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Moyen Orient et Monde - Ukraine

L'humiliante retraite des chars ukrainiens dans l'Est

L'OTAN renforce la défense air-mer-terre en Europe orientale, réunion internationale décisive aujourd'hui à Genève.

Hommes, femmes, grands et petits... La population de Kramatorsk s’est interposée hier face à l’avancée des chars ukrainiens vers Slaviansk, obligeant les soldats de Kiev à battre en retraite en fin de journée. Anatoliy Stepanov / AFP

La confrontation avec les insurgés prorusses de l'est de l'Ukraine a tourné à la déroute pour les forces du pouvoir proeuropéen de Kiev hier, à quelques heures de pourparlers décisifs à Genève.


Les prorusses ont marqué un point spectaculaire, s'emparant d'une demi-douzaine de blindés ukrainiens qui se dirigeaient vers Slaviansk, ville contrôlée depuis samedi par des insurgés armés. Les engins faisaient partie d'une colonne qui a été stoppée par des manifestants dans la matinée à Kramatorsk, à quelques kilomètres au sud de Slaviansk. Six des blindés ont été pris par « un groupe russe de saboteurs terroristes », a dû reconnaître le ministère ukrainien de la Défense après de longues heures d'un silence embarrassé. L'autre partie de la colonne est restée coincée à Kramatorsk, où 15 blindés légers stationnaient le long d'une voie ferrée, les soldats ukrainiens, l'air résigné ou accablés, entourés par plusieurs dizaines de manifestants civils prorusses.


Plus tard en soirée, les militaires ukrainiens encerclés ont commencé à déposer les armes. Les soldats démontaient les culasses de leurs armes, que collectait un homme en uniforme non marqué, qui s'est présenté comme un représentant des groupes armés prorusses actifs dans la zone. Les militaires ukrainiens devaient ensuite rebrousser chemin au terme d'un accord conclu entre les deux parties. Les armes rendues « sont sous notre contrôle, elles ne seront plus jamais utilisées contre le peuple », a déclaré à la foule l'homme en uniforme. Sur leurs blindés, certains soldats ukrainiens pleuraient, d'autres se cachaient le visage derrière leurs bonnets. « Bravo les gars ! Bravo les gars ! » criait la foule.

 

(Commentaire : Le spectre d'un nouveau Tchernobyl dans la crise ukrainienne)

 

Hommes verts...
Drapeaux russes au vent, les blindés capturés ont roulé jusqu'à Slaviansk, où ils sont venus renforcer la défense de la ville. Ils transportaient plusieurs dizaines d'hommes puissamment armés, souvent cagoulés, vêtus des mêmes uniformes sans insignes, mais avec des rubans de Saint-Georges orange et noir, ordre honorifique des forces armées russes.


Selon Kiev et les Occidentaux, ces groupes armés, ironiquement baptisés « hommes verts » en Ukraine, sont en fait des soldats d'élite russes. Accusation répétée hier par le contre-espionnage ukrainien pour qui ce sont « les mêmes agents » qui étaient à l'œuvre en Crimée, avant le rattachement de la péninsule à la Russie. Moscou nie avoir des soldats ou des agents en territoire ukrainien. Le seul de ces hommes qui ait accepté de parler aux journalistes, ne s'identifiant que sous le pseudonyme de « Balou », a assuré qu'ils étaient des volontaires de Crimée et des déserteurs de l'armée ukrainienne. Ces mystérieux soldats ont en tout cas été accueillis en sauveurs par plusieurs centaines d'habitants de Slaviansk, criant : « L'armée est avec le peuple ! Nous vous aimons ! » Des jeunes femmes déposaient des fleurs sur les blindés, d'autres apportaient nourriture, eau et cigarettes, pendant qu'un avion de chasse passait à intervalles réguliers à basse altitude. On se faisait photographier avec les héros taciturnes du jour.
En outre, dans un autre défi au pouvoir central, un groupe d'hommes cagoulés et armés a pénétré dans la mairie de Donetsk, fief russophone où des séparatistes avaient déjà proclamé une « république souveraine » le 7 avril. Les inconnus affirmaient avoir pour seule revendication l'organisation d'un référendum sur la « fédéralisation » de l'Ukraine.

 

L'échec n'est pas une option
Face à cette aggravation continue de la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide, l'OTAN a annoncé hier un renforcement des mesures de défense de ses pays membres d'Europe orientale, comme les pays baltes ou la Pologne, particulièrement inquiets face à ce qu'ils dénoncent comme un interventionnisme russe. « Nous allons avoir plus d'avions dans le ciel, plus de navires en mer et la préparation des forces terrestres sera renforcée », a déclaré le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, à l'issue d'une réunion des ambassadeurs à Bruxelles. M. Rasmussen a répété que, pour les pays de l'OTAN, la seule voie possible à la crise était une solution politique. « L'OTAN soutient la réunion qui doit se tenir jeudi (aujourd'hui) à Genève (...) ainsi que tous les efforts de la communauté internationale pour trouver une solution politique », a-t-il dit.



« Il n'y a pas de droit à l'échec !
Car la situation à l'est de l'Ukraine est toujours plus menaçante », a lancé de son côté le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, dramatisant les enjeux de ces premières discussions internationales directes. Les négociations à Genève doivent réunir les ministres des Affaires étrangères américain, russe, ukrainien et de l'Union européenne. Elles risquent de tourner rapidement au dialogue de sourds. Signe des débats tendus qui s'annoncent, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénoncé un État ukrainien « qui a cessé de fonctionner », estimant que « seule la fédéralisation » pouvait permettre de sortir de la crise. Une solution que refuse le gouvernement de Kiev pour qui elle menacerait le pays d'éclatement. Le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a d'ailleurs accusé hier la Russie de vouloir « construire un nouveau mur de Berlin et un retour à la guerre froide ».
Toutefois, la Russie dément énergiquement toutes les accusations d'intervention. La France se livre à des « accusations gratuites » à l'égard de Moscou dans la crise ukrainienne, a encore dénoncé hier le ministère russe des Affaires étrangères, réagissant à des propos du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. La diplomatie russe déclare sa « profonde perplexité » à l'égard des déclarations de M. Fabius dans lesquelles il fait porter « toute la responsabilité de la montée des tensions en Ukraine exclusivement sur la Russie », a indiqué le ministère. Il n'en reste pas moins que la Maison-Blanche a indiqué que les États-Unis « préparaient activement » de nouvelles sanctions contre la Russie en représailles à ses actions en Ukraine.

 

La Transdniestrie aussi ?
À Washington toujours, le sénateur républicain John McCain a déclaré pour sa part que la réponse des Occidentaux à l'action de la Russie en Ukraine est « presque risible », affirmant qu'il fallait adopter une position ferme pour stopper les ambitions du Kremlin.
Par ailleurs, le président de Transdniestrie, Evgueni Chevtchouk, a assuré hier que l'Union européenne doit reconnaître ce territoire séparatiste prorusse de Moldavie, frontalier de l'Ukraine, si elle veut la « stabilité » dans la région. Cette déclaration intervient alors que le « soviet suprême » (Parlement) de Transdniestrie a demandé, hier également, à la Russie et aux Nations unies de reconnaître l'indépendance de ce territoire qui compte officiellement 500 000 habitants et où sont stationnés environ 1 500 soldats russes. Interrogé sur une possible demande de rattachement à la Russie, à l'instar de ce qui s'est passé en Crimée, M. Chevtchouk s'est borné à répéter qu'il plaidait en ce moment « pour la reconnaissance de la Transdniestrie » et n'a pas voulu entrer dans « des suppositions hypothétiques ».

 

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La confrontation avec les insurgés prorusses de l'est de l'Ukraine a tourné à la déroute pour les forces du pouvoir proeuropéen de Kiev hier, à quelques heures de pourparlers décisifs à Genève.
Les prorusses ont marqué un point spectaculaire, s'emparant d'une demi-douzaine de blindés ukrainiens qui se dirigeaient vers Slaviansk, ville contrôlée depuis samedi par des insurgés...

commentaires (5)

ALOUETTE JE TE PLUMERAI...

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 34, le 17 avril 2014

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Commentaires (5)

  • ALOUETTE JE TE PLUMERAI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 34, le 17 avril 2014

  • Une petite Remarque , Poutine fait une intervention sur les chaines de tele russes au moment ou on se reunit en Europe sur le cas de l'ukraine , et pas un mot , ne serait ce qu'une petite allusion a ce discours ????? on peut aimer ou detester Poutine mais l'info est suffisemment importante pour nous en parler avant Haifa Wehbe ???? INCROYABLEEEEEEEEEEEEEEE !!!!!!

    FRIK-A-FRAK

    14 h 32, le 17 avril 2014

  • C'en est fini malheureusement de l’historique Ukraine ! On se retrouvera avec deux "ukraines" distinctes, sans oublier le rattahement de la Crmée à la Russie.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 35, le 17 avril 2014

  • Les kieviens auront encore beaucoup de coups pareils avant de se rendre compte que la dilomatie du baladeur est inneficace contre des peuples determines a ne plus se laisser entrainer dans le sillage du sionisme malfaisant . Demandez aux syriens qui cherchent a s'en defaire en ce moment .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 58, le 17 avril 2014

  • Le titre de cet article est bizarre...Kiev en déroute dans l'est..? mais le gouvernement de Kiev par intérim ,qui a pris le pouvoir par la violence est lui même en déroute depuis le premier jour....Ce qui est choquant, c'est que Obama et l'UE ,n'ont aucun talent pour jouer aux pompiers pyromanes ...et cela augmente sensiblement les risques de dérapages dans cette région ...

    M.V.

    09 h 57, le 17 avril 2014

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