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Liban - Conférence

Basma Kodmani à « L’OLJ » : Le 14 Mars est un modèle pour nous

Basma Kodmani : C’est le Hezbollah qui a donné à la guerre syrienne sa tournure sectaire et confessionnelle. AFP/ Fabrice Coffrini

La sixième édition de la « World Policy Conference » qui s'est tenue le week-end dernier à Monaco a été marquée cette année par la participation, entre autres, d'un pôle de l'opposition syrienne, Mme Basma Kodmani, qui figurait parmi les 300 prestigieuses personnalités politiques, diplomatiques et académiques, et du monde des affaires et du journalisme qui étaient présentes à ce forum international ayant pour thème la « Gouvernance mondiale ».


Directrice de l'Initiative arabe de réforme, implantée à Paris et dans plusieurs capitales arabes, Basma Kodmani a été porte-parole et responsable des relations extérieures du Conseil national syrien. L'association qu'elle préside a des partenaires institutionnels (notamment des centres d'études) dans 17 pays, dont 13 pays arabes. Parfaitement francophone, elle fait partie de l'opposition démocrate libérale et a suivi de près la genèse du mouvement de contestation en Syrie dès ses débuts. « Les signes précurseurs de l'opposition au régime en place à Damas sont apparus avec la Déclaration Damas-Beyrouth (2006), souligne-t-elle d'emblée. Le dossier du Liban a en effet constitué l'un des principaux thèmes de la contestation en Syrie, parallèlement aux problèmes des droits de l'homme, de la répression, des débordements du système sécuritaire et de la corruption. Dès la fin des années 70, les opposants ont dénoncé l'attitude hégémonique et le comportement mafieux du régime syrien au Liban. »


Mme Kodmani a relevé dans ce cadre que le pouvoir a pratiquement conditionné la population syrienne en présentant le Liban comme « un pays vulnérable » qui menace la sécurité de la Syrie face à Israël. « Mais les opposants, affirme-telle, étaient conscients du fait que le pouvoir exploitait en réalité la carte d'Israël pour couvrir les opérations mafieuses dans lesquelles l'establishment était impliqué. »

 

Le rôle du Hezbollah
Abordant le contexte actuel dans lequel évolue la révolution syrienne, Mme Kodmani souligne que l'implication des milices chiites, plus particulièrement du Hezbollah, dans les combats aux côtés des forces d'Assad a largement contribué à donner au conflit une tournure confessionnelle et sectaire. « Aux yeux de la population syrienne, indique Mme Kodmani, ce sont les milices chiites venues de l'extérieur qui permettent au régime criminel de tenir le coup. »
« C'est le Hezbollah, par sa participation aux combats, qui a donné un caractère confessionnel au conflit, affirme Basma Kodmani. Il a été le véritable catalyseur de la tournure sectaire prise par la guerre, alors qu'au départ, l'enjeu du soulèvement était la lutte contre un régime oppresseur, sans distinction d'appartenance communautaire. Cette implication va susciter un ressentiment au sein de la population syrienne, ce qui risque de se répercuter sur la situation des chiites syriens. »

 

Le soutien du 14 Mars
Par contre, Mme Kodmani met l'accent sur l'importance du soutien apporté par le 14 Mars, et plus particulièrement par la composante chrétienne, à la révolution syrienne. « Les Syriens démocrates ont accueilli avec satisfaction l'émergence du mouvement du 14 Mars du fait qu'il s'agit d'un courant civil et non confessionnel. L'appui des chrétiens du 14 Mars à notre soulèvement a été très important pour nous car cela a permis d'ébranler le jeu confessionnel et sectaire joué par le régime. Le fait que les chrétiens du 14 Mars aient compris la nature de la révolution syrienne est vital. D'une manière générale, le courant du 14 Mars représente pour nous l'expression de ce que nous voulons pour la Syrie car le 14 Mars est un mouvement citoyen, civil, pacifique, fondé sur la citoyenneté plurielle. Or, telle est notre aspiration pour la Syrie. »


Mais la Syrie paraît s'éloigner d'un tel schéma avec le renforcement croissant des organisations fondamentalistes et jihadistes. Interrogée à ce propos, Mme Kodmani souligne que les forces sur le terrain peuvent être classées en trois catégories :
-    les groupes démocratiques qui luttent pour une Syrie libérale. L'Armée syrienne libre pourrait être classée dans cette catégorie ;
-    les factions islamistes qui regroupent les organisations fondamentalistes non jihadistes. C'est le cas notamment des Frères musulmans modérés et des salafistes. « Force est de relever, indique Mme Kodmani à ce sujet, qu'à mesure que la guerre gagne en intensité et en férocité, les combattants sur le terrain se radicalisent et adoptent un discours religieux. »
-    la troisième catégorie comprend enfin les jihadistes de l'extérieur dont les chefs, liés à la Qaëda, sont venus de l'étranger.


« Le rapport de force entre ces trois composantes est totalement déséquilibré », souligne Mme Kodmani qui précise que le courant démocratique ne reçoit pas d'aide substantielle alors que les islamistes bénéficient d'une aide fournie par certains pays du Golfe, ainsi que par des réseaux privés et occultes. « Il en résulte que les courants islamistes se sont renforcés et ont pris le dessus sur le terrain au détriment des opposants démocrates,
indique-t-elle. Quant aux forces proches d'el-Qaëda, ajoute Mme Kodmani, elles sont soutenues par des réseaux en Irak et dans le Golfe, sans compter qu'elles ont pris le contrôle des ressources pétrolières au nord-est du pays, surtout à Deir ez-Zor, ce qui leur assure un financement important en vendant le pétrole. Et il faudrait préciser sur ce plan que les organisations jihadistes vendent plus particulièrement le pétrole au régime. »

 

La conférence de Montreux
Dans un tel contexte de rapport de force, quelles sont les perspectives offertes par la conférence de Montreux (ou Genève 2) ? Pour Mme Kodmani, cette conférence de Montreux représente une occasion importante, « même si les résultats ne seront pas spectaculaires à court et moyen terme ». « Le fait que la communauté internationale parraine un processus politique va remettre sur le devant de la scène la mouvance démocratique et va engager aussi dans ce processus politique les groupes armés qui acceptent le principe d'un accord, souligne-t-elle. Ce processus va ainsi induire un tri au niveau de la révolution syrienne. Sur ce plan, les chefs religieux peuvent jouer un rôle important dans le dialogue avec certains groupes armés pour les amener à accepter le processus politique. »


Mme Kodmani souligne dans ce contexte la nécessité d'un « engagement en force de la communauté internationale » au niveau du processus politique préconisé « car cela permettra de marginaliser les extrémistes ». « L'absence d'une action ferme et déterminée de la part de la communauté internationale permet aux radicaux de se renforcer sur le terrain et d'être maîtres du jeu dans certaines zones, affirme Mme Kodmani. Le Russie a un rôle crucial à jouer sur ce plan, à l'instar de l'Iran dans un second temps, au cas où ce pays se repositionnerait sous l'effet de facteurs internes. Le courant représenté par le président Rohani est pragmatique et il pourrait comprendre la nécessité de mener à bien le processus politique. Il faudra aussi que le Hezbollah prenne conscience du fait que son attitude est suicidaire. »


Mme Kodmani précise toutefois que la conférence de Montreux ne saurait se tenir que sur base de Genève 1 qui ne prévoit aucun rôle à Bachar el-Assad durant la période transitoire.
Quant au drame vécu par les centaines de milliers de réfugiés syriens, Mme Kodmani souligne qu'elle comprend parfaitement « l'angoisse des Libanais » à cet égard. Qualifiant de « scandaleux » le manque d'aide de la communauté internationale, elle rend par contre un hommage marqué aux Libanais pour « l'élan de solidarité » qu'ils ont manifesté à l'égard des réfugiés, « tant au niveau du gouvernement qu'au sein de la population », tient-elle à souligner.


Pour conclure son propos, Mme Kodmani met l'accent, dans une perspective d'avenir, sur la nécessité d'une alliance entre les différentes forces démocratiques dans les pays arabes. De quoi couper l'herbe sous les pieds de ceux qui se plaisent à affirmer que le printemps arabe n'est qu'une chimère.

 

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La sixième édition de la « World Policy Conference » qui s'est tenue le week-end dernier à Monaco a été marquée cette année par la participation, entre autres, d'un pôle de l'opposition syrienne, Mme Basma Kodmani, qui figurait parmi les 300 prestigieuses personnalités politiques, diplomatiques et académiques, et du monde des affaires et du journalisme qui étaient présentes à ce...

commentaires (6)

Avec tout notre respect pour Mme Basma Kodmani les groupes démocratiques qui luttent pour une Syrie libérale n'existent ni en Syrie ni dans aucun pays arabe vu que la religion musulmane reste un grand handicap à toute démocratie .

Sabbagha Antoine

14 h 12, le 19 décembre 2013

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Avec tout notre respect pour Mme Basma Kodmani les groupes démocratiques qui luttent pour une Syrie libérale n'existent ni en Syrie ni dans aucun pays arabe vu que la religion musulmane reste un grand handicap à toute démocratie .

    Sabbagha Antoine

    14 h 12, le 19 décembre 2013

  • CERTES, LA DAME DOIT RIGOLER... CAR LES CHRÉTIENS DU QUATORZE MARS, COMME CEUX DU HUIT MARS D'AILLEURS, ONT BESOIN DE QUELQU'UN POUR LES SOUTENIR " LES SUIVISTES "... L'ABRUTISSEMENT N'A JAMAIS SERVI LES "CAUSES" ! À QUAND LE RÉVEIL ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 35, le 19 décembre 2013

  • J'espere que le 14 evanescent n'osera pas lui rendre la pareille en declarant que basma k. est un exemple pour lui !! a moins que les oppositions libano syrienne se complaisent dans le fauteuil de looser . Excusez moi d'etre aussi franc , mais tout ce bla bla pour arriver a dire en conclusion nous iront a Montreux pour accepter que Bashar ne demissionne pas et reconduise le pays la ou on l'a laisse , meme s'il est en friche totale , ca engage quand meme son auteur sur sa responsabilite a avoir voulu embarquer le peuple la ou il se trouve en ce moment par le moyen du mensonge!!. Et comme ca aucun mea culpa , sans etat d'ame cette dame ?? quel culot et sang froid cette syrienne de l'etranger pour l'etranger . Et puis le hezb a ete le dernier a intervenir , bien après les slogans qui disaient , les Xtiens a beyrouth , les alawites au tombeau ! rappelle toi basma , pour l'amour du ciel , tu peux pas etre amnesique a ce point.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 08, le 19 décembre 2013

  • la gouvernance mondiale donc...à partir de Monac'...bon,pourquoi pas? la prochaine conférence sur la liberté se tiendra donc à Pékin,avec annexe à Pyongyang.Celle sur l'égalité des êtres humains à New Delhi. Et celle sur la tolérance religieuse à Djeddah...pourquoi pas,n'est ce pas?Pour la conférence sur la lutte contre les drogues dures,on envisage Medellin..

    GEDEON Christian

    06 h 59, le 19 décembre 2013

  • Mme Basma Kodmani représente l'ensemble des personnalités syriennes qui ont eu et continuent d'avoir conscience des indiscibles crimes commis, durant plus de quarante ans, par la dictature honnie de Damas contre le Liban et les Libanais, tout particulièrement les chrétiens. Parmi ces derniers, seuls les vendus à la botte des moukhabarat "frérotes" ne reconnaissent pas lesdits crimes ignobles.

    Halim Abou Chacra

    05 h 23, le 19 décembre 2013

  • En faisant de son lieu funéraire le berceau de ce Système Sécuritaire nouveau, la Cédraie le força à apparaître sous sa forme pure, dont le but avoué est de perpétuer l'esclavage de la Liberté. L’œil fixé sur cette implacable et invincible Révolution, parce que son existence à elle est la condition de sa survie à lui, force est à cette dictature siamoise libérée de toute entrave, de se muer aussitôt en despotisme terroriste. Une fois le 14 Mars écarté et pourchassé, et la dictature de ce système fakihiste "reconnue" ainsi par la force des faits, force est à certains libanais pas Sains encore assez, à mesure que leur situation devient insupportable et leur opposition à ce régime plus rude, de se rallier de plus en plus à une New Cédraie. De même qu'avant ils ne pouvaient moins faire que de voir dans l'essor de la Cédraie la cause de leur "Misère", maintenant ils la trouvent fatalement dans sa défaite à cette New révolution ! Mais vu qu’une émule à elle a déjà atteint sœur-syrie, ce système rétrograde tant à côté qu’ici devient en fait la première victime de cette Nouvelle révolution. Sa Victoire tant au Liban qu’en Syrie empêchera cette "Malsanité" d'affermir sa domination et de faire faire halte aux Sains Syriens et Libanais ; mi-satisfaits ; à leur stade-ci d’évolution certes tout jeune vers la Liberté mais si moderne et si éclairé. "C’est Ici qu’est la Rose. C’est Ici qu’il faut Danser !".

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 52, le 19 décembre 2013

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