Exposer le talent libanais...
Des Souks de Beyrouth à Saifi Village, Hamra, l'Institut français ou encore Gemmayzé, Sursock ou Bourj Hammoud, jusqu'à samedi la création s'invite dans chaque recoin de la capitale libanaise à travers la troisième édition de la « Beirut Design Week » (BDW) inaugurée lundi.
« L'objectif de l'événement est de promouvoir Beyrouth comme la capitale du design dans la région, a déclaré Maya Karanouh, cofondatrice de MENA Design Research Center, la société organisatrice de la semaine du design. Nous souhaitons montrer au gouvernement et à la communauté internationale qu'il faut investir dans la création libanaise. Il faut miser sur l'exportation du "design made in Lebanon", car c'est notre meilleur moyen de promouvoir l'image de marque du pays tout entier, de ses talents et de son potentiel. »
« Il y a peut-être des pays de la région pas si loin de chez nous qui possèdent de belles routes, de belles infrastructures touristiques... a de son côté souligné Charles Arbid, le président de la Lebanese Franchise Association, mais aucun pays n'a le talent et les idées que nous avons ici au Liban. Aucun pays n'a le potentiel de notre peuple, et c'est ce qui fait la renommée du Liban. » « Alors, osez malgré la conjoncture, continuez d'oser, a-t-il poursuivi en s'adressant aux créateurs. Continuez de créer. »
La BDW rassemblera ainsi quelque 92 designers sur une semaine dont 21 venus de l'étranger. De l'architecture à la bijouterie, à la création numérique, de produits ou la décoration d'intérieure, le champ du « design » est large. Pour Maya Karanouh, la vocation de la semaine est de se concentrer sur trois piliers : l'entrepreneuriat créatif qui peut englober de grands noms du design déjà établis comme le couturier Elie Saab ou des nouveaux venus sur le marché. « Les industries créatives sont le point fort des Libanais, insiste la coorganisatrice. Comment s'est créé le Golfe ? Grâce aux agences de publicité libanaises et à nos créateurs », rappelle-t-elle.
Le deuxième pilier de la semaine est le secteur académique. « Nous possédons parmi les designers les plus talentueux, poursuit l'organisatrice, mais il y a encore beaucoup à faire dans le secteur de l'éducation au Liban. On n'investit pas encore suffisamment dans l'innovation. »
Maya Karanouh a appelé le gouvernement libanais à investir dans les industries créatives. « Il faut prendre l'exemple de l'Angleterre. Lorsque l'on exporte un produit créatif comme un film, c'est la culture libanaise et l'image de marque du pays que l'on exporte. »
L'objectif de la BDW est ainsi de créer une véritable plateforme pour les designers ainsi que des partenariats avec d'autres pays pour exposer le talent libanais à travers le monde. Car il n'est pas toujours facile d'être créateur dans un pays comme le Liban.
« Le principal problème pour un designer au Liban est celui de la fabrication, témoigne Joe Bou Abboud, créateur de mobiliers d'intérieur. Il n'existe pas de réelle industrie digne de ce nom au Liban. Alors, nous avons les idées, l'imagination, mais une fois venu le temps de la production, les coûts et le temps que cela implique, les choses se compliquent. »
Pour cela, sa rencontre avec Danielle Salamé, directrice d'une maison d'édition de produits, a beaucoup aidé. Le rôle de la jeune femme est de racheter les dessins du designer et d'assurer leur édition. « Je pense que le Liban a un énorme potentiel en la matière, assure Danielle Salamé, je tiens ainsi à montrer au monde ce potentiel. C'est pour cela que la BDW est aussi importante. Nous avions déjà exposé nos produits à Dubaï en mars, il était impensable de ne pas pouvoir montrer les pièces de Joe Bou Abboud dans son propre pays d'origine. »
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