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Liban - Éclairage

Genève 2, le début d’un long processus...

Si, comme le disent certains analystes, la formation du nouveau gouvernement dépend des développements à Genève, il faudra donc attendre encore longtemps les signaux positifs. Cette boutade lancée par un diplomate arabe en poste au Liban résume bien la situation des pourparlers entre les deux délégations syriennes à Genève.

Jusqu'à hier, le seul succès enregistré par l'émissaire de l'ONU Lakhdar Brahimi, c'est d'avoir pu réunir les deux délégations dans une même salle et de les avoir poussées à commencer à discuter de sujets humanitaires, donc, en principe, non conflictuels. Mais pour le reste, les choses n'ont pas réellement avancé.

Le diplomate arabe en poste au Liban précise ainsi que c'était à prévoir car les deux délégations sont venues à Genève quasiment à contrecœur, chacune n'ayant qu'un souci, celui de déloger l'autre. La délégation de l'opposition a fixé le départ du président Assad et la formation d'un gouvernement de transition doté des pleins pouvoirs comme objectif unique de la conférence, alors que la délégation du régime, elle, veut rallier tout le monde à la lutte contre le terrorisme takfiriste devenu, selon elle, une menace pour la région, voire pour le monde. Le diplomate arabe explique aussi qu'en réalité, la conférence de Genève 2 se tient alors que le rapport de force sur le terrain est en train de pencher en faveur des forces du régime, d'autant que les différentes factions de l'opposition s'entre-tuent depuis près d'un mois.

 

Il est donc clair que la délégation de la coalition syrienne est affaiblie, d'abord par les combats fratricides, puis par le fait qu'elle ne représente pas toutes les factions de l'opposition, le Conseil national s'en étant retiré et le Front islamique s'étant fait tirer l'oreille pour ne pas rejeter trop ouvertement le principe des négociations.

D'ailleurs, même à Genève, l'ambassadeur des États-Unis à Damas Robert Ford a dû intervenir à plusieurs reprises pour éviter que les conflits entre les membres de la délégation n'éclatent au grand jour et n'aboutissent à la suspension des négociations. Selon le diplomate arabe en poste à Beyrouth, la faiblesse de l'opposition est l'une des raisons principales pour lesquelles les États-Unis ont poussé vers le retrait de l'invitation adressée à l'Iran, considérant que la présence d'une délégation iranienne renforcerait encore plus la position du régime syrien. Il fallait donc tenter de rétablir l'équilibre entre le régime syrien et l'opposition. Cette explication est assez étonnante quand on pense que sur les 40 pays représentés dans cette conférence, moins de cinq appuient le régime syrien...


Toujours est-il qu'au cinquième jour de l'ouverture de la conférence de Genève 2, chaque camp continue de camper sur ses positions et accuse l'autre d'être responsable de l'absence de percée positive. Ce qui permet au diplomate arabe de préciser qu'il ne faut pas attendre grand-chose de ce « premier round ». Il y aura peut-être un accord sur un échange de prisonniers, même si la délégation de l'opposition affirme que tous les détenus politiques sont entre les mains des forces du régime et que l'opposition, elle, n'a pas de prisonniers. Il s'agirait en quelque sorte d'un succès mineur dont le seul intérêt serait de permettre de fixer la date d'un nouveau rendez vous pour Genève 3 et ainsi de suite, car il s'agit d'un long processus.

 

En réalité, explique le diplomate arabe précité, le souci actuel des parrains de la conférence est d'empêcher l'opposition de prendre le contrôle du pouvoir pour éviter que la Syrie ne tombe entre les mains des factions islamistes extrémistes et reproduise ainsi le modèle de chaos libyen, et en même temps d'empêcher le régime de se poser en vainqueur. Mais pour atteindre ce stade, il faut encore du temps et surtout suivre les développements sur le terrain.

Le diplomate pense ainsi qu'il y aura encore plusieurs conférences, et il se pourrait qu'au fil des rendez-vous, la composition de la délégation de l'opposition change, ainsi que les pays participants, l'Iran pouvant par exemple recevoir de nouveau une invitation...

 

En attendant, des sources diplomatiques iraniennes affirment qu'il est actuellement dans l'intérêt de la République islamique de ne pas être présente à Genève, car cela lui permet d'être plus libre dans ses agissements et de ne pas être liée par des décisions avec lesquelles elle n'est pas d'accord. En même temps, l'Iran estime que sa position s'est nettement renforcée au cours des derniers mois, d'autant que son ministre des Affaires étrangères a pris soin d'effectuer une tournée dans les pays de la région juste avant la tenue de la conférence de Genève 2.

Mohammad Jawad Zarif s'est rendu en Turquie où il a conseillé à ce pays de ne pas rééditer l'expérience du Pakistan avec l'Afghanistan. Les services de renseignements pakistanais ont en effet aidé el-Qaëda qui a fini par s'implanter au Pakistan et qui menace aujourd'hui sa sécurité. Il s'est rendu en Irak où il a encouragé le Premier ministre Nouri al-Maliki dans sa lutte contre les groupes takfiristes dans la province d'al-Anbar, et il s'est aussi rendu en Jordanie pour lui demander de coopérer avec l'Irak et de ne pas ouvrir ses frontières aux combattants qui veulent aller en Syrie. Il s'était auparavant rendu dans les pays du Golfe, poussant le Qatar, les Émirats et même le Koweït, sans parler du sultanat d'Oman, à se démarquer de la position de l'Arabie saoudite à l'égard de l'Iran, celle-ci n'étant plus soutenue que par le royaume de Bahreïn. Même au Yémen, l'Iran a favorisé la conclusion d'un accord entre les belligérants, et il s'impose ainsi de plus en plus comme une puissance régionale incontournable.

Qu'il soit invité ou non à Genève, il a donc confirmé son rôle et attend le moment adéquat pour en récolter les fruits. Mais ce moment n'est pas encore imminent et du sang pourrait donc encore couler avant qu'il n'arrive...

 

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Si, comme le disent certains analystes, la formation du nouveau gouvernement dépend des développements à Genève, il faudra donc attendre encore longtemps les signaux positifs. Cette boutade lancée par un diplomate arabe en poste au Liban résume bien la situation des pourparlers entre les deux délégations syriennes à Genève.
Jusqu'à hier, le seul succès enregistré par l'émissaire de...
commentaires (5)

En fait il faut attendre que les Syriens se débarrassent d ASSAD, et pour cela il faudra une "trahison courageuse" au sein du camp fidèle aux ASSADS....

CBG

15 h 58, le 27 janvier 2014

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Commentaires (5)

  • En fait il faut attendre que les Syriens se débarrassent d ASSAD, et pour cela il faudra une "trahison courageuse" au sein du camp fidèle aux ASSADS....

    CBG

    15 h 58, le 27 janvier 2014

  • À MOINS QUE LES DEUX GRANDS IMPOSENT LEUR SOLUTION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 59, le 27 janvier 2014

  • IDIOT QUI CROIT AUX MIRACLES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 41, le 27 janvier 2014

  • Ce que le diplomate arabe a évité de dire : la plupart des parties et des hommes politiques libanais sont des laquais de pays étrangers. Ils attendent les instructions de ces pays, même pour la formation de leur gouvernement à chaque fois qu'il n'y en a pas. Pour leur donner de nouvelles instructions, les mêmes pays attendent maintenant ce qui va se passer à Genève en ce qui concerne le sort de Bachar le chimique et de la Coalition la moins coalisée de l'histoire politique des nations. Pendant ce temps leurs laquais tombent dans l'ennui et la dépression.

    Halim Abou Chacra

    06 h 02, le 27 janvier 2014

  • "L'Iran s'impose ainsi de plus en plus comme une puissance régionale incontournable. Qu'il soit invité ou non à Genève, il a donc confirmé son rôle et attend le moment adéquat pour en récolter les fruits." ! Donc tout va très bien, Mmes. les marquises, pour sœur-syrie, la moûmânaäâh et l'Iran ! Yîîîh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    02 h 07, le 27 janvier 2014

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