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Liban - La situation

Les nouvelles orientations régionales modifient la donne

Un fameux dicton libanais dit à peu près ceci : « Il tue sa victime et va à ses funérailles. » D’aucuns pourraient appliquer ce dicton aux propos tenus hier par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans lesquels il déplorait que l’on ait manqué, ces dernières années, l’occasion qui s’était présentée de boucler des contentieux entre le Liban et la Syrie, en particulier celui des « disparus » libanais.


Tout d’abord, il convient naturellement de préciser, comme l’a fait par la suite le député Samy Gemayel, que c’est aussi de « kidnappés » et de « prisonniers des geôles syriennes » qu’il aurait fallu parler et non seulement de « disparus ».
D’autre part, il est utile de rappeler que si ce dossier et les autres questions litigieuses entre les deux pays restent aujourd’hui en suspens, c’est bien en raison de la mauvaise grâce dont la Syrie et ses alliés au Liban ont fait preuve jusqu’ici sur tous ces points, face aux demandes légitimes formulées par les gouvernements libanais successifs entre 2005 et 2011.


Mais ces considérations sont loin de l’essentiel. Ce qui compte réellement dans ces propos du secrétaire général du Hezb, c’est que nous sommes en présence d’une première historique. Jamais jusqu’ici Hassan Nasrallah n’avait aussi ouvertement admis l’existence de contentieux entre Beyrouth et Damas. Jamais il n’avait osé ce parallèle qu’il a fait explicitement entre le contentieux avec Israël d’un côté et celui avec la Syrie de l’autre, le rajout des qualificatifs « ennemi » au premier et « frère » au second ne modifiant pas grand-chose sur le plan de la complexité intrinsèque de ces contentieux.


Il y a donc chez le Hezbollah une évolution claire dans son approche à l’égard des rapports libano-syriens, allant dans un sens souverainiste, et cela mérite naturellement d’être relevé. Cette évolution est d’autant plus remarquable qu’elle survient à l’heure où le Hezb demeure ouvertement impliqué dans la guerre en Syrie.


Sauf que sur ce point aussi, une orientation nouvelle paraît en gestation. Voilà des semaines, en effet, que dans les milieux proches du Hezbollah et du régime syrien, on se livre à un tapage médiatique quasi quotidien sur la désormais fameuse « prochaine bataille » de Qalamoun, censée dégager la région frontalière syro-libanaise du dernier réduit qu’y conserve l’opposition syrienne, en face du secteur de Ersal au Liban.


Subitement, hier, Hassan Nasrallah choisit de ne dire absolument rien sur ce point et de mettre l’accent de façon inhabituelle – ou plus que d’habitude, pour être plus exact – sur la nécessité d’une solution politique en Syrie, solution à laquelle il n’y a plus, selon lui, qu’un seul État qui s’oppose, l’Arabie saoudite.


Si l’on ajoute à ces raretés une troisième, plus remarquable encore que les précédentes, et qui est que le secrétaire général du Hezbollah s’est abstenu cette fois-ci de critiquer les États-Unis, on a une idée plus ou moins claire de l’évolution globale qui est en train de s’opérer à l’heure actuelle dans la région.

 


Le gouvernement
Partant de tout ce qui précède et s’inscrivant d’ores et déjà dans la perspective de l’après-Genève 2 – à condition toutefois que la conférence, prévue le 23 novembre, puisse effectivement se tenir – le secrétaire général en a tiré les conséquences sur le plan intérieur et a abreuvé le 14 Mars de conseils : rien ne sert désormais de miser sur la politique d’un « État en colère » (l’Arabie saoudite) contre le reste de la planète, il faut revenir à la raison et accepter les compromis qui se dessinent.


Et d’affirmer que le Hezbollah est lui-même allé vers un compromis en se ralliant à la formule gouvernementale des « 9/9/6 » (neuf ministres pour le 14 Mars, neuf pour le 8 Mars et six pour les centristes), alors qu’il plaidait initialement pour la représentation des blocs en fonction de leur poids à la Chambre.


Certes, on ne peut pas vraiment parler de véritable concession ici, dans la mesure où l’objectif du Hezbollah, qui est d’obtenir pour son camp le tiers de blocage au sein du cabinet, est assuré dans les deux cas. En réalité, à en croire des sources bien informées, Hassan Nasrallah s’efforce de parer par avance à toute velléité du camp adverse de négocier son acceptation de la « 9/9/6 ».


À ce sujet, on apprend justement qu’une partie du 14 Mars se montre désormais favorable à cette formule. Cette partie estime que dans l’état actuel des choses et vu l’évolution de la situation en Syrie, il vaudrait mieux pour l’alliance de se retrouver « dedans » plutôt que « dehors », même si les conditions d’entrée au gouvernement ne sont pas idéales.
D’autre part, la même partie essaie de monnayer son acceptation de la formule évoquée. Des médiateurs auraient déjà proposé au 8 Mars de choisir entre les deux possibilités suivantes : 1 – « 9/9/6 », déclaration de Baabda et alternance des portefeuilles ; ou bien : 2 – « 8/8/8 » et triptyque « armée-peuple-résistance ».


Bien sûr, on est encore loin du compte. Plusieurs paramètres sont en jeu et il s’agit que tous passent au vert : d’abord, il faudra entraîner l’adhésion de la partie restante du 14 Mars, toujours attachée à l’idée d’un gouvernement plus ou moins neutre. Ensuite, on devra s’assurer de la bienveillance du Premier ministre désigné, Tammam Salam, qui a jusqu’ici signifié constamment son refus d’octroyer à quiconque le tiers de blocage. Et surtout, il faudra que Genève 2 ait lieu pour que le nouvel équilibre appelé à régir dans les prochaines années l’ordre régional, et donc libanais, puisse être traduit dans les faits.


Dans l’intervalle, on continue à piétiner, l’ambiance reste à la morosité et l’armée se déploie pour la énième fois à Tripoli.

 

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Un fameux dicton libanais dit à peu près ceci : « Il tue sa victime et va à ses funérailles. » D’aucuns pourraient appliquer ce dicton aux propos tenus hier par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans lesquels il déplorait que l’on ait manqué, ces dernières années, l’occasion qui s’était présentée de boucler des contentieux entre le Liban et la Syrie,...

commentaires (2)

PAS D'ORIENTATIONS FIXES RÉGIONALES MAIS DES CONNERIES... CAPRICES DES MOMENTS... QUI CHANGERAIENT COMME CHANGE LE TEMPS... ET LA DONNE ROULE COMME UNE BALLE DE TENNIS SUR LES TERRAINS MOUVEMENTÉS ET AU GRÉ DES VENTS !

SAKR LOUBNAN

17 h 29, le 29 octobre 2013

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Commentaires (2)

  • PAS D'ORIENTATIONS FIXES RÉGIONALES MAIS DES CONNERIES... CAPRICES DES MOMENTS... QUI CHANGERAIENT COMME CHANGE LE TEMPS... ET LA DONNE ROULE COMME UNE BALLE DE TENNIS SUR LES TERRAINS MOUVEMENTÉS ET AU GRÉ DES VENTS !

    SAKR LOUBNAN

    17 h 29, le 29 octobre 2013

  • S'il faudra attendre que Genève 2 ait lieu pour que le nouvel équilibre se réalise alors rêvons encore un an en plus pour voir un nouveau gouvernement . Nazira.A. Sabbagha

    Sabbagha A. Nazira

    15 h 58, le 29 octobre 2013

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