milliard de dollars (chiffre de 2013), et répond à lui seul de la moitié du déficit annuel du Trésor.
- Comment s'en étonner, quand on sait que le kilowatt/ heure est vendu au Liban à 9 cents américains, alors que son prix de revient dépasse les 20 cents ? La tarification d'EDL date de 1993, quand le baril de brut était à 23 dollars.
- Il va sans dire que les plus riches, au Liban, sont ceux qui profitent le plus de cette précieuse énergie subventionnée.
- En revanche, le prix du kilowatt/heure des propriétaires de générateurs privés est trois fois supérieur à celui que pratique EDL.
- La facture énergétique moyenne d'une famille libanaise s'élève à plus de 1 200 dollars, dont la majeure partie va aux propriétaires de générateurs.
- 75 % des sociétés privées estiment que le problème du courant électrique est l'un des principaux freins à la croissance.


Les solutions en panne
Le rapport de M. Kabbani passe ensuite aux solutions proposées, pour relever qu'elles sont toutes en panne. Panne du projet de recours au secteur privé sous la forme des « Services providers » (DSP), absence de l'autorité régulatrice susceptible de contrôler ces services, avortement du projet de reconversion au gaz naturel des centrales de Deir Amar et Zahrani, aujourd'hui fonctionnant au diesel oil, le carburant le plus cher, départ de la société danoise chargée d'installer des inverseurs dans les usines de Zouk et Jiyeh, pour des raisons contractuelles et financières, ce qui a entraîné des dépenses restées inabouties (les capacités des deux centrales devraient en être augmentées de 270 mégawatts chacune) ; échec de l'adjudication du projet de réhabilitation des centrales de Zouk et Jiyeh, où – chose suspecte –, seule une société s'est présentée pour chaque centrale, en dépit du retrait de 14 cahiers des charges.

 

(Lire aussi: Le rationnement électrique augmente et le pire est à venir, avertit EDL)

 

L'unique projet proposé pour la centrale de Zouk l'a été pour un coût de 300 millions de dollars, ce qui équivaut au prix d'une nouvelle centrale...Un projet rejeté qui fait l'affaire des centrales flottantes, dont les services seront prolongés dans le temps ; travaux de construction de trois sous-stations principales dans la banlieue sud au point mort, malgré une cérémonie grandissime de pose de la première pierre de l'une d'entre elles.

Dans ses recommandations, le rapport souligne la nécessité d'augmenter la production électrique et de développer le réseau de distribution, et propose que tout le secteur (production, transport, distribution) fasse l'objet d'un partenariat entre l'État et les sociétés privées sous la supervision du Conseil supérieur de la privatisation.

 

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commentaires (2)

ABRUTISSEMENT ET CORRUPTION... DES HUITISTES ET DES QUATORZISTES... LES PLAIES SAIGNANTES DU LIBAN !

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 36, le 08 juillet 2014

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Commentaires (2)

  • ABRUTISSEMENT ET CORRUPTION... DES HUITISTES ET DES QUATORZISTES... LES PLAIES SAIGNANTES DU LIBAN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 36, le 08 juillet 2014

  • Bon ..., nous ne sommes pas dupe ! c'est la partie visible de l'iceberg que relate cet article ...donc , pour la partie immergée une enquête plus approfondie serait peut être plus parlante...!

    M.V.

    09 h 00, le 08 juillet 2014

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