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Liban - Élections estudiantines

14 et 8 Mars se partagent l'USJ, les indépendants dénoncent le climat...

Les indépendants dénoncent « une politisation souillée par le confessionnalisme ».

À l’intérieur du campus de Huvelin, la liesse de la victoire des Forces libanaises et du 14 Mars.

Les élections à l’Université Saint-Joseph concentrent, dans leur processus, les éléments d’un malaise estudiantin qui se prolonge sans prise de conscience, presque délibérément. Le campus des sciences sociales, rue Huvelin, est celui qui a vécu la plus grande tension électorale.


L’élection d’office du 14 Mars à la faculté de droit et à la faculté des sciences politiques (seule la deuxième année a élu ses délégués, pour un résultat final de quatre sièges pour les indépendants et quatre pour le 8 Mars) ont décongestionné l’atmosphère, canalisant l’énergie de la bataille vers la faculté de gestion, la plus importante en nombre, et qui s’est achevée par la victoire du 14 Mars, remportant neuf sièges, y compris la présidence, contre six pour le 8 Mars.


Si les divisions politiques traditionnelles déteignent sur les propos recueillis auprès des étudiants pendant la journée, la principale confrontation aura eu lieu en réalité entre les Forces libanaises et le Hezbollah. C’est en tout cas ainsi que la bataille a été présentée par les délégués de l’un et de l’autre parti : les FL veulent mettre un terme à des actes de « provocation », tandis que le Hezbollah se bat contre des « exagérations à caractère confessionnel ».

 

Provocations
« Notre bataille est avec le Hezbollah », lance à L’Orient-Le Jour Mounir Tanjar, candidat des FL à la présidence de l’amicale de gestion, revenant sur certains faits qui avaient accompagné la large victoire du tandem CPL-Hezbollah il y a deux ans. Le drapeau iranien avait été par exemple dressé au-dessus d’un portrait de Bachir Gemayel dans le hall de la faculté – une bévue individuelle dont les responsables se sont excusés, expliqueront des étudiants du 8 Mars à L’OLJ.


Mais pour le candidat des FL, « le jour où le Hezbollah a écrit sur Facebook, au lendemain de sa victoire, que le campus de Bachir a donné son appui à la Résistance, il a révélé ses vraies intentions d’imposer ses couleurs ». En plus des « menaces explicites proférées dans le parking sur le mode “ton sang est halal” à la responsable des FL en droit, des pneus crevés d’autres partisans du 14 Mars, et des tenues provocatrices le jour de la Achoura, un noir rehaussé de drapeaux partisans », selon les jeunes du 14 Mars, un incident aura marqué cette année en particulier celui du renvoi de deux étudiants de la faculté de gestion, l’un aouniste, l’autre du Hezbollah, pour avoir tiré des coups de feu en l’air dans les parages du campus simultanément au discours du secrétaire général du parti de Dieu il y a un mois. À leur retour, ils ont été accueillis en grande pompe par leurs camarades, de l’aveu même de ces derniers.


Mais face à ce scénario, le regard est attiré, dans l’arène opposée du campus, par un jeune homme dynamique, revêtant la chemise électorale du 8 Mars, avec, en bandeau, le drapeau libanais sur sa tête. Étudiant en 3e année, Ali Hammoud s’était porté candidat l’année dernière aux élections. Il en est resté indigné de la mise en opposition entre son prénom et celui de son rival, Charbel, de la part du 14 Mars pour dissuader les électeurs chrétiens à élire le candidat du Hezbollah. « Nous avons sacrifié tous nos martyrs, y compris en Syrie, pour le Liban », déclare-t-il, insistant sur son adhésion à la formule libanaise. « Changeons le rituel », est le slogan imprimé sur son tee-shirt.

 

« Indépendant et laïc par trop de politisation »
Entre les deux camps, les aounistes revendiquent une existence autonome qui leur est propre même si c’est aux côtés du Hezbollah, tout en invoquant leur laïcité. « C’est uniquement pour polariser les électeurs chrétiens, surtout en première année, que les FL prétendent que le CPL ne forme plus un bloc de poids à Huvelin », précise discrètement de son côté Marc Khoury, candidat du CPL à la présidence de l’amicale de gestion.


Pourtant, les élections d’office à la faculté de droit, qui ont valu onze sièges au 14 Mars, ont trahi une pénurie de candidats aounistes. Une étudiante aurait même été incitée, par une pure opération de chantage de la part du commandement politique du CPL, selon les sources du 14 Mars, à présenter sa candidature, au risque d’affecter la candidature de son père figurant sur la liste aouniste aux élections du barreau. Mais les listes du 8 Mars n’ont finalement pas pu être complétées en droit, pour des raisons qui varient selon les interprétations de l’un et de l’autre camp, et la bataille n’a pas eu lieu. La nouvelle présidente élue d’office, Sophie Maalouf, déclare à L’OLJ sa disposition à travailler pour réactiver la faculté, indiquant dans la foulée qu’elle aurait préféré mener une bataille en bonne et due forme pour gagner sa place.
Également élu d’office à la présidence de la faculté des sciences politiques, Laurent Zalloum insiste sur son indépendance et sa laïcité, et celles de son second, Anis Boucha, de nationalité algérienne. « Nous avons décidé de recourir à un consensus non pas à cause de la politisation des élections, mais à cause du caractère vil de cette politisation », assure-t-il.

 

Le dégoût des indépendants
Mais ces initiatives d’indépendants laïcs paraissent moins reluisantes ailleurs, comme sur le campus des sciences médicales, où les FL tentent de contrer la victoire quasi coutumière du 8 Mars à l’amicale de la faculté de médecine (hier le 8 Mars l’a encore emporté 9 à 8, avec un siège pour les indépendants, selon le 14 Mars). La faculté de médecine dentaire est revenue d’office au 8 Mars et la pharmacie a été remportée de justesse par le 14 Mars, huit à sept. Parmi les indépendants, identifiables à leur tee-shirt blanc marqué d’un « Erefna! » (nous sommes dégoûtés) en lettres noires saillantes, un jeune étudiant passe à la dérobée près d’un candidat aouniste pour lui murmurer quelques informations hâtives avant de poursuivre sa route... l’image en soi est passible de mille interprétations, comme le sont, pour beaucoup, le qualificatif d’indépendants.


À la faculté des sciences humaines également, une alliance « mixte », arborant le slogan « Nommez votre campagne », se prévaut d’inclure des candidats de toutes les affinités politiques, y compris du 14 Mars, face à une liste appuyée ouvertement par les Forces libanaises et leurs alliés.
Ali Baalbaki, qui travaille pour la liste du 14 Mars, estime que c’est « sous le couvert de l’indépendance » que le 8 Mars a remporté les élections au cours des trois dernières années sur le campus. Pour lui, son camp « ne cherchera jamais à se dissimuler ».
Il aurait d’ailleurs réussi à rallier trois candidats relevant du 8 Mars, mais qui auront préféré à la politique le programme électoral et les rapports personnels.


Les élections à la faculté des lettres se sont achevées par une victoire de la liste des indépendants (le 8 Mars selon les résultats des FL), remportant 11 sièges contre six pour le 14 Mars. À l’Iesav, l’ILO et la faculté des sciences de l’éducation le 14 Mars l’a remporté d’office. Au campus de l’innovation et du sport, la bataille de la faculté des sciences économiques a été remportée de justesse par le 8 Mars, avec huit sièges contre sept. Le 14 Mars a pu reprendre néanmoins pour la première fois depuis plusieurs années, avec les indépendants, la faculté de génie à Mar Roukoz.


Au total à Beyrouth, douze facultés reviennent au 14 Mars, sept au Hezbollah et quatre aux indépendants, selon les chiffres des FL repris par l’Agence nationale d’information.
Sur les campus du Nord et de la Békaa, la victoire du 14 Mars a été quasi générale. Au Sud, c’est le 8 Mars qui l’a évidemment remporté.

 

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Les élections à l’Université Saint-Joseph concentrent, dans leur processus, les éléments d’un malaise estudiantin qui se prolonge sans prise de conscience, presque délibérément. Le campus des sciences sociales, rue Huvelin, est celui qui a vécu la plus grande tension électorale.
L’élection...

commentaires (2)

DE LA FOUTAISE TOUTES CES VICTOIRES ! BIEN QUE NON QUALIFIÉES DE DIVINES PAR LES UNS NI PAR LES AUTRES !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 29, le 23 novembre 2013

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Commentaires (2)

  • DE LA FOUTAISE TOUTES CES VICTOIRES ! BIEN QUE NON QUALIFIÉES DE DIVINES PAR LES UNS NI PAR LES AUTRES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 29, le 23 novembre 2013

  • Avec une telle mentalité on conduit nos jeunes étudiants en les manipulant ainsi à une nouvelle guerre confessionnelle pire que 1975 mais aussi sans aucun but .

    Sabbagha Antoine

    15 h 38, le 22 novembre 2013

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