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Diaspora - Parution

L’amour « secret » d’un émigré du début du siècle pour une bien-aimée disparue

Roberto Khatlab présente « Sirr al-Mi'at Am » (Le secret des cent ans), un ouvrage posthume de Chebli Issa el-Khoury, une histoire d'amour qui a plus de cent ans.

Un ouvrage intitulé Sirr al-Mi'at Am (Le secret des cent ans), signé Chebli Issa Khoury, vient de paraître en arabe, aux éditions Dar Saër el-Mashrek, à Beyrouth. Lancé au Salon du livre d'Antélias 2014, cet ouvrage est tiré d'un manuscrit découvert par la fille de Chebli. Celui-ci, né en 1887 à Bécharré, Liban-Nord, est décédé au Brésil en 1980, à l'âge de 93 ans.
Dans sa préface, le directeur du Cecal-Usek, Roberto Khatlab, nous parle d'une histoire « qui incarne à la fois mémoire, romance et drame, mais qui représente également une saga libanaise de l'immigration aux États-Unis et au Brésil. Une vraie histoire d'amour qui dessine la sensibilité et les traditions orientales, et que l'auteur a commencé à écrire en 1904, au tout début de cette romance ».
Il s'agit de la relation de l'auteur avec une certaine T.S., probablement Thérèse, née dans le village de Batroun. Chebli la rencontre dans le village de Aïnata, au nord du pays, alors qu'il est un étudiant de 17 ans. À cette époque, elle n'a que 14 ans et elle est en lune de miel avec son époux libanais qui a l'âge de son père, supposé être un riche immigré aux États-Unis. La rencontre des deux jeunes, Chebli et T.S, fait naître en eux un sentiment profond qui, malgré la distance, les accompagnera durant toute leur vie.
Leur seconde rencontre a lieu en 1908. T.S. rentrait seule des États-Unis, mais la crise financière pousse Chebli à l'émigration au Brésil en 1910. Ce voyage creuse un nouveau fossé entre eux. Le jeune amoureux laisse espérer T.S., lui promettant de rentrer au Liban pour l'emmener avec lui. Mais impossible de communiquer, et l'histoire tourne au drame. T.S. meurt à Batroun en 1915, en pleine Première Guerre mondiale. Trente ans plus tard, à São Paulo, Chebli réunit tous ses Mémoires qu'il rédige sur un cahier en manuscrit.

« Martyr de la fidélité et de l'honneur »
Roberto Khatlab poursuit : « Chebli est un personnage de l'histoire libanaise qui décrit un univers dans lequel il fait face à de nombreux obstacles. Il y rédige l'histoire de sa patrie alors occupée par l'Empire ottoman et retrace les difficultés qu'il a subies, notamment la crise financière, l'émigration, la séparation familiale, l'espérance de jours meilleurs... Afin de garder intact l'impact du souvenir, l'auteur a rédigé l'histoire de sa vie à partir de l'année 1904. Il voulait ainsi perpétuer le souvenir de son premier amour qu'il considère comme le "martyr de la fidélité et de l'honneur, victime du destin et des difficultés". »
« Chebli a connu la joie et enduré la tristesse au Liban, tel qu'il le conte dans son histoire, ajoute le chercheur. Il a émigré au Brésil le 10 mai 1910, dans le but de trouver un travail pour aider sa famille restée au Liban. C'est une histoire qui se répète toujours chez les Libanais. Il a travaillé dans le commerce mais a su préserver sa passion pour la littérature et a maintenu ses rapports avec les écrivains arabes au Brésil, grâce au mouvement de la Nahda, appelé la Nouvelle Andaluzia. »
Le manuscrit de Chebli, un véritable trésor, a été retrouvé après sa mort, en 1980, par sa fille, dans une enveloppe fermée parmi ses livres. Or celle-ci, tout comme son fils José Antonio Alves da Silva, ne connaissait pas l'arabe, et ils se sont trouvés face à une énigme qu'ils décidèrent de résoudre. Ils ont découvert deux phrases de Chebli en portugais : « Cela doit être imprimé (20.12.1974) » et « Je demande que ce soit traduit et résumé (01.01.1977) ».
C'est ainsi que José Antonio se rend au Liban en l'an 2000 et livre le manuscrit à Roberto Khatlab. « Je ne viens pas en tant que touriste au Liban, mais en tant que pèlerin à la source de mes origines maternelles, ainsi que pour exaucer le vœu de mon grand-père Chebli, de rendre hommage à sa place à une Libanaise qu'il a aimée énormément, lui a-t-il dit. Malgré la distance et la souffrance de sa disparition, elle a toujours été un support moral dans la vie professionnelle de mon grand-père qui est la base de ce que nous sommes aujourd'hui : une grande famille unie de travailleurs... »
Voilà qu'un siècle plus tard, ce manuscrit sera publié par la maison d'édition Dar Saër el-Mashrek d'Antoine Saad, avec une actualisation de la langue arabe réalisée par Michel Morcos, sans changement dans son contenu original. Chebli avait terminé ses Mémoires en ces termes : « Mon dernier souhait est de rentrer (au Liban) pour la voir (T.S.) et lui faire mes derniers adieux, ce que je n'ai pas pu lui dire. Si je n'arrive pas à le faire, la nostalgie et la douleur me poursuivront éternellement. »

Cette page est réalisée en collaboration avec l'Association RJLiban. E-mail : monde@rjliban.com – www.rjliban.com

Un ouvrage intitulé Sirr al-Mi'at Am (Le secret des cent ans), signé Chebli Issa Khoury, vient de paraître en arabe, aux éditions Dar Saër el-Mashrek, à Beyrouth. Lancé au Salon du livre d'Antélias 2014, cet ouvrage est tiré d'un manuscrit découvert par la fille de Chebli. Celui-ci, né en 1887 à Bécharré, Liban-Nord, est décédé au Brésil en 1980, à l'âge de 93 ans.Dans sa...