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Culture - Exposition

À la galerie Janine Rubeiz, l’été se conjugue au passé recomposé

Les mois de juillet et août ramènent à la galerie Janine Rubeiz un vent de jeunesse et d’innovation. Les murs de la galerie ainsi que les panneaux sous-jacents mêlent en harmonie le travail des jeunes talents et celui des plus confirmés.

« That Summer » de Sandra Issa.

Si le mixed media sur tissu et papier de Sandra Issa annone la couleur, il y a certainement d’autres œuvres qui se démarquent de cet esprit réaliste de guerre omniprésent sur les cimaises de la galerie. En effet, sur un fond rouge sang découpant le ciel bleu, Issa reproduit une sorte de cow-boy enfourchant une mitraillette à pied. Non, il ne s’agit pas d’un film, semble dire That Summer, c’est bien la réalité de la région qui est croquée avec autodérision. De la dérision également mais avec une teinte plus tragique pour l’acrylique de Mohammad Saad. Derrière le corps d’une femme étendue morte sur des falaises rocailleuses grisâtres, surgit un visage de Minnie Mouse. Serait-ce celui de l’enfance ou tout simplement de l’Oncle Sam?

Réalisme et rêverie
Dans une toile en acrylique signée Ahmed Kleige (artiste syrien né à Alep), il n’est plus question d’absurdité ni de rire. À travers un portrait humain, toutes les hideuses sauvageries de la guerre sont condensées dans un regard horrifié. Charles Khoury, habitué de la galerie, se devait d’être présent. Toujours avec ses personnages «totems» qui traversent le temps, un sabre apparent semble pourtant pourfendre la toile. Œuvre esthétique ? Mais aussi œuvre message pour Ara Azad qui utilise les visages humains (pour la plupart de longues figures) comme plateforme de son expression artistique.
Message politique et social également pour Mansour el-Habre qui moque l’électricité du Liban et fustige les responsables dans cette composition électrisante, et d’autre part pour Rim el-Jundi et son Voyage à Gaza. Une réalité croquée par des traits bien soulignés par des couleurs vives. Si pour Dalia Baassiri, l’interaction est grande entre graphic design et art pictural dans ce graphite sur toile, Chafa Ghaddar, elle, dans ce portrait à mi-chemin entre le contemporain et le classique, témoigne de son parcours – études de fresques en Florence après un diplôme à l’ALBA – et de la survie du passéisme à travers les techniques modernes. La modernité est mise aussi en évidence dans le travail de Leila Jabre Jureidini dont les sculptures petit format ainsi que les capsules de bouteilles multicolores avoisinent les Joujou ainsi que les Mouthon révolutionnaires à tête d’ourson d’Alain
Vassoyan.
Modernité aussi chez Afaf Zurayk et ses nus vaporeux qu’on devine à travers des lignes évanescentes presque oniriques. Cette enseignante de beaux-arts à l’AUB et à l’Université libanaise a toujours su confronter mouvement et statisme, lignes et couleurs. Innovation encore pour Laure Ghorayeb qui teinte son travail de couleurs et de brillance, et pour Hannibal Srouji qui, tout en sondant et explorant sa propre technique, ressort avec des images toujours plus neuves, comme ce soleil traversé de nuages.
Dans cet espace lumineux, les œuvres de Ghassan Ghazal et François Sargologo côtoient celles de Zeina Badran, Rima Maroun et Mazen Kerbaj, et expriment la diversité et la liberté artistique. Sans oublier certes cette série d’encre sur papier japonais – en petits formats cette fois – d’Huguette Caland, qui rappelle que l’été peut aussi être doux et... vivant. D’ailleurs, l’artiste a exprimé un jour ce sentiment de vivre sur la toile en disant : «Plus je passe de temps sur une toile ou un papier, plus je me donne l’illusion de prolonger la vie.»
Une douceur qu’on ressent également dans cette déclinaison de bleus azurés dans la série de toiles de Jamil Molaeb. Cet artiste, qui expose en permanence à la galerie Janine Rubeiz, ne s’est jamais limité à un style et, lorsqu’il peint la nature, c’est surtout un espace de paix et d’émotions fortes qu’il reproduit. Ainsi, avec ces baigneurs dans une mer qui se confond avec le ciel, et ce bleu à profusion dont la lumière baigne le regard, Molaeb rappelle que «la misère pourrait être moins pénible au soleil».
Si le mixed media sur tissu et papier de Sandra Issa annone la couleur, il y a certainement d’autres œuvres qui se démarquent de cet esprit réaliste de guerre omniprésent sur les cimaises de la galerie. En effet, sur un fond rouge sang découpant le ciel bleu, Issa reproduit une sorte de cow-boy enfourchant une mitraillette à pied. Non, il ne s’agit pas d’un film, semble dire That...

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