Le président du Parlement Nabih Berry s'est dit mardi choqué de certaines réactions qui ont suivi l'assassinat de l'ancien ministre des Finances Mohammad Chatah. Dans une interview au quotidien as-Safir, il a dit craindre que "la prochaine cible sur la liste du terrorisme soit chiite, pour donner l'impression que les sunnites ont vengé l'ancien ministre sunnite, et ainsi de suite jusqu’à arriver à une discorde confessionnelle qui brûlerait tout sur son passage".
L'assassinat dans un attentat à la voiture piégée de Mohammad Chatah, considéré comme personnalité modérée, a exacerbé la division déjà profonde au Liban entre partisans et détracteurs du régime syrien, mais aussi les tensions entre chiites menés par le Hezbollah et sunnites représentés par l'ex-Premier ministre Saad Hariri. Le meurtre a également ravivé la crainte d'une reprise des assassinats ciblés: Mohammad Chatah est la 9e personnalité libanaise hostile au pouvoir syrien et au parti chiite à être assassinée depuis 2005, en plus de trois responsables de sécurité et de l'armée.
Pendant les funérailles, dimanche, la coalition du 14 Mars a eu des mots très durs à l'égard du Hezbollah, s'engageant à "libérer" le pays de son arsenal "illégitime", principal pomme de discorde entre les deux camps. Le Hezbollah affirme vouloir garder ses armes pour lutter contre Israël, son ennemi juré.
"Nous avons décidé de libérer le pays de l'occupation des armes illégitimes", avait lancé l'ancien Premier ministre Fouad Siniora.
Sur un autre plan, Nabih Berry a mis en garde contre tout gouvernement ne bénéficiant pas de consensus national. Selon lui, tout cabinet, qu'il soit neutre ou du 14 Mars, aura des répercussions dangereuses. Un tel choix, ajoute M. Berry, par la grande rupture qu'il va créer entre les protagonistes, remettra en question la possibilité de tenir l’élection présidentielle, "actuellement échéance prioritaire".
Samedi dernier, le 14 Mars a réclamé un gouvernement sans le Hezbollah qu'il accuse d'être une "machine à tuer".
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commentaires (8)
Quand on est confortablement assis dans son fauteuil depuis 23 ans, on devient tellement detaché de la realité qu'on peut peut visiblement se permettre de dire n'importe quoi a tout bout de champs!
Nicolas Rubeiz
18 h 04, le 31 décembre 2013