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Sport

Michel de Chadarévian : « Les Jeux de Nice n’étaient pas à la hauteur de nos espérances »

Michel de Chadarévian (à gauche) remet au maire de Nice, Christian Estrosi, un souvenir du Liban.

On ne présente plus Michel de Chadarévian. Ce touche-à-tout (assurances, politique, sport...) s’était illustré en 2009 à l’occasion des Jeux francophones qui se sont déroulés à Beyrouth, dont il était le coordinateur général. Il a été élu en mai dernier président de la Francophonie pongiste internationale. Aux Jeux de Nice, il accompagnait notre délégation nationale dans le cadre de sa fonction de coordinateur et de responsable du dossier du Liban.

L’Orient-Le Jour : Michel de Chadarévian, quel regard portez-vous sur les derniers Jeux de la francophonie de Nice ?
Michel de Chadarévian : Les Jeux de Nice n’étaient pas du tout à la hauteur de nos espérances, surtout du point de vue organisation. Vous savez très bien que les Jeux de la francophonie allaient êtres abolis avant l’édition de Beyrouth de 2009, vu que l’organisation de tels Jeux nécessite un financement et que les pays donateurs ou organisateurs ne peuvent pas tous subvenir à cela, et ce n’est que grâce à l’insistance du président Abdou Diouf et à la persévérance du CNJF (Comité national des Jeux de la francophonie, NDLR) que le Liban a pu continuer dans l’organisation de ces Jeux malgré la situation politique qui prévalait en 2009. Nous recevions constamment les services de renseignements de France, du Canada et d’autres pays pour s’enquérir de la sécurité de leur délégation (lieu d’hébergement, transport, chemin à prendre d’un site à l’autre, etc.). Et c’est alors qu’une décision a été prise stipulant qu’il fallait attendre la fin des Jeux de Beyrouth ; si les Jeux réussissent, ils continueront, sinon, ils s’arrêteront avec regrets.

Quelles sont les principales différences avec les Jeux de Beyrouth ?
La différence majeure entre les Jeux de Nice et ceux de Beyrouth était dans l’organisation (hébergement, restauration, transports, communications, etc.), car dans le déroulement des Jeux et des compétitions, ce sont les délégués techniques des fédérations internationales qui sont en charge de superviser les compétitions pour qu’elles soient en règle avec les normes internationales ; donc dans ce domaine, aucun pays ne peut faire foirer les Jeux.
1 500 participants étaient hébergés à bord du ferry El Venizélos qui est arrivé à Nice en même temps que les délégations qui étaient censées y loger (dont la délégation libanaise). Par conséquent, ils n’ont pas eu le temps de nettoyer les cabines d’une superficie de 4m2 (salle de bains incluse) qui étaient supposées recevoir deux passagers chacune. Imaginez-vous 2 cyclistes par exemple logeant dans la cabine avec leurs valises et leurs... vélos, en plus du matériel ! Et cela s’applique à tous les membres de la délégation, toutes disciplines confondues. De plus, l’hygiène et la propreté laissaient à désirer vu que l’équipage de bord ne pouvait pas nettoyer les cabines chaque jour, ni même changer les serviettes, ni procurer les savons, shampoings et autres d’une façon continue. Ce qui a engendré la colère de beaucoup de délégations, y compris celle de la France.
Les autres délégations qui n’étaient pas logées à bord du bateau étaient reparties dans des maisons universitaires éloignées de 10, 15 ou 25 km de Nice, ce qui a provoqué un problème de transport dans la mesure où les navettes étaient presque inexistantes, et cela s’applique aussi à ceux qui logeaient au port, la seule différence étant que la distance à pied entre le bateau et le plus proche site de compétition était de 30 mn.
La communication était presque inexistante et aucun bénévole ne pouvait répondre à une question sur le déroulement des Jeux ou autres.
Concernant la restauration, les deux premiers jours sur le bateau, la nourriture était infecte. Au petit déjeuner, chacun avait droit à un croissant brûlé, un café, un petit sachet de confiture ainsi qu’un petit sachet de beurre, ce qui était inacceptable pour des sportifs qui avaient à concourir. Après ces 2 jours, nous avons eu droit à un œuf dur en plus et à un jus d’orange, mais c’était sans compter que les heures d’ouverture du restaurant pour servir le petit déjeuner (de 6h à 9h) étaient insuffisantes pour permettre à 1 500 personnes de défiler devant le comptoir afin de « remplir » chacun son plateau. Idem pour le déjeuner et le dîner.
Mais je ne peux en parlant de l’hébergement omettre de remercier Mme Véronique Versieux, responsable de l’hébergement au sein du CNJF, qui se dépensait sans compter 24h/24 afin de pouvoir aplanir tous les problèmes auxquels nous faisions face.

À votre avis, qu’est-ce qui a manqué à la réussite des Jeux de Nice ?
Je pense que la motivation n’y était pas dans l’organisation, je compare avec Beyrouth. Le CNJF de Beyrouth était en alerte depuis sa nomination, ses bureaux au palais de l’Unesco ne fermaient pas leurs portes 24h/24 tous les jours de la semaine sans exception. À Nice, les bureaux fermaient à 17h, comme si ils étaient en période normale et que les Jeux ne se déroulaient pas dans la ville. Quand il y avait un problème et qu’on en faisait part à quelqu’un de l’organisation, il ne pouvait pas le régler sans en référer à quelqu’un d’autre, et ainsi de suite, ce qui faisait perdre énormément de temps avant que cela ne soit réglé, si jamais ça l’était.

Est-ce que vous estimez que l’excellente organisation et la motivation de 2009 ont quelque chose à voir avec la bonne performance des Libanais aux Jeux de 2013 ?
Non, pas nécessairement. Nous savions à l’avance que les sportifs libanais ne pouvaient pas se mesurer aux champions français, canadiens, africains, etc., qui sont d’un niveau international. Dans cette édition, nous avions un lanceur français médaillé aux Jeux olympiques de Londres par exemple, et tant d’autres.
Nous avions mis tous nos espoirs dans nos artistes qui représentaient le Liban dans les épreuves culturelles, et d’habitude le Liban n’a des médailles que dans ces disciplines. Effectivement, le Liban a glané 2 médailles d’or dans l’épreuve « Installation Sculpture » avec Pascal Hashem, et dans la « Création numérique » avec le groupe Eye See Experience composé de Mouses Magharian, Kevork Keshishian et Ziad Filfili, et une médaille d’argent dans la discipline chanson avec Elissa Boustany alias Sae Lis et son groupe composé de Karim Khneisser et Raja Fallah.
La surprise a été la 3e médaille d’or, mais cette fois-ci c’était en sport, et plus spécialement dans la discipline du judo où Élias Nassif a battu le champion du Canada en moins de 10 secondes, remporté la 1re place dans sa catégorie et donné la 3e médaille d’or au Liban, ce qui lui a permis de se hisser à la 11e place dans le tableau des médailles sur 55 pays.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Je remercie tout d’abord le président de la République, le général Michel Sleiman, sans qui la délégation n’aurait pu se rendre à Nice car le budget alloué était, une semaine avant le départ, toujours bloqué au ministère des Finances.
En tant que responsable du dossier du Liban, je tiens à exprimer ma gratitude au président de la République, au vice-Premier ministre Samir Mokbel, au ministre Gaby Layoun ainsi qu’au reste de la délégation officielle pour avoir rendu visite à la délégation du Liban à bord du bateau, afin de l’encourager à bien représenter le Liban, ainsi que pour leur présence, mais cette fois en compagnie de la Première dame Mme Wafa’ Sleiman, au village des partenaires pour visiter le stand du Liban que Mme Lynn Tehini Kassatly, responsable de la communication, avait réussi à monter de toutes pièces à la dernière minute, et qui concurrençait le reste des stands des pays participants.

 

Propos recueillis par M.H.

On ne présente plus Michel de Chadarévian. Ce touche-à-tout (assurances, politique, sport...) s’était illustré en 2009 à l’occasion des Jeux francophones qui se sont déroulés à Beyrouth, dont il était le coordinateur général. Il a été élu en mai dernier président de la Francophonie pongiste internationale. Aux Jeux de Nice, il accompagnait notre délégation nationale dans le...

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