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Moyen Orient et Monde - Égypte

Le maréchal Sissi cultive son image d’homme d’État

Le maréchal égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Photo AFP

Le maréchal égyptien Abdel Fattah al-Sissi a cherché à afficher, avec le soutien de Vladimir Poutine, une stature d'homme d'État lors de sa visite en Russie, posant ainsi encore quelques jalons à sa probable campagne présidentielle.

Cette première sortie à l'étranger du nouvel homme fort du pays depuis qu'il a destitué et arrêté en juillet le président islamiste Mohammad Morsi visait à améliorer les relations entre l'Égypte et la Russie, longtemps un proche allié. Les relations avec les États-Unis tanguent en effet depuis le coup militaire contre le premier président démocratiquement élu du pays et la campagne de répression sanglante menée contre ses partisans. Mais quand M. Poutine a reçu le maréchal Sissi dans sa résidence près de Moscou, certains ont estimé que la visite était surtout une mise en scène pour faire apparaître Sissi comme un homme d'État de stature internationale. Le maréchal de 59 ans, officiellement vice-Premier ministre et ministre de la Défense dans le gouvernement par intérim mis en place au soir de la destitution de M. Morsi, a expliqué s'être rendu à Moscou en réponse à une invitation lancée en novembre par les ministres de la Défense et des Affaires étrangères.

Mais dès sa montée dans l'avion, les médias égyptiens l'ont présenté comme un futur président déterminé à tourner la page de la dépendance de l'Égypte vis-à-vis des États-Unis. À Moscou, M. Poutine a renforcé cette perception en félicitant publiquement M. Sissi pour sa décision – largement attendue mais pas encore officielle – de se présenter à l'élection présidentielle prévue au printemps en Égypte. Les médias russes comme égyptiens ont également fait grand bruit d'un contrat d'armement portant sur plusieurs milliards de dollars, financé par des États du Golfe, pour remplacer l'aide suspendue par Washington.

Rempart contre les USA
Pour Issandr al-Amrani, directeur de l'Afrique du Nord à l'International Crisis Group, la visite du maréchal Sissi à Moscou s'inscrit dans une « procédure orchestrée avec soin pour déclarer sa candidature ». « Il y a eu la publication de photos où Sissi apparaît pour la première fois en civil, et il réussit à poser au côté d'un dirigeant mondial comme Poutine », explique-t-il. L'armée, qui cultive méticuleusement l'image énigmatique du maréchal, a largement diffusé ces photos sur Facebook. « La Russie soutient Sissi comme président », a aussi titré le journal privé à gros tirage al-Masri al-Yom, alors que les médias égyptiens soutiennent largement le maréchal Sissi. Il en est de même pour les Égyptiens, qui comptent sur le chef de l'armée pour stabiliser le pays après trois ans de bouleversement depuis la chute de Hosni Moubarak.

Le maréchal, qui est apparu pendant sa visite en manteau d'hiver frappé d'une grande étoile rouge, s'est aussi présenté comme un homme capable de tenir tête aux États-Unis, dont l'influence dans le pays a longtemps fait grincer des dents. Les États-Unis sont prêts à reprendre leur rôle de principal soutien de l'armée égyptienne en dégelant leur aide, balayant les inquiétudes sur leur éventuel remplacement par la Russie. Washington dispose « de capacités uniques en termes de soutiens militaires et économiques » au Caire, a fait valoir Marie Harf, une porte-parole du département d'État, affirmant que l'Égypte était « libre d'entretenir des relations avec d'autres pays ». Mais Mme Harf a aussi critiqué le soutien du président russe au maréchal Sissi : « Je ne crois pas, très franchement, que ce soit aux États-Unis ou à M. Poutine de décider qui doit gouverner l'Égypte. C'est au peuple égyptien de décider. »

Ce ballet diplomatique intervient sur fond de violences continues en Égypte, où la situation sécuritaire reste mauvaise depuis la chute de Hosni Moubarak en 2011, et n'a eu de cesse d'empirer depuis la destitution de M. Morsi l'an dernier. Deux policiers ont ainsi été abattus jeudi soir par des hommes armés au sud du Caire, portant à sept le nombre de membres des forces de l'ordre assassinés en trois jours dans le pays, et à 24 depuis le 23 janvier, selon des responsables de la sécurité. La plupart des attentats et attaques visant les forces de l'ordre ont été revendiqués par le groupe jihadiste Ansar Beit el-Maqdess, qui dit s'inspirer d'el-Qaëda et est basé dans le Sinaï.


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commentaires (3)

Comme de tous temps, simples fossoyeur de la démocratie, ces "militaires" ! Avec bien sûr, leurs défenseurs à tout crin, les "humanistes" bon chic bon teint anti-islamique fanatiques "purs". "Militaires?" qui, grâce à une nouvelle Printanière égyptienne, ne trouveront alors plus refuge que dans les bennes à Ordures.... de l'Histoire.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

17 h 19, le 17 février 2014

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Commentaires (3)

  • Comme de tous temps, simples fossoyeur de la démocratie, ces "militaires" ! Avec bien sûr, leurs défenseurs à tout crin, les "humanistes" bon chic bon teint anti-islamique fanatiques "purs". "Militaires?" qui, grâce à une nouvelle Printanière égyptienne, ne trouveront alors plus refuge que dans les bennes à Ordures.... de l'Histoire.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 19, le 17 février 2014

  • Entre un islamiste ikhwaniste et un militaire, on prend le militaire.. Mais bon m..de, on tourne en rond dans ces pays-là, d'autant plus que les militaires sont au dessus du controle politique en Egypte...Vous ne direz que le blème est ainsi résolu dans la mesure où le leader militaire deviendra le leader politique, et que pour ça aille mal, il faudra qu'il soit en désaccord avec.. lui-meme!

    Ali Farhat

    00 h 22, le 17 février 2014

  • Et en Egypte les islamistes fous,pourtant soutenus "moralement " par tant de démocrates de pacotille,assassinent les touristes...il n' y a qu'une seule façon de se débarrasser d'eux.l'éradication..;comme des rats porteurs de la peste...c'est qu'ils me rendraient sanguinaires ces détritus de l'humanité!

    GEDEON Christian

    15 h 56, le 16 février 2014

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