Il n'est plus permis que l'élection d'un président de la République soit à la merci de députés qui menacent de s'absenter à chaque fois que les vents ne leur sont pas favorables. À scruter le passé de la République libanaise, on remarque que cette situation ne s'est jamais présentée, à l'exception de la séance parlementaire qui était prévue pour l'élection d'Élias Sarkis soutenu exclusivement par la Syrie. À l'époque, l'opposition n'avait pas trouvé d'autre solution que de tenter de provoquer un défaut de quorum, sans pourtant réussir.
Il est grand temps de rendre obligatoire la participation des députés à l'élection présidentielle. Quand l'accord de Taëf a été conclu, aucun législateur ne pensait que des députés feraient l'affront de s'absenter à une séance d'une aussi grande importance sans excuse légitime. Et si l'article 52 du règlement interne de la Chambre stipule que la présence aux réunions des commissions parlementaires est obligatoire, et que tout membre d'une commission qui s'absenterait à trois réunions successives sans excuse valable serait considéré comme démissionnaire, et si l'article 69 affirme qu'« un député ne peut s'absenter de plus de deux réunions lors de la session ordinaire ou extraordinaire du Parlement sans excuse valable présentée au préalable », qu'en serait-il donc de l'élection présidentielle ?
(Eclairage : Pour le 8 Mars, le vide est le chemin le plus sûr vers la Constituante...)
Si la jurisprudence estime que le quorum des deux tiers est nécessaire pour l'élection d'un président, et que la condition a été approuvée pour conférer à l'élection présidentielle un caractère qui respecte le pacte national et le vivre-ensemble, en empêchant que la communauté chrétienne ou la communauté musulmane ne puisse élire un président sans l'accord de l'autre partie, il ne faut pas oublier que Bkerké a requis la présence de tous les députés aux séances. Mais les chrétiens du 8 Mars sont clairement passés outre à la demande de Bkerké et ont torpillé la séance prévue avec leurs alliés, alors que les chrétiens du 14 Mars ont respecté leur promesse, afin d'éviter le vide. Paralyser les institutions en menaçant de créer un vide constitutionnel jusqu'à la mise en place d'un scénario qui leur correspondent n'est pas chose nouvelle pour les forces du 8 Mars qui ont imposé la mise en place de gouvernements soi-disant rassembleurs afin d'obtenir le tiers de blocage et être capable de faire sauter le cabinet à tout moment, et ont torpillé les législatives, à défaut d'une loi électorale qui leur soit taillée sur mesure. Ces forces ont-elles encore le droit de jouer ce jeu pour la présidentielle ?
(Voir : Qu'attendez-vous du prochain président? Les Libanais répondent)
Le président de la Chambre Nabih Berry avait promis de changer la règle du jeu, mais il serait peut-être temps d'élire un président à la manière de l'élection d'un patriarche. En d'autres termes, fermer les portes du Parlement et garder la séance ouverte jusqu'à l'élection d'un chef de l'État. Multiplier les manœuvres et menacer d'un vide à la magistrature suprême n'est pas dans l'intérêt du Liban ni du pacte national, surtout quand on prône le changement et la réforme.
Repère
Qui, quand, comment... Le manuel de l'élection présidentielle libanaise
commentaires (3)
LES FLOUS DE "TAËF" LAISSENT LES GOUPILIOTES JOUER SUR LES MOTS...
LA LIBRE EXPRESSION
10 h 57, le 02 mai 2014