Au lendemain du double attentat de Bir Hassan, les enquêteurs continuaient d’examiner le site de la tragédie, près de l’ambassade d’Iran. La plaque d’immatriculation de la voiture piégée, dont il ne reste aucune trace de moteur ni d’embrayage, aurait été identifiée. En outre, le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, a adressé une lettre à l’ambassade d’Iran pour l’obtention des bandes des caméras de surveillance.
Par ailleurs, le bilan des victimes s’est élevé de 23 à 25 morts, et l’armée a appelé les proches des personnes portées disparues à effectuer un test d’ADN à l’hôpital universitaire Rafic Hariri, à Bir Hassan, afin d’identifier les restes humains.
Enveloppée de noir, la banlieue sud a enterré plusieurs victimes dans une atmosphère d’émotion et de choc, alors qu’affluaient, au siège de l’ambassade d’Iran, des délégations venues présenter leurs condoléances au vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, arrivé hier à Beyrouth à cette fin, et à l’ambassadeur d’Iran Ghadanfar Rokon Abadi.
Le corps de l’attaché culturel de l’ambassade, cheikh Ibrahim Ansari, tué dans l’attentat, a été transporté au siège de l’ambassade, en attendant son rapatriement.
Parmi les politiques et délégations qui ont afflué au siège de l’ambassade pour présenter leurs condoléances, on cite notamment : l’ancien président de la République Émile Lahoud et son fils, l’ancien président de la Chambre Hussein Husseini, les ministres sortants Mohammad Fneich, Ali Kanso, Hussein Hajj Hassan, l’ancien ministre Abdel Rahim Mrad, une délégation du mouvement Amal, Mohammad Hassan Amine, Karim Pakradouni, le président de l’ordre de la presse, Mohammad Baalbaki, une délégation d’évêques représentant le catholicos Aram Ier Kéchichian, le nonce apostolique Gabriele Caccia, les ambassadeurs de Russie et de Grande-Bretagne, l’ancien ministre Youssef Saadé.
Le responsable iranien a effectué ensuite une tournée auprès des trois présidences.
Il s’est d’abord rendu à Baabda en début d’après-midi, où il s’est entretenu avec le chef de l’État Michel Sleiman, qu’il a remercié pour les directives strictes adressées aux services de sécurité visant à élucider au plus vite les circonstances du double attentat-suicide. Il lui a fait part également de la teneur des négociations sur le nucléaire iranien à Genève.
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« Nous couvons l’axe de la résistance »
Hossein Amir-Abdollahian a ensuite été reçu à Aïn el-Tiné par le président de la Chambre Nabih Berry, en présence du ministre sortant de la Santé Ali Hassan Khalil. S’exprimant à l’issue de cette rencontre, qu’il a qualifiée « d’extrêmement importante », le responsable iranien a exprimé ses condoléances « aux proches des martyrs tués dans l’attentat terroriste lâche contre l’ambassade ». « En dépit de cet acte d’une criminalité vile, nous réaffirmons que nous couvons l’axe de la résistance et celui de la moumana’a. Nous maintenons notre coopération soutenue avec les différents États de la région pour affronter la pensée takfiriste terroriste injuste et extrémiste, a-t-il déclaré. Nous considérons que la sécurité est un concept entier et indivisible : la sécurité du Liban dépend de celle de l’Iran », a-t-il ajouté, affirmant que « nous ne permettrons en aucun cas aux forces terroristes takfiris et fondamentalistes, menées par l’entité sioniste, de tendre sa main criminelle une nouvelle fois et de menacer la sécurité de pays amis et alliés, à leur tête la République libanaise sœur ». Par ailleurs, il a précisé avoir évoqué avec le président de la Chambre, « d’une manière exhaustive, tout ce qui a trait au dossier du nucléaire iranien ».
Dans ce contexte, les députés ayant pris part ensuite à la rencontre hebdomadaire de Aïn el-Tiné ont rapporté la mise en garde du président Berry contre « le plan d’irakisation du Liban ». « L’attentat porte un dangereux message contre la stabilité du Liban et la sécurité des Libanais », selon lui.
Journée de deuil national
La tournée de l’adjoint du chef de la diplomatie iranienne a inclus par ailleurs un passage à Mousseitbé, au domicile du Premier ministre désigné Tammam Salam, avant de s’achever au Grand Sérail par un entretien avec le Premier ministre sortant Nagib Mikati.
Rappelons par ailleurs que M. Mikati a décrété une journée de deuil national, aujourd’hui, en hommage aux victimes du double attentat-suicide. Le travail sera suspendu entre onze heures et midi dans toutes les institutions publiques.
Le président du Conseil supérieur de la magistrature, le juge Jean Fahed, a adressé hier une lettre à tous les présidents de tribunal, leur enjoignant d’observer l’heure de deuil prévue. La Fédération du transport aérien a adressé un appel similaire à tous les employés et journaliers du secteur.
En outre, l’ordre des dentistes a stigmatisé le double attentat « barbare ». Le syndicat des maquettistes et réalisateurs artistiques a estimé que ce drame, « en dépit de sa laideur, doit être une leçon aux Libanais et devrait les inciter à faire preuve d’unité ». « L’union est la seule réponse au crime », a ajouté le syndicat.
« La meilleure initiative iranienne possible... »
Les déclarations et condamnations émanant d’États de la région (notamment le gouvernement jordanien et le ministère turc des Affaires étrangères) se sont poursuivies hier, ainsi que les réactions de parties libanaises.
Pour le député du bloc du Futur, Ammar Houri, c’est finalement « le Hezbollah qui a offert des billets d’entrée à des parties étrangères ». « La meilleure initiative que l’Iran puisse prendre est de décider du retrait des combattants du Hezbollah de Syrie », a-t-il souligné.
S’alignant quelque peu sur cette position, le député du bloc du Changement et de la Réforme Nehmetallah Abi Nasr a estimé que le double attentat de Bir Hassan est dû au « non-respect de la politique de distanciation ». La Ligue maronite a également dénoncé le double attentat.
Enfin, le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabban, est entré en contact avec les présidents Sleiman et Berry, les appelant à éviter tout « dérapage dans les guerres régionales ».
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ET LA VICE VERSA POURRAIT ÊTRE AUSSI LE CAS !
LA LIBRE EXPRESSION
12 h 40, le 22 novembre 2013