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Liban

Vague de réactions hostiles à la proposition du chef du CPL

La proposition du chef du bloc du Changement et de la Réforme, le député Michel Aoun, d'élire un président de la République à deux tours, le second étant au suffrage universel, a suscité hier une vague de réactions hostiles.

Boutros Harb, député et ministre : « Le général Aoun a désorienté les Libanais, qui ne savent plus comment s'y prendre avec lui. Le seul souci de Aoun est qu'il n'y ait que lui qui soit élu. S'il ne l'est pas, il cherche à voir comment torpiller l'élection. Pour caricaturer, c'est comme celui qui est amoureux d'une femme et qui dit à ses parents que s'il ne l'épouse pas, il la tuera. Pour Aoun, c'est soit être élu, soit bloquer la République. Au plan constitutionnel, je n'ai pas d'inconvénient qu'un président soit élu directement par le peuple, à condition que le régime ne se transforme pas en régime présidentiel. La guerre nous a coûté 150 000 morts pour assurer la participation au pouvoir et la parité. Aoun est maronite et moi aussi. Si l'élection se fait au suffrage universel, n'y aura-t-il pas une atteinte à l'équilibre et à la parité ? L'élection n'aura-t-elle pas été soumise à la décision de la majorité numérique? Aoun est-il prêt à en assumer les conséquences ? Si ce qui est demandé c'est d'éclipser toute voix chrétienne ou de l'affaiblir de manière à ce qu'elle ne soit plus influente, malgré le fait qu'il propose un premier tour au plan chrétien, tout le monde sait ce que cela signifie... Si ce qui est recherché, c'est de torpiller Taëf et de retourner à la loi du nombre pour conditionner nos décisions, cela est rejeté tant par les chrétiens que par les musulmans. Nul parmi les forces politiques qui savent les sacrifices qui ont été consentis pour arriver à Taëf n'acceptera cela. »

Nagib Mikati, député et ancien Premier ministre : « La proposition du général Aoun d'amender la Constitution pour faire élire le président de la République au suffrage universel direct et de faire en sorte que chaque communauté élise ses députés au Parlement, représente un véritable coup d'État, non seulement contre la Constitution et l'accord de Taëf, mais contre le parcours politique du général Aoun depuis son retour au Liban et sa participation effective à tous les gouvernements et tous les scrutins législatifs. Nous appelons le général Aoun à retourner à sa libanité plutôt que de se rabattre sur un discours chrétien, pour que les musulmans ne soient pas tentés, à leur tour, d'abonder dans le discours islamique. Nous aurons, ainsi, ravivé les instincts qui ont porté atteinte au Liban. »

Antoine Andraos, vice-président du courant du Futur, à L'Orient-Le Jour : « Aoun ne décolère pas. Une fois de plus, il dit : moi ou personne, moi ou plus de chrétiens, moi ou la Constituante et la répartition par tiers. Ce qu'il propose est en soi une contradiction : un président chrétien se faisant élire au deuxième tour par une majorité musulmane. Sa proposition semble dirigée contre la fonction du Premier ministre sunnite pour un pouvoir présidentiel. C'est donc aussi un message à Saad Hariri : c'est moi ou le Premier ministre sunnite n'aura plus aucun pouvoir. Cela montre que j'ai eu raison, en ce qui me concerne, de rejeter toute négociation avec un général fou de pouvoir, de guerres, de narcissisme... et de tant de choses encore... »

Dory Chamoun, député et chef du Parti national libéral, au site Now : « La proposition de Aoun provient de l'âge de pierre. Il est inadmissible, pour un pays dont le grand mal est le communautarisme, qu'un homme vienne le consacrer. Ce qu'il faut faire au Liban, c'est séparer le communautarisme de la politique confessionnelle. Aoun souhaite nous ramener des années en arrière pour accéder à la présidence de la République. Je ne sais pas d'où il a ramené toute cette connaissance et cette intelligence, mais sa proposition est honteuse pour le Liban. Il est honteux qu'il y ait, au Liban, une personne qui se considère comme un leader politique et qui puisse faire des propositions de ce genre. Je souhaite lui dire une chose : taisez-vous ! »

Farès Souhaid, coordinateur général du 14 Mars, au site Now : « Comment peut-on proposer un amendement de la Constitution lorsqu'un camp a des armes ? Qui en profitera ? Michel Aoun propose un projet de maronistan au sein du système politique. A-t-il le soutien de Netanyahu, comme les Kurdes, pour former un État indépendant ? A-t-il obtenu des garanties d'Israël pour faire ce genre de propositions ? Ou bien est-il en train de les lancer sans aucun soutien, et donc d'exposer les chrétiens et de les imbriquer dans le conflit régional à un moment de polarisation sectaire interislamique ? (...) Toute cette proposition, c'est du n'importe quoi. »

Antoine Zahra, député des Forces libanaises, à la MTV : « Il s'est tu longtemps, avant de sortir des hérésies sur le plan politique et constitutionnel. Le seul point positif, c'est qu'il semble avoir compris qu'il n'a aucun moyen d'être élu président. Il disait pourtant attendre, depuis quatre mois, des réponses d'ici et d'ailleurs. Dans ses propos, il y a un appel à un changement total du régime parlementaire au présidentiel. En cas de vide présidentiel et de session extraordinaire de la Chambre, cela n'est pas réaliste. L'on ne peut proposer un amendement constitutionnel en l'absence d'un président qui puisse proposer ou d'une Chambre capable de légiférer dans le cadre d'une session extraordinaire – cela si l'on accepte, déjà, la légitimité d'une telle proposition qui émane d'une logique erronée. En fait, Aoun est en train de dire, simplement, que nous devons nous attendre à de longs mois de vide, parce qu'il ne sera pas président, et qu'il faut donc oublier la présidentielle (...). Je m'adresse à la conscience des alliés de Aoun et aux membres de son bloc : (...) Peut-on abandonner aussi facilement le Liban, ses lois et ses institutions juste parce qu'une personne n'a pas réussi à satisfaire ses ambitions ? »

Amine Wehbé, bloc du Futur, au site Now : « Nous sommes surtout opposés à l'amendement de la Constitution. Jusqu'à présent, l'accord de Taëf n'a pas été appliqué. Il faut au moins lui donner une chance de l'être (...). Mais, surtout, nous ne pouvons adhérer à un amendement aussi essentiel tant que certains ont des armes. Sauf si Aoun s'appuie sur cet élément, afin de permettre à un camp d'avoir le dessus. »

Issam Abou Jamra, ancien vice-président du Conseil, ex-CPL : « La proposition de Aoun n'est pas à sa place. Il s'agit d'un changement de régime politique;
ni le temps ni les circonstances ne le permettent. Une telle proposition aurait due être faite à la table de dialogue et être débattue en présence d'un président de la République. Nous œuvrons à partir d'un régime parlementaire qu'il n'est pas facile de transformer en régime présidentiel. L'élection d'un président par le peuple est possible, mais nécessite une étude constitutionnelle approfondie, dans l'intérêt du pays, portant sur les prérogatives et les responsabilités au sein de l'ensemble des pouvoirs. Il aurait mieux valu proposer tout cela il y a six mois. Mais le général Aoun, comme d'habitude, à chaque fois qu'il échoue, doit faire exploser une bombe, qui n'est, cette fois, que sonore. »

Kamel Rifaï, député du bloc du Hezbollah, à al-Markaziya : « La proposition du général Aoun mérite une lecture prudente. C'est sur cette base que nous prendrons position. »

Boutros Harb, député et ministre : « Le général Aoun a désorienté les Libanais, qui ne savent plus comment s'y prendre avec lui. Le seul souci de Aoun est qu'il n'y ait que lui qui soit élu. S'il ne l'est pas, il cherche à voir comment torpiller l'élection. Pour caricaturer, c'est comme celui qui est amoureux d'une femme et qui dit à ses parents que s'il ne l'épouse pas, il la...

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