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À La Une - Liban

Sleiman hausse le ton : Nul ne peut « isoler » le président

Syrie, déclaration de Baabda, gouvernement, sécurité privée, etc. : le chef de l’État tape du poing sur la table.

Le chef de l’État prononçant son discours.

Le président de la République, Michel Sleiman, a abandonné hier soir sa réserve habituelle, le temps d’un discours prononcé à Jbeil, dans lequel il a livré ses constantes sur un ton nettement plus élevé que lors de ses précédentes interventions.


M. Sleiman prenait part à une cérémonie organisée sous son parrainage pour l’inauguration des vitrines des souks de Byblos. Des ministres, des députés et de nombreuses personnalités étaient présents à la cérémonie.
Le pays « traverse une période de difficultés et de troubles », a constaté le chef de l’État. « La région arabe est toute entière troublée. La discorde est importée au Liban par le biais des attentats et des autres incidents qui passent de région en région. Mais elle l’est aussi par le biais du sabotage des échéances constitutionnelles et la paralysie de la vie économique », a-t-il ajouté.


Pour lui, « la réponse à ces tentatives réside d’abord dans la solidarité avec les victimes, puis dans le renforcement de l’unité nationale, la mise en place d’un gouvernement de rassemblement et le respect de la déclaration de Baabda, et enfin dans la participation à la table de dialogue pour mettre en œuvre cette déclaration ».
« Le déni à l’égard de la déclaration de Baabda est déplacé. Ce texte est une application du document de Taëf, voire une mise en œuvre de la Constitution libanaise. Il incarne le renouvellement de l’engagement des Libanais vis-à-vis du pacte national de 1943 et du document d’entente nationale de Taëf », a poursuivi M. Sleiman, avant de souligner que ce texte avait été « avalisé lorsque les événements venaient de commencer en Syrie et que les premières interventions avaient au lieu, le but étant d’éviter au Liban les retombées de ces événements ».
Il est vrai que Taëf a prévu des « relations privilégiées » entre le Liban et la Syrie, a-t-il admis, mais ces relations privilégiées ne passent pas par le soutien fourni à un camp contre l’autre. Elles doivent concerner tout le peuple syrien. « Voilà pourquoi nous devons nous tenir à l’écart des problèmes en Syrie, voire offrir notre aide pour régler la crise dans ce pays. » De plus, « les relations privilégiées sont édifiées sur le respect entre les États par le biais des gouvernements et non pas par celui des partis politiques », a-t-il lancé.


Et de poursuivre : « Nos constantes (sur la Syrie) sont notoires. Nous sommes pour une solution politique et la non-intervention militaire. Nous condamnons très fortement le bombardement chimique, mais il est du ressort des Nations unies et du Conseil de sécurité de prendre la décision adéquate à cet égard. »
« Nous avons payé pendant des dizaines d’années le prix cher pour notre démocratie, ne payons pas pour la démocratie des autres. Nous devons au contraire être un exemple pour tous. (...) Pourquoi nous entretuer ? Pour perdre notre démocratie ? Je peux vous assurer que cette démocratie fondée sur un pacte est devenue aujourd’hui une nécessité pour le monde plural », a-t-il dit.


Précisant sa pensée, le chef de l’État a ajouté : « Taëf a distribué les prérogatives en respectant la conformité au pacte. De ce fait, aucune partie, aucun pouvoir n’a le droit de s’en prendre aux prérogatives d’un autre pouvoir sous peine de nuire au fondement de Taëf. Or l’une des prérogatives en question touche à la formation du gouvernement par le Premier ministre désigné et le président de la République. Nous voulons un gouvernement qui rassemble. Le Premier ministre désigné a effectué des consultations et a pris connaissance des demandes. La balle se trouve à présent dans son camp et dans celui du président de la République. Saboter la formation du gouvernement n’est pas un acte démocratique et porte atteinte à ces deux pouvoirs. »


Et M. Sleiman d’ouvrir le feu dans tous les sens : « L’essence de la démocratie et l’esprit de la Constitution sont contre la paralysie et le boycottage. Le pouvoir législatif doit légiférer sans s’octroyer lui-même une prorogation de mandat. Le Conseil des ministres ne doit pas geler les affaires des gens sous l’effet des tiraillements en son sein. La sécurité est allouée exclusivement à l’armée et aux forces de l’ordre. Nous ne devons ni mettre la main sur ces services ni, si on n’est pas en mesure de le faire, les insulter, mettre en doute leur allégeance et tuer leurs membres. Nous devons parvenir à une phase de l’unicité des armes de défense de la terre aux mains de l’armée. Il s’agit d’un droit exclusif pour l’armée et les services de sécurité. La sécurité privée n’est pas permise quel que soit le cas. Ses nuisances sont plus grandes que ses bienfaits. Quant à la justice, nous n’avons pas le droit, lorsque celle-ci fait arrêter un suspect, de la menacer, de couper des routes et de faire du grabuge simplement parce qu’un individu a été arrêté. »


Égratignant son ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, M. Sleiman a ajouté : « La politique étrangère est du ressort du président de la République et du gouvernement. Que nul ne tente de mettre le président dans l’embarras ou de l’encercler. » Puis il s’en est pris à ses détracteurs : « J’ai dit qu’on peut boycotter le président, mais nul ne pourra l’isoler. Les menaces et l’intimidation ne changeront pas ses décisions. On peut chercher à m’emprisonner, mais je continuerai à sortir et à me déplacer. Certains, sans être avec moi, ont refusé (les attaques à la roquette contre la présidence). D’autres ont dit qu’il ne fallait même pas attribuer au président l’honneur d’être le destinataire des roquettes. »

 

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