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Liban - 1er août

Sleiman : Il est temps que l’État et l’armée soient les décideurs de l’utilisation de nos capacités de défense

Deux points fondamentaux ont été soulevés par le président Michel Sleiman dans son discours traditionnel pour la fête de l’Armée : l’urgence d’une stratégie de défense, à cause de l’implication du Hezbollah en Syrie, et la formation d’un gouvernement neutre, une fois toutes les possibilités de mise en place d’un gouvernement équilibré épuisées.

La tribune officielle.

Comme chaque année, c’est à la caserne Chucri Ghanem de Fayadiyé que la cérémonie marquant l’anniversaire de la fondation de l’armée – le 68e cette année – s’est déroulée, en présence du chef de l’État, Michel Sleiman, du président de la Chambre, Nabih Berry, des deux Premiers ministres démissionnaire, Nagib Mikati, et désigné, Tammam Salam, et de presque toute la République.


Comme l’an dernier, c’est un discours qui dérange – du moins une partie de la classe politique – et dans lequel il a pris soin de mettre un grand nombre de points sur les « i », que le chef de l’État a prononcé. Le président Sleiman n’est pas allé par quatre chemins pour souligner l’impact négatif sur le Liban et sur la mission de l’armée de l’implication du Hezbollah – qu’il n’a cependant pas nommé – dans la guerre en Syrie. C’est devant les députés et les ministres de ce parti qu’il a soulevé ce point et qu’il a insisté sur la nécessité d’examiner et d’approuver sans tarder une stratégie nationale de défense, « une urgence » qu’il a expliquée par « la modification de la fonction principale des armes de la Résistance qui ont dépassé les frontières libanaises ».


« Il est devenu urgent d’étudier et d’adopter une stratégie de défense, étant donné les développements dans la région et la modification de la fonction principale des armes de la Résistance, qui dépassent désormais les frontières, conformément au plan que j’avais présenté au peuple et à la conférence nationale de dialogue. J’avais considéré ce plan comme étant le point de départ d’un débat à ce sujet. Il a été en outre mentionné par le secrétaire général des Nations unies, dans ses derniers rapports à l’ONU, a déclaré M. Sleiman. Partant de notre distinction claire entre la Résistance et le terrorisme, et afin de consolider nos capacités à résister et à défendre le Liban exclusivement, il est temps que l’État, son armée et son haut commandement politique soient les organisateurs essentiels et les décideurs de l’utilisation de ces capacités » (de défense), a-t-il ajouté.


Le président Sleiman a par ailleurs appelé à l’arrêt des attaques contre l’armée. « Une nation sans sécurité n’est pas une nation », a-t-il relevé. « L’armée a besoin du soutien du peuple et de l’État. Mais sa mission devient difficile si elle est laissée seule, à découvert, aux lignes d’avant-garde sur les fronts politiques et sur le terrain, s’il lui faut aussi prendre des décisions et les exécuter à la place des dirigeants et des hommes politiques, dont la capacité à trouver des solutions à des crises, avant qu’elles ne s’exacerbent, est pratiquement gelée », a affirmé le chef de l’État, en insistant sur le fait que les forces régulières « ne peuvent pas combler un vide politique et gouvernemental et ne se sont jamais autorisées à régler, par des moyens militaires, une crise nationale, des divisions communautaires ou une situation explosive générée par un conflit externe dans lequel certains Libanais se sont impliqués, en violation du contrat social auquel ils sont liés et des dispositions de la déclaration de Baabda ».

 

 

Photo Michel Sayegh.


La dualité des armes
 « Il n’est pas permis de laisser l’armée en arriver à se défendre contre des attaques internes au lieu de défendre le pays (...), de lui faire assumer la responsabilité de graves erreurs commises par d’autres et de lui demander des comptes pour quelques erreurs provoquées la plupart du temps à cause de situations délicates et de l’enchevêtrement de certains facteurs », a martelé le président Sleiman. Et de poursuivre : « La mission de l’armée devient également difficile lorsqu’il lui devient impossible de réprimer toute attaque la visant ou visant des individus par crainte de porter atteinte à la dignité ou à l’entité d’un groupe ou d’une communauté, ou encore lorsqu’un groupe ou plus de Libanais s’impliquent dans des conflits en dehors des frontières, ce qui débouche sur une importation des crises extérieures. Celles-ci rendent le pays vulnérable à une guerre par intérim dont le poids est difficilement supportable, même pour les armées des grandes puissances. »


« La mission de l’armée devient difficile, voire impossible, si la dualité entre les armes légales et illégales se poursuit », a asséné le président de la République, avant de s’interroger sur le point de savoir comment la troupe réussira à assumer ses responsabilités, « en cas de flottement pour déterminer son commandement, ou encore si les vides gouvernemental, dû aux obstacles posés à la formation d’une nouvelle équipe ministérielle, et législatif, dû au boycottage, se poursuivent ». Il a expliqué de la sorte le recul de deux ans de la mise à la retraite du commandant et du chef d’état- major de l’armée, approuvé la veille.


Au niveau politique, le président Sleiman s’est prononcé pour l’organisation rapide des élections législatives et la formation d’un gouvernement, après avoir rappelé l’importance des mécanismes démocratiques et de l’alternance au pouvoir.


« La démocratie, dans sa conception la plus élémentaire, est une reconnaissance de l’autre avec ses différences, a déclaré le président Sleiman. Partant, le recours des différentes composantes (politiques) libanaises au veto sur des questions fondamentales en rapport avec la gestion du pays ou encore au boycottage et au jeu des conditions et des contre-conditions est absolument incompréhensible », a souligné le président avant d’annoncer sans ambages qu’il n’est pas question de laisser le pays sans gouvernement et qu’une équipe ministérielle neutre sera formée au cas où une entente autour d’un gouvernement d’« intérêt national, et non pas de partage des parts et des équilibres politiques, s’avère impossible ». « Mon serment et mon devoir constitutionnel m’obligent à éviter d’arriver aux prochaines échéances, et notamment à l’élection présidentielle, sans gouvernement au sein duquel toutes les forces vives de la société seront représentées. Si cela s’avère impossible, un gouvernement neutre sera inévitable. (...) Les délais pour les consultations, les contacts et l’analyse des données sont sur le point d’expirer. Il devient urgent de prendre l’initiative et d’en finir avec l’attentisme institué dans l’espoir d’un changement des équilibres des forces internes et externes ou d’une intervention externe pour l’édification d’une autorité interne », a-t-il dit.

 

 

Photo Michel Sayegh.


La promotion du capitaine martyr Hussam Bou Aram
Pour en revenir à la cérémonie, elle a été marquée par le classique défilé militaire, célébrant comme chaque année l’anniversaire de la fondation de l’armée.
Après avoir déposé une gerbe de fleurs devant le monument aux martyrs des forces régulières, érigé dans la grande cour de l’École militaire, le président Sleiman s’est rendu à la tribune officielle où il a remis les épées aux élèves officiers qui ont achevé leur formation militaire. Ces derniers ont choisi de nommer leur promotion « la promotion du capitaine martyr Hussam Bou Aram ». Après le discours du chef de l’État, différentes unités de l’armée, de la garde républicaine, des Forces de sécurité intérieure, de la Sûreté de l’État, de la Direction des douanes et de la Sûreté générale ont défilé devant la tribune.

 

 

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Comme chaque année, c’est à la caserne Chucri Ghanem de Fayadiyé que la cérémonie marquant l’anniversaire de la fondation de l’armée – le 68e cette année – s’est déroulée, en présence du chef de l’État, Michel Sleiman, du président de la Chambre, Nabih Berry, des deux Premiers ministres démissionnaire, Nagib Mikati, et désigné, Tammam Salam, et de presque toute la...

commentaires (3)

Ah bon ? Et pourquoi seulement maintenant ? !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 14, le 02 août 2013

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Commentaires (3)

  • Ah bon ? Et pourquoi seulement maintenant ? !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 14, le 02 août 2013

  • L'ETAT SEUL GARANT DE TOUS ET POUR TOUS !

    SAKR LOUBNAN

    10 h 28, le 02 août 2013

  • Mais est-ce que notre brave armee, M. le President, est capable d'intervenir localement entre les differentes factions militaires ennemies et, regionalement, contre Israel si ce dernier agresse le Liban? Vous savez bien que non...

    Michele Aoun

    10 h 12, le 02 août 2013

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