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Liban - La situation

L’attentat de Dahr el-Baïdar, une preuve supplémentaire que le Liban ne peut vivre sans président

Au milieu d’un marathon sécuritaire inédit et inattendu, un attentat-suicide a visé hier un barrage des FSI à Dahr el-Baïdar, faisant un mort (un soldat des FSI, Mahmoud Jamaleddine, né en 1964, marié, père de huit enfants) et 34 blessés. Mohammad Azakir / Reuters

Après trois mois de calme, un attentat-suicide a prouvé hier que le Liban n'est pas immunisé contre de telles actions, même si, comme le président Michel Sleiman, certains ont voulu croire que la vague d'attentats qui a frappé le Liban a été enrayée et que la menace jihadiste est désormais politique et non sécuritaire.

L'attentat de Dahr el-Baïdar a prouvé que cette menace est à la fois politique et sécuritaire, à cette nuance que, comme l'a affirmé le ministre de l'Intérieur hier, les attentats sont « l'exception et non la règle » – on l'espère – et qu'il ne faut pas « exagérer les choses », pour reprendre l'avertissement du commandant de l'armée, le général Jean Kahwagi, ce qui est toujours recommandable.

Les incidents d'hier se sont accompagnés d'un certain nombre de mesures de sécurité – annulation d'un meeting organisé par le mouvement Amal à l'Unesco, et auquel devait assister Nabih Berry, bouclage de certains quartiers, perquisitions et arrestations – qui ont inquiété ou, disons, désorienté l'opinion. Certains ont même crié à la mise en scène. Mais comment l'affirmer ou l'infirmer dans les conditions de fonctionnement actuelles des institutions? Oui, comment l'infirmer ou le confirmer sans la centralisation des informations par le chef de l'État ? Sans un chef de l'État ?

(Lire aussi : Dans tous les milieux politiques, le même souci de ne pas exposer le Liban aux dangers de la région)

Flottement
En fait, une troublante impression de confusion et de flottement entre les différents services de sécurité ainsi que la négligence coupable du commandement des FSI sont les principaux éléments qui ressortent des incidents d'hier.
M. Berry était-il visé par le projet d'attentat avorté, comme l'a affirmé le ministre de l'Intérieur, qui lui a conseillé d'annuler son meeting ? Ou bien, au contraire, la voiture piégée était-elle destinée à éliminer le directeur de la Sûreté générale, le général Ibrahim, comme il l'a lui-même suggéré plus tard dans la journée? Comment a-t-on pu retenir l'une et l'autre hypothèse en une même journée ? Une pénible confusion a régné hier et continue de régner à ce sujet. Elle trahit, sans aucun doute, l'existence d'un flottement dans la coordination souhaitable entre les services de sécurité, malgré les assurances contraires fournies par le général Ibrahim, qui a précisé que les renseignements de la Sûreté et des FSI ont travaillé conjointement, hier, à partir de 5 heures du matin, quand l'information sur la présence d'une voiture piégée en circulation dans le pays a mis en alerte les services.

Une filature lamentable
Un flottement certain est également perceptible dans la manière dont la Murano gris métallique suspecte a été repérée et filée. Se dirigeait-elle vers Beyrouth, comme l'a affirmé le général Antoine Basbous ? Son conducteur a-t-il rebroussé chemin après avoir été repéré par le convoi du général Abbas Ibrahim ? Comment lui a-t-on permis de regagner Dahr el-Baïdar après l'avoir repérée ?

Que dire aussi des mesures de sécurité discutables prises aux barrages des FSI et de l'armée ? Il est pourtant élémentaire de songer à protéger les agents et soldats en faction contre le nihilisme terroriste, d'autant que l'attentat n'est pas le premier de ce type, surtout avec le précédent du barrage de l'armée à Hermel. Du moment que la Murano avait été signalée comme suspecte, il aurait fallu l'empêcher de se rapprocher d'un quelconque point de contrôle, et son chauffeur aurait dû être forcé de s'arrêter à distance et tenu en joue, comme le font toutes les armées confrontées à la menace terroriste. Mahmoud Jamaleddine et tous les blessés graves d'hier n'ont pas été seulement victimes du terrorisme, mais de la négligence dont continue de faire preuve le commandement des FSI dans la protection de la vie des agents subalternes et de la population. Aux yeux des responsables, la vie de Nabih Berry est-elle donc plus précieuse que celle de Mahmoud Jamaleddine et de tous les blessés graves hospitalisés qui ont fait entendre leurs grognements derrière leurs bandages ?

(Lire aussi : Le consulat demande aux ressortissants français de limiter leurs déplacements)

La présidence
L'attentat-suicide de Dahr el-Baïdar a éclipsé hier les deux pots pourris (vide présidentiel et grille des salaires) qui meublaient les ondes depuis la fin du mandat du président Sleiman.
Des deux sujets d'actualité, c'est sans doute celui de la vacance présidentielle qui fait l'urgence, puisqu'il touche aux institutions et, d'une façon ou d'une autre, à la sécurité. Combien d'attentats faudra-t-il encore à Michel Aoun pour le convaincre que dans le système politique en vigueur, sa popularité ne lui donne pas de « droits » à la présidence, mais qu'il doit se plier au jeu démocratique dans toute sa rigueur, c'est-à-dire au jeu des alliances ? Tôt ou tard, une déchirante révision de son entente avec le Hezbollah finira par s'imposer. Entre-temps, certes, avec la sécurité de Saad Hariri, il tient entre ses mains une carte redoutable. Mais c'est une arme qui pourrait s'avérer à double tranchant si le procès des assassins de Rafic Hariri fait des progrès en direction d'une incrimination crédible de certains membres du Hezbollah. C'est peut-être de cette question de sécurité qu'il s'est agi hier soir, à Paris, entre Walid Joumblatt et Saad Hariri. On en saura plus aujourd'hui.

Et au final que dire, sinon que la présidence de la République est suspendue à la bonne volonté de quatre leaders maronites, de quatre chrétiens totalement obnubilés par la soif du pouvoir et dont certains ne se parlent même pas...


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Après trois mois de calme, un attentat-suicide a prouvé hier que le Liban n'est pas immunisé contre de telles actions, même si, comme le président Michel Sleiman, certains ont voulu croire que la vague d'attentats qui a frappé le Liban a été enrayée et que la menace jihadiste est désormais politique et non sécuritaire.L'attentat de Dahr el-Baïdar a prouvé que cette menace est à la...

commentaires (4)

PITOYABLE ! CONSTANTINOPLE BRÛLE... ET LES ABRUTIS NE DISCUTENT MÊME PAS... NI DU SEXE DES ANGES... NI DES SOMBRES PHALANGES... ET LEUR ABRUTISSEMENT S'ALLONGE ET SE MÉLANGE !

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 28, le 22 juin 2014

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Commentaires (4)

  • PITOYABLE ! CONSTANTINOPLE BRÛLE... ET LES ABRUTIS NE DISCUTENT MÊME PAS... NI DU SEXE DES ANGES... NI DES SOMBRES PHALANGES... ET LEUR ABRUTISSEMENT S'ALLONGE ET SE MÉLANGE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 28, le 22 juin 2014

  • Négligence ou pas l’important il faut user de tous les moyens politiques et sécuritaires pour sauver le pays .

    Sabbagha Antoine

    17 h 04, le 21 juin 2014

  • Mr. Noun, ce n’est pas d’un Président qu’il nous faut, c’est de savoir ce que ce Président est censé faire pour le Liban. Or cette question, depuis Taef, n’a pas encore été réglée. C’est ce qui a rendu la tache de ce pauvre Président Sleiman impossible. Redéfinir l’autorité et la responsabilité du Président est, de loin, plus important que d’élire un successeur. Si vous voulez connaitre mon opinion là-dessus, la voici, en quelques mots. On devrait procéder ainsi : 1) Réclamer de tous les candidats a la Présidence de présenter un programme d’action pour les 20 années futures et des objectifs généraux que l’on devrait s’efforcer d’atteindre. 2) Organiser un referendum national pour déterminer le degré d’appui populaire a ces programmes 3) En fonction des résultats, demander aux députés actuels d’élire le Président dont le programme aurait eu l’approbation de la majorité des citoyens. 4) Organiser, ensuite, des élections parlementaires au cours desquels les partis présenteraient leur plan détaillé pour les 4 prochaines années. Ces plans devant se conformer avec la vision a long terme. De la sorte, les députés présents seraient convies a élire, non pas un Président « fort », ce qui est ridicule, mais un Président qui jouirait d’une « vision forte » qui serait appuyée par la majorité du peuple.

    George Sabat

    12 h 45, le 21 juin 2014

  • "Avec la sécurité de Saad Hariri, Äoûn tient entre ses mains une carte redoutable. Mais c'est une arme qui pourrait s'avérer à double tranchant si le procès des assassins de Rafic Hariri fait des progrès en direction d'une incrimination crédible de certains membres du Hezbollah." ! Pourquoi, parce que "selon", le procès des assassins de Rafic Hariri n'a pas fait encore assez de "progrès" ; et que son incrimination de certains membres de ce hézébbb n'est pas encore, elle aussi ; et toujours "selon" ; assez "crédible" ? Yîîîh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 10, le 21 juin 2014

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