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Moyen Orient et Monde - Syrie

Les femmes et les enfants de Homs retiennent leur souffle

Les délégations syriennes se retrouvent aujourd'hui pour le 3e jour consécutif ; Brahimi « satisfait » du « respect mutuel ».

Cet enfant pourra-t-il fuir la ville de Homs, presque totalement démolie et assiégée depuis juin 2012 ? Photo Thaer el-Khalidiya/Reuters

Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi a obtenu hier du régime du président Bachar el-Assad la promesse de laisser les femmes et les enfants assiégés depuis des mois dans le centre de Homs de quitter la ville, au second jour de négociations de paix à Genève.


« Ce que le camp gouvernemental m'a dit, c'est que les femmes et les enfants dans la vieille ville assiégée peuvent partir immédiatement », a déclaré M. Brahimi au cours d'une conférence de presse. « Les autres (les hommes) peuvent partir aussi, mais le gouvernement veut d'abord la liste de leurs noms », a ajouté le médiateur de l'ONU. « Il y a un espoir que dès demain, femmes et enfants pourront quitter la vieille ville de Homs », a-t-il ajouté. Dans une conférence de presse, le vice-ministre des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, a confirmé l'annonce de M. Brahimi en se disant « prêt » à « autoriser » femmes et enfants à partir « immédiatement ».


Lakhdar Brahimi avait annoncé la veille espérer que des convois d'aide humanitaire puissent rentrer rapidement dans les quartiers rebelles de Homs. « Le convoi est prêt et le gouverneur (de Homs) devait en parler avec ses conseillers et avec Damas, et là encore nous espérons que quelque chose se passera demain, lundi », a expliqué M. Brahimi. Évoquant les rebelles qui, selon le régime, pourraient empêcher l'entrée des convois dans les zones rebelles, le diplomate algérien a assuré que les rebelles avaient promis « qu'ils ne stopperaient pas les convois ».


Le porte-parole à Homs de la Commission générale de la révolution, un réseau de militants syriens, a pour sa part demandé des garanties. « Nous demandons d'importantes quantités de nourriture et de matériel médical, et la garantie que les femmes, enfants et blessés évacués des zones rebelles assiégées de Homs ne seront pas arrêtés », a déclaré Abou Rami. Souvent considéré comme le foyer de la contestation, Homs a payé au prix fort son opposition au président Bachar el-Assad. Les quartiers rebelles sont assiégés depuis juin 2012 par l'armée régulière qui les bombarde régulièrement. Les milliers de Syriens assiégés dans ces quartiers y vivent dans des conditions épouvantables et manquent de nourriture et de médicaments.

 

(Lire aussi : « Si les Occidentaux veulent vraiment la tête de Bachar, ce n'est pas par la négociation qu'ils l'obtiendront »)

 

Enfants dans les prisons ?
Dans la matinée, les négociateurs s'étaient penchés sur le problème des prisonniers et des disparus, un phénomène qui s'est amplifié depuis que le mouvement de contestation de mars 2011 s'est transformé en guerre civile sanglante. L'opposition affirme posséder une liste de 47 000 personnes détenues dans les prisons du régime. Elle a présenté au cours des négociations une première liste avec les noms de 2 300 femmes et enfants. « S'il y a un échange, les femmes, les enfants et les plus vulnérables sont la priorité », a déclaré Monzer Aqbiq, porte-parole de la délégation de l'opposition.


Interrogé dans la soirée, le vice-ministre syrien Fayçal Moqdad a fermement démenti que des enfants puissent se trouver dans des prisons, malgré les déclarations de l'opposition et surtout de Lakhdar Brahimi. Ce dernier a indiqué que le régime souhaitait par ailleurs que l'opposition fournisse une liste de personnes aux mains des rebelles. « L'opposition est d'accord pour tenter de recueillir ces listes auprès des groupes qu'ils contrôlent ou avec qui ils sont en contact ». Il n'existe pas de chiffres exacts concernant les prisonniers et les disparus, mais l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), fer de lance dans le conflit syrien, évoque 17 000 disparus et des « dizaines de milliers » de prisonniers dans les prisons du régime. L'OSDH évoque également des milliers de personnes enlevées ou détenues par des groupes armés, notamment des jihadistes de Daech (l'État islamique en Irak et au Levant-EIIL) et du Front al-Nosra, ainsi que de groupes rebelles.

 

Yara Badr Darwich
Après deux jours de négociations, Lakhdar Brahimi s'est dit « satisfait » du déroulement des pourparlers. « Il y a globalement un respect mutuel et le fait qu'ils (les négociateurs) sont conscients que cette tentative (de négociations de paix) est importante et doit se poursuivre », s'est félicité le diplomate onusien. Pour l'heure, les délégations sont assises à la même table, mais se parlent par personne interposée, Lakhdar Brahimi en l'occurrence. Ou, comme hier après-midi, les délégations travaillent dans des pièces séparées où M. Brahimi vient leur parler. C'est le même dispositif qui sera en place aujourd'hui pour la 3e journée consécutive. Ce sera alors le temps des négociations politiques sur Genève 1 et sur la délicate question de « l'organe de transition gouvernemental », gouvernement provisoire sans Assad pour l'opposition, gouvernement d'union élargi pour Damas.


Dans ce contexte, Yara Badr, l'épouse du journaliste syrien et militant des droits de l'homme Mazen Darwich, détenu depuis deux ans par le régime, a appelé à sa libération. « Nous appelons le gouvernement syrien à libérer Mazen, Hani et Hussein », en référence à deux autres militants, Hussein Ghreir et Hani Zaitani, collaborateurs de M. Darwich également détenus. Tous les trois doivent comparaître aujourd'hui devant une cour antiterroriste.

 

(Lire aussi : « Vas-y, jette un baril sur nous » ; « Parce que vous êtes des agents » ; « Au moins nous ne sommes pas des criminels »...)

 

Damas sous le feu des combats
Sur le terrain, des combats faisaient rage hier dans plusieurs quartiers de Damas, a rapporté l'OSDH, précisant qu'ils avaient lieu « à Jobar (dans l'est de Damas) et dans le secteur de Port-Saïd à Qadam (dans le sud de la capitale) ».


Les violences se poursuivent également à Alep, dans le nord du pays, où un adolescent de 15 ans a été abattu par un sniper de l'armée hier, selon plusieurs sources citées par cette ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales à travers le pays. La veille, 18 personnes dont 6 enfants ont été tuées dans un raid contre le quartier de Salihin tenu par les rebelles dans cette ville ciblée par une offensive aérienne du régime depuis le 15 décembre, ajoute l'OSDH.


À Damas, un obus de mortier probablement tiré par les rebelles a touché le quartier de Qassaa dans le centre de la ville, rapporte l'OSDH. Selon l'agence de presse officielle SANA, sept personnes ont été blessées dans cette attaque. L'armée de l'air a également bombardé la ville de Douma, tenue par les rebelles au nord-est de Damas, rapporte l'OSDH.


Dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, dans le sud de Damas, « le nombre de personnes qui sont décédées depuis le mois de juin en raison du manque de nourriture et de médicaments est passé à 75, dont 24 femmes et quatre enfants », a assuré l'ONG qui avait fait état d'un précédent bilan de 63 morts vendredi dans ce camp assiégé. Six des victimes sont décédées hier.


Sur un autre front, 26 combattants ont été tués dans des batailles entre jihadistes, notamment de Daech (EIIL) et du Front al-Nosra, et Kurdes près de la ville à majorité kurde de Ras al-Aïn, dans le nord du pays, selon l'OSDH. « La nature des combats change en fonction des secteurs », a expliqué Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'ONG, en référence à d'autres affrontements qui opposent des groupes rebelles à Daech depuis trois semaines.

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