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À La Une - Révolte

Des Kurdes, enlevés par les rebelles syriens, remis aux jihadistes

La Russie veut organiser dès que possible la conférence de paix à Genève.

La carcasse d’un hélicoptère gît sur le tarmac de l’aéroport militaire de Menneg, près de la frontière turque, dont les rebelles syriens se sont emparés hier. Mahmoud Hassano/Reuters

Treize civils kurdes syriens ont été enlevés hier par les rebelles dans la province d’Alep avant d’être remis à des jihadistes qui détiennent désormais en captivité plus de 250 Kurdes dans cette région, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Fin juillet, le Front al-Nosra et l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), deux groupes jihadistes affiliés à el-Qaëda, détenaient plus de 200 civils dans les villages à majorité kurde de Tall Aren et de Tall Hassel, à l’est de la ville d’Alep, selon l’OSDH. Leur sort reste inconnu. Hier, ce sont donc 13 autres Kurdes qui ont été capturés à un barrage des rebelles dans la localité de Sfeira, proche de ces deux villages, et ont été remis aux combattants d’al-Nosra, selon l’Observatoire.


Des combats opposent jihadistes et Kurdes dans plusieurs régions du nord et du nord-est de la Syrie, où les Kurdes aspirent à forger une autonomie. Les combats ont éclaté après que les combattants kurdes ont chassé à la mi-juillet les jihadistes de la ville de Ras al-Aïn, dans la province de Hassaké (Nord-Ouest). Depuis, les affrontements font rage entre les deux bords et les jihadistes multiplient attentats et enlèvements à l’encontre des Kurdes. Samedi, le dirigeant de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a menacé d’intervenir dans le conflit syrien pour protéger la vie des Kurdes syriens.


Dans la région d’Alep, qui échappe en majorité au régime de Bachar el-Assad, les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) sont alliés à ces groupes jihadistes dans leur combat contre le régime. Dans d’autres régions, comme à Idleb, l’alliance est moins solide et des combats ont éclaté au cours des dernières semaines entre ASL et jihadistes. Au début de la révolte en Syrie, les insurgés syriens qui cherchaient désespérément de l’aide face à la puissance de feu de l’armée avaient accueilli à bras ouverts les jihadistes, dotés d’armes sophistiquées et aguerris au combat. Mais cet engouement a laissé progressivement la place au rejet en raison de leur pratique extrême de l’islam et d’arrestations arbitraires. En outre, selon des experts, les pays occidentaux qui soutiennent la rébellion dite modérée, incarnée par l’ASL, font pression sur celle-ci pour qu’elle se démarque des jihadistes. Le n° 2 de la CIA, Michael Morell, a dit craindre que la Syrie ne devienne un nouveau sanctuaire pour el-Qaëda, à l’image de l’Irak.

 

(Pour mémoire : « Les Kurdes ne veulent pas que les forces islamistes dominent leurs régions » )

 


Lattaquié
Hier également, le chef d’état-major de l’ASL, Sélim Idriss, a inspecté le rif de Lattaquié, selon des agences de presse. Toujours dans cette région, selon la chaîne de télévision satellitaire al- Mayadin, l’armée syrienne a repris la majorité de la localité de Cheikh Chakmahi.


Samedi, plus de 30 personnes, en majorité des civils, ont péri dans des raids aériens de l’armée syrienne sur des fiefs rebelles près de Lattaquié et à Raqa, a aussi rapporté l’OSDH.


Dans la province de Lattaquié, bastion de la communauté minoritaire alaouite à laquelle appartient le président Assad, au moins 20 personnes ont péri dans des raids aériens sur la ville rebelle de Salma, principale agglomération de Jabal al-Akrad, région montagneuse surplombant la Méditerranée. Les raids sur Salma interviennent au troisième jour de la contre-offensive lancée par le régime pour repousser l’avancée des rebelles qui se sont emparés la semaine dernière d’une dizaine de villages alaouites situés au sud et au sud-ouest de Salma et près de Qardaha, ville natale de l’ex-président défunt Hafez el-Assad, père de Bachar. « Ces villages sont stratégiques car la plupart se situent sur des collines qui surplombent plusieurs régions de Lattaquié », selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

 

(Lire aussi: Près de Homs, le calvaire des villages sunnites)


Sur un autre front, dans le nord du pays, au moins 13 civils, dont sept enfants, ont péri, et 30 ont été blessés, dans un raid aérien sur la ville de Raqa, encore selon l’OSDH. « L’armée tentait de bombarder des positions de l’EIIL dans la ville, mais a touché des civils. » Et dans l’est du pays, les jihadistes du Front al-Nosra se sont emparés du siège du parti Baas au pouvoir dans la ville de Deir ez-Zor.


Au niveau diplomatique, la Russie a annoncé vouloir, avec les États-Unis, organiser « dès que possible » une conférence de paix à Genève, un projet sans cesse reporté depuis mai. Ainsi, à l’issue d’une rencontre avec son homologue américain John Kerry, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a annoncé vendredi que des diplomates de Moscou, qui soutient M. Assad, et de Washington, qui veut son départ, se verraient à la fin du mois d’août pour discuter de l’organisation de cette conférence sur la Syrie.

 

 

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