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Liban - Liban

Barrage de Janné : Mohammad Machnouk demande une nouvelle fois l’arrêt des travaux

Le ministre de l'Environnement juge qu'une nouvelle étude d'impact environnemental est nécessaire, son collègue à l'Énergie et l'Eau qualifie cette décision de « non contraignante », mais n'exclut pas « des améliorations ».

Mohammad Machnouk en réunion avec une délégation de représentants d’associations environnementales. Photo Dalati et Nohra

Un nouveau rebondissement dans l'affaire du barrage de Janné (Nahr Ibrahim, Jbeil) a eu lieu hier. Le ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk a tenu une réunion avec plusieurs représentants d'organisations écologiques, connues pour leur opposition au barrage, pour les notifier de sa décision de demander au ministre de l'Énergie et de l'Eau Arthur Nazarian de suspendre les travaux sur le projet, en attendant une nouvelle étude d'impact environnemental.

Rappelons que le ministre Machnouk avait demandé au ministère de l'Énergie et de l'Eau d'interrompre les travaux une première fois il y a plusieurs semaines, étant donné que l'étude d'impact environnemental du projet – obligatoire en cas de barrage suivant le décret qui régit ces études – n'avait pas été soumise au ministère de l'Environnement avant le début des travaux. Après un échange de messages, le ministère de l'Énergie avait donc soumis l'étude à l'Environnement, et ce n'est qu'hier que le résultat de cet examen a été divulgué.

 

(Pour mémoire : Des ONG manifestent contre les dangers du barrage de Janné à Nahr Ibrahim)


Dans un communiqué, le ministère de l'Environnement explique pourquoi cette étude, réalisée en 2008, n'est pas acceptable, demandant « l'élaboration d'une nouvelle étude effectuée par un bureau spécialisé et indépendant, n'ayant aucune relation avec les sociétés qui ont préparé le projet ».
Le communiqué énumère les points suivants devant être détaillés dans la nouvelle étude :
– Déterminer avec précision l'emplacement du barrage (ce qui n'était apparemment pas le cas dans l'étude précédente).
– Présenter une étude géologique et hydrogéologique approfondie, se fondant sur un recensement géologique récent et précis.
– Effectuer une étude hydrogéologique approfondie et récente à la lumière des changements climatiques.
– Analyser avec précision les risques sismiques à l'emplacement du barrage, ainsi que l'impact de la présence d'un barrage et d'un lac sur des failles géologiques.
– Effectuer une étude globale et approfondie sur la biodiversité du bassin de Nahr Ibrahim en vue de déterminer l'impact d'un barrage sur le site.
– Compléter une étude de faisabilité économique en tenant compte du coût de la dégradation écologique causée par la construction d'un barrage.
– Énumérer les alternatives au projet.
– Organiser des sessions de dialogue avec la population de la région, en vue de discuter des impacts positifs et négatifs d'un tel projet, en coopération avec toutes les parties concernées.
– Faire une étude sur l'organisation et le classement du site du lac et du barrage, en vue de les protéger.
– Effectuer une étude moderne sur l'utilisation des terrains dans le bassin de Nahr Ibrahim.
– Étudier l'impact de la construction d'un barrage sur les nappes phréatiques et le mode d'écoulement de l'eau dans cette zone.
– Analyser scientifiquement l'impact du projet sur les régions environnantes.
– Considérer que cette étude doit porter exclusivement sur la construction du barrage et du lac. Toute autre installation, telles une station de production d'hydroélectricité ou des canalisations d'eau, nécessite une étude d'impact environnemental séparée.

 

(Pour mémoire : Barrage de Janna : la polémique s'envenime entre l'Environnement et l'Énergie)

 

« À Nahr Ibrahim, les travaux se poursuivent »
Interrogé par L'Orient-Le Jour sur ces conclusions du ministère de l'Environnement, Arthur Nazarian, ministre de l'Énergie et de l'Eau, a dit qu'il préférait « attendre d'examiner en profondeur les remarques qui ont été faites pour se prononcer ». Il a ajouté qu'« il ne sera pas impossible d'apporter des améliorations au projet initial à la lumière des remarques du ministère de l'Environnement, tout en sachant que celles-ci ne sont pas contraignantes ». À ce propos, M. Machnouk avait justifié sa demande d'arrêt des travaux par une clause du décret sur les études d'impact environnemental qui stipule que la construction ne peut commencer avant que l'étude ne soit approuvée par son ministère. Tel n'est pas l'avis du ministre de l'Énergie. « Aucun ministère ne peut imposer quoi que ce soit à un autre ministère, quelles que soient ses prérogatives, dit-il. D'autant plus que l'étude d'impact environnemental que nous lui avons soumise, et qui a été préparée par un grand bureau, a été réalisée avant la parution du décret. » À ce propos, il nous confirme que « les travaux se poursuivent sur le site à Nahr Ibrahim parce que leur interruption coûterait trop cher à l'État », refusant de donner son opinion sur les risques cités par le ministère de l'Environnement et les écologistes tant qu'il « n'aura pas examiné les remarques qui ont été faites à ce propos ».


Pour sa part, Paul Abi Rached, président du Mouvement écologique libanais (LEM), présent à la réunion, s'est dit peu surpris de la conclusion annoncée par le ministère de l'Environnement suite à un examen de l'étude qu'il a qualifiée de « hautement scientifique ». « D'une part, selon nous, la première étude n'avait même pas déterminé avec précision l'emplacement du barrage, dit-il à L'Orient-Le Jour. D'autre part, elle ne peut plus être considérée comme valable ayant été réalisée plus de deux ans avant le début de la construction. Troisièmement, il y avait un net conflit d'intérêt dans cette affaire puisque le bureau qui a effectué cette étude est le même qui a conçu le projet. Enfin, le barrage décrit dans cette étude n'est apparemment pas le même que celui du projet final, le premier étant un barrage poids et le second en béton, avec toutes les différences que cela implique. »


Paul Abi Rached insiste sur le fait que cette décision est contraignante pour le ministère de l'Énergie et de l'Eau, qui exécute le projet. « C'est au Conseil des ministres de s'assurer que cette décision sera appliquée et que les travaux seront interrompus en attendant la nouvelle étude, puisque cette décision émane d'un autre ministère, sinon comment pourrions-nous encore dire que nous vivons dans un véritable État ? » affirme-t-il.
Il conclut : « Il s'agit après tout de dangers menaçant la sécurité publique, contre lesquels nous avions mis en garde très tôt : un risque d'effondrement si le barrage ne tient pas, un risque de ne pas pouvoir stocker l'eau en raison de la porosité du sol à cet endroit (une tentative de colmatage aurait des répercussions catastrophiques sur le mode d'écoulement de l'eau souterraine et, enfin, le risque de ne pas être rentable. Sur un autre plan, en tant que rassemblement d'ONG, nous considérons que même s'il est impératif de profiter de l'eau, il est toutefois impensable de construire une infrastructure qui causerait des dégâts aussi catastrophiques sur une vallée sacrée depuis la nuit des temps, et qui renferme 70 % des espèces végétales du pays. À savoir que cette vallée a été classée site naturel protégé par une décision du ministère de l'Environnement portant le numéro 34/1 et datant de 1997. »

 

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