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Moyen Orient et Monde - Égypte

Modestes manifestations islamistes violemment dispersées

Le nouveau pouvoir déterminé à museler toute contestation, y compris laïque.

Des policiers en civil arrêtent un jeune manifestant islamiste, hier au Caire. Mahmoud Khaled/AFP

Les forces de l'ordre égyptiennes ont dispersé hier des manifestants islamistes, arguant que leurs défilés ne respectaient pas une loi récente dont les militants laïcs ont également fait les frais avec l'arrestation d'une de leurs figures.
Le nouveau pouvoir, engagé depuis le début de l'été dans une répression extrêmement meurtrière des partisans du président islamiste Mohammad Morsi destitué par l'armée, disperse depuis plusieurs jours par la force toutes les manifestations n'ayant pas obtenu l'aval du ministère de l'Intérieur, désormais requis par une loi promulguée le 24 novembre. Déterminé à appliquer ce nouveau texte, le ministère avait de nouveau mis en garde jeudi soir « contre l'organisation de tout rassemblement (...) contrevenant à la loi », assurant qu'il ferait preuve de « fermeté ».
Faisant fi de cet avertissement, les islamistes, avec à leur tête la confrérie de M. Morsi, les Frères musulmans, ont manifesté hier à travers le pays, sans toutefois parvenir à mobiliser un grand nombre, au lendemain de la mort d'un étudiant lors de la dispersion par la police d'un rassemblement similaire à l'Université du Caire. Dans la capitale, policiers et soldats ont dispersé des centaines d'entre eux devant un des palais présidentiels du Caire. Un journaliste sur place a entendu des tirs et rapporté que l'air était saturé de gaz lacrymogène, tandis que des manifestants jetaient des pierres sur les forces de l'ordre. La police a également tiré des grenades lacrymogènes sur des cortèges, de taille modeste, ailleurs au Caire, à Alexandrie, ainsi qu'à Suez, Qena et el-Mahalla, selon les services de sécurité. Selon un haut responsable du ministère de l'Intérieur, 60 personnes ont été arrêtées à travers le pays en marge de ces manifestations.

Alaa Abdel Fattah
Ce premier vendredi depuis la promulgation de la loi sur les manifestations, qui a déclenché une levée de boucliers parmi les défenseurs des droits de l'homme, constituait une journée test. Après les pro-Morsi, dont la répression lancée début juillet avec l'éviction de M. Morsi s'est soldée par la mort de plus d'un millier de personnes, les forces de l'ordre ont désormais ouvert un nouveau front en s'en prenant aux mouvements laïcs de la jeunesse, fer de lance de la révolte populaire qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir début 2011. Mardi, elles ont dispersé deux cortèges à coups de canons à eau et de grenades lacrymogènes et ont arrêté une soixantaine de militants, dont une quinzaine de jeunes femmes relâchées sur une route désertique en dehors du Caire.
Et jeudi soir, elles ont arrêté à son domicile Alaa Abdel Fattah, l'une des figures de proue du mouvement laïc prodémocratie, déjà arrêté sous M. Moubarak puis sous l'intérim des militaires à sa suite. Son épouse a affirmé sur Twitter avoir été « frappée » lors de cette interpellation. Hier après-midi, M. Abdel Fattah a subi un premier interrogatoire, ont rapporté des sources judiciaires, précisant qu'il était accusé d'avoir organisé une « manifestation illégale », « provoqué une émeute, frappé un officier de police et volé son émetteur radio ». Le militant a ensuite été placé en détention pour quatre jours dans le cadre de l'enquête. Un autre militant célèbre, Ahmad Maher, fondateur du mouvement du 6-Avril à la pointe de la révolte de 2011, est également recherché et accusé d'avoir organisé une manifestation sans avoir prévenu les autorités trois jours auparavant comme le prévoit le nouveau texte.
Revenant sur la dispersion des manifestations de mardi, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) a affirmé avoir recensé plusieurs cas d'arrestation, de détention et de manifestants tabassés. En outre, la FIDH fait état de « harcèlement sexuel sur des femmes et des hommes » manifestant.

Heurts confessionnels
Parallèlement à ces événements, un musulman a été tué et deux maisons appartenant à des coptes ont été incendiées lors d'accrochages entre chrétiens et musulmans dans un village de Haute-Égypte. Ces incidents sont survenus après la découverte d'une relation entre un chrétien et une musulmane, a rapporté hier l'agence MENA. Des armes à feu ont été utilisées dans ces heurts qui ont débuté jeudi soir dans le secteur de Deir Mouass, dans la province de Minya, et ont repris hier après-midi. L'existence de jeunes couples mixtes a déjà souvent provoqué des affrontements en Égypte, en particulier en Haute-Égypte où vit une importante communauté copte.

(Source : AFP)

Les forces de l'ordre égyptiennes ont dispersé hier des manifestants islamistes, arguant que leurs défilés ne respectaient pas une loi récente dont les militants laïcs ont également fait les frais avec l'arrestation d'une de leurs figures.Le nouveau pouvoir, engagé depuis le début de l'été dans une répression extrêmement meurtrière des partisans du président islamiste Mohammad...

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